Les papillomavirus sont un ensemble de virus à ADN de la famille des Papillomaviridae. On en dénombre près de 200 et 120 sont susceptibles d’infecter l’homme, 40 auraient un tropisme spécifiquement anogénital (1). Ils sont classés en fonction de leur tropisme et de leur potentiel oncogène (1).
Concernant les HPV à tropisme génitaux, l’infection à HPV est une infection sexuellement transmissible (IST) très fréquente dans la population. L’infection a généralement lieu au début de la vie sexuelle.
Les papillomavirus se transmettent par contact des muqueuses ou de la peau, presque exclusivement lors des rapports sexuels, avec ou sans pénétration (1). D’autres voies de transmissions sont possibles puisqu’ils sont transmissibles par autoinoculation (grattage des verrues), ou encore par voie périnatale (2).
L’infection se manifeste généralement de manière asymptomatique et transitoire (1). Un système immunitaire compétent permettant le plus souvent de se débarrasser du virus en un à deux ans. Environ 70 à 90% des infections évoluent ainsi vers la clairance virale. Dans le cas où le virus persiste, il peut être la cause de maladie.
Dans certains cas, l’infection peut entrainer le développement de condylomes aussi appelés verrues génitales. Les HPV 6 et 11 sont responsables de 90% de ces infections.
Dans environ 10% des cas impliquant les HPV à haut risque oncogène, l’infection persiste et peut entrainer des lésions précancéreuses. Ces lésions précancéreuses peuvent régresser spontanément mais aussi évoluer dans un délai de 10 à 30 ans vers le cancer invasif (1). Les génotypes HPV 16 et 18 sont les HPV à haut-risque les plus fréquemment impliqués dans le cancer du col de l’utérus (environ 70%).
Chaque année, plus de 6 300 nouveaux cas de cancers sont causés en France par les papillomavirus (1).
Ces maladies concernent majoritairement les femmes avec 4 580 nouveaux cas de cancers par an dont :
On dénombre environ 30 000 lésions pré-cancéreuses du col de l’utérus et de 2 500 à 3 000 lésions pré-cancéreuses de la vulve, du vagin et de l’anus chez la femme.
Chez les hommes, l’on observe plus de 1750 nouveaux cas annuels de cancers HPV-induits :
On dénombre environ 130 lésions pré-cancéreuses de l’anus chez l’homme.
A noter que les papillomavirus sont également responsables de plus de 100 000 cas de verrues anogénitales, hommes et femmes confondus.
Le traitement actuel des lésions précancéreuses est le plus souvent chirurgical appelé communément la conisation. Le cancer cervical est lui traité par une combinaison de chirurgie et de radiothérapie avec une chimiothérapie adjuvante, efficace aux stades précoces (1).
Le profil de tolérance de ces vaccins repose sur une surveillance de plus de 10 ans de commercialisation avec plus de 300 millions de doses distribuées dans le monde. Le profil de sécurité des vaccins chez l’homme est similaire à celui observé chez la femme.
La large utilisation de ces vaccins au niveau international, ainsi que les études menées dans de nombreux pays, ont confirmé le profil de sécurité des vaccins anti-HPV et n’ont pas mis en évidence d’éléments remettant en cause leur balance bénéfices-risques. La typologie des effets indésirables post-vaccinaux les plus fréquemment observés est conforme à celle décrite dans les résumés des caractéristiques du produit de ces vaccins au moment de leur mise sur le marché en France. Ils sont comparables à ceux observés avec les autres vaccins.
En France, une étude menée sur près de 2 millions de jeunes filles à partir des données de l’Assurance maladie a confirmé que ces vaccins n'entraînaient pas de surrisque de maladies auto-immunes et de sclérose en plaque. Les signaux identifiés dans cette étude, tels que le risque de syndrome de Guillain-Barré ou de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, ont été investigués et n’ont pas été corroborés par les études comparables menées dans plusieurs pays.
En 2018, tous les pays d’Europe ont introduit la vaccination contre les HPV dans leurs programmes nationaux, soit dans le cadre de recommandations incluant filles et/ou garçons soit uniquement chez les filles. Des couvertures vaccinales supérieures à 60 % sont observées en Autriche, dans la région des Flandres en Belgique, en Espagne, au Portugal, en Finlande, en Hongrie, en Islande, à Malte, en Norvège, en Suède et au Royaume-Uni (1).
Une méta-analyse récente des programmes de vaccination des filles à l’étranger a montré une réduction de 83% des verrues génitales chez les filles âgées de 15 à 19 ans. La même analyse a rapporté une réduction de 51 % des lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les filles âgées de 15 à 19 ans et une réduction de 31 % chez les femmes âgées de 20 à 24 ans (1).
En Australie, la recommandation de vacciner les filles date de 2007 et celle des garçons de 2013. La couverture vaccinale d’au moins 80 % a permis une réduction de plus de 77 % des génotypes responsables de 75 % des cancers du col de l’utérus, et une diminution de plus de 50% de l’incidence des lésions précancéreuses cervicale de haut grade chez les jeunes filles de moins de 20 ans. L’efficacité de la vaccination complète contre les lésions classées CIN2 et CIN3/AIS était respectivement de 30 % et 47,5 % mais elle variait selon le groupe d’âge considéré avec une efficacité maximale de 75 % chez les jeunes femmes âgées de 14 ans ou moins (1).
Dans ce pays, le succès de la campagne de vaccination, associée au dépistage, ouvre la perspective d’une éradication du cancer du col de l’utérus d’ici une quinzaine d’année.
Le dépistage du cancer du col de l’utérus concerne toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans inclus, à l’exception des femmes ayant subi une hystérectomie totale. Les femmes enceintes, les femmes ménopausées et les femmes vaccinées contre les infections à HPV sont incluses dans la population cible (1). Au total, environ 17 millions de femmes sont concernées par le dépistage.
Les modalités de dépistage varient selon l’âge.
Entre 25 et 29 ans, un examen cytologique est réalisé tous les 3 ans après deux premiers tests réalisés à un an d’intervalle et dont les résultats sont normaux (1).
A partir de 30, un test HPV-HR est réalisé 3 ans après le dernier examen cytologique dont le résultat est normal. Un nouveau test HPV-HR est effectué tous les 5 ans jusqu’à l’âge de 65 ans, dès lors que le résultat du test est négatif (1).
L’examen cytologique est l'examen au microscope de cellules du col de l'utérus, à la recherche d’anomalies des cellules. Il détecte d’éventuelles lésions précancéreuses au niveau du col de l’utérus. Il permet de les traiter et ainsi, de prévenir le développement d’un cancer. Si le résultat de ce test est anormal, la présence de virus HPV à haut risque pourra être recherchée, dans certains cas, sur le même prélèvement (1).
Le test HPV-HR détecte la présence du virus HPV dans les cellules du col de l'utérus. Il recherche les virus HPV à haut risque qui peuvent entrainer des anomalies cellulaires et des cancers du col de l’utérus. Si ce test de dépistage HPV est positif, on recherchera la présence d’anomalies des cellules sur le même prélèvement (1).
L’examen cytologique et le test HPV-HR sont réalisés sur un prélèvement cervico-utérin appelé communément « frottis » (1).
La transmission des HPV se fait par contact avec la peau et les muqueuses, le plus souvent lors de rapports sexuels, avec ou sans pénétration. Le préservatif peut limiter le risque d’infection mais n'assure pas une protection efficace (1).
La campagne de vaccination scolaire touchera les élèves de 5ème, c’est-à-dire des jeunes filles et garçons âgés de 12 ans. Ainsi, les enfants, filles et garçons des autres tranches d’âge, de 11 à 14 ans, de 15 à 19 ans, et les hommes jusqu’à 26 ans (1) échapperont à cette campagne vaccinale. Il convient alors de les sensibiliser au vaccin HPV et de leur rappeler que la vaccination en ville est possible.
Des leviers ont été identifiés dans l’article Interventions permettant d’augmenter la couverture vaccinale du vaccin contre les papillomavirus humains (1). Certaines mesures étudiées renvoient à l’hésitation vaccinale et à la manière d’y répondre par le professionnel de santé. Certaines d’entre elles pourraient être appliquées par le pharmacien :
Le consentement libre et éclairé relève de l’obligation pour le praticien et du droit pour l’usager (1). Il n’est possible que par la délivrance d’une information « loyale, claire, appropriée et compréhensible, adaptée aux facultés de compréhension de la personne, quel que soit son degré d’autonomie » (2). Dans le cadre de la vaccination HPV, le consentement du patient et nécessaire. S’il est mineur, il est indispensable de recueillir en plus le consentement du ou des titulaires de l’autorité parentale (3). En cas de litige, ce consentement doit pouvoir être prouvé et cela par tout moyen (2)
Depuis le 10 août 2023, les pharmaciens d’officine peuvent prescrire et administrer, entre autres, le vaccin contre les infections à HPV aux personnes âgées de onze ans et plus. Les étudiants en troisième cycle des études pharmaceutiques peuvent également administrer, sous la supervision d’un maître de stage, le vaccin contre les infections à HPV aux personnes âgées de onze ans et plus (1).
Sont concernés par la vaccination en officine, tous les patients éligibles de plus de 11 ans (1).
Tous les élèves de 5ème, garçons et filles volontaires, avec l’autorisation des parents, pourront se faire vacciner gratuitement dès la rentrée 2023 (1). Cette mesure concernera jusqu’à 800 000 élèves par an (2).
Malgré la recommandation en 2007 du vaccin HPV chez les filles de 11 à 14 ans et chez les garçon depuis janvier 2021, la couverture vaccinale (1) était très loin d’atteindre les objectifs de 60% fixés par le Plan Cancer 2014-2019 (2). En effet, en 2018, on estime que chez les jeunes filles ce taux était de 29% pour une dose et de 24% pour le schéma complet (2). En 2022, seulement 41.5% des filles et 8.5% des garçons présentaient un schéma vaccinal complet (3).
Ainsi, dans un contexte de couverture vaccinale basse, l’objectif de cette campagne de vaccination scolaire est de permettre d’atteindre l’objectif de couverture vaccinale de 80% à l’horizon 2030 fixé par la stratégie décennale de lutte contre le cancer 2021-2030 (1).
Les campagnes de vaccination HPV dans les autres pays d’Europe peuvent se dérouler en cabinet médical ou en médecine scolaire (1). Les pays affichant les couvertures vaccinales les plus élevées sont celles s’appuyant sur les campagnes de vaccination scolaire. Par exemple, le Royaume-Uni et la Suède présentent une couverture de plus 80% chez les filles (2).
Par ailleurs, en 2016, la vaccination contre les HPV des garçons était recommandée dans quatre pays (Etats-Unis, Australie, Canada, Autriche). On observe qu’aujourd’hui, cette tendance se généralise puisqu’une quinzaine de pays en Europe ont intégré la vaccination des garçons à leur calendrier vaccinal (1).
Les compétences vaccinales des pharmaciens sont élargies à la prescription et à l’administration des vaccinations à l’ensemble de la population à partir de 11 ans.
Le collectif Demain sans HPV réunit 10 associations de patients luttant contre les IST et les cancers. Parmi celles-ci, nous retrouvons (1) :
Associations de patients | Missions |
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Actions Traitements | Informer, accompagner, soutenir et défendre les droits des personnes vivant avec l’infection à VIH, les virus de l’hépatite, la tuberculose, les pathologies associées et les infections sexuellement transmissibles. |
Akuma | Récolter des fonds pour aider la recherche à trouver une solution pour les patients déjà porteurs du HPV ; informer le grand public sur les HPV, les facteurs de risque et l’importance du dépistage et de la vaccination. |
CléliAline | Lutter contre les cancers gynécologiques, via l’information sur le dépistage et les risques génétiques, la récolte des fonds au profit de la recherche, l’organisation des projets solidaires propres à fédérer les personnes concernées par la maladie. |
Corasso | Sensibiliser le grand public pour que les personnes touchées par un cancer tête et cou soient diagnostiquées le plus tôt possible, sensibiliser à la prévention. |
Courir pour elles | Contribuer à la lutte contre les cancers féminins par ses actions de prévention et de soutien aux femmes en soin. |
CRIPS Ile-de-France | Prévention auprès des jeunes et des publics en situation de vulnérabilité afin qu’ils deviennent acteurs de leur santé ; formation des pros et accompagnement des collectivités. |
Imagyn | Sensibiliser, partager, soutenir, informer les malades. Contribuer au développement de la recherche, défense du droit des patients. |
The NWC | Sensibiliser le grand public aux risques représentés par les cancers induits par le Human Papilloma Virus (HPV) et éduquer celui-ci aux différentes méthodes de prévention ; participer à la lutte contre les cancers HPV induits en apportant un soutien à la recherche dans ce domaine. |
No Taboo | Sensibiliser, informer autour de l’infection au papillomavirus (HPV – Human Papillomavirus) et les condylomes ainsi que de l’ensemble des cancers associés. Réaliser des évènements afin de collecter des fonds pour mener des actions auprès des jeunes et des malades. |
Vaincre PRR | Soutien mutuel pour les patients atteints par la Papillomatose Respiratoire Récurrente (maladie rare), recherche et diffusion de l’information, liens avec nos homologues à l’étranger et contribution à la recherche. |