À l’officine, les demandes de prise en charge d’une diarrhée aiguë survenant dans un contexte de gastroentérite, d’intoxication alimentaire ou de voyage dans un pays « à risque » sont particulièrement fréquentes.
Dans les pays industrialisés, les diarrhées infectieuses, essentiellement celles d’origine virale ou bactérienne, représentent la 2ème cause de morbidité après les infections respiratoires. Les diarrhées aiguës ont le plus souvent une évolution favorable mais une bonne prise en charge est nécessaire pour éviter des complications.(1)
Les principaux objectifs, en attendant si besoin un avis médical, sont de prévenir la déshydratation et de réduire rapidement la fréquence des selles pour soulager le patient.
Idéalement, la prise en charge devrait également permettre de protéger et réparer la muqueuse intestinale agressée, de restaurer le microbiote, et de limiter ainsi l’installation d’une dysbiose à moyen ou long terme, susceptible elle-même d’être à l’origine de complications.
Différents antidiarrhéiques conseil sont à la disposition de l’équipe officinale.
Connaitre leurs particularités, maîtriser leurs indications, contre-indications et interactions est essentiel pour choisir le produit adapté à chaque patient.
Savez-vous tout sur les causes des diarrhées, les signes de gravité à identifier et les facteurs de risque de complications à repérer ?
1) L’objectif principal est de prévenir ou traiter une éventuelle déshydratation.
Le recours aux solutés de réhydratation orale, capables de traiter et prévenir les troubles hydroélectrolytiques, est recommandé chez le nourrisson.
Les solutés de réhydratation orale renferment :
- des électrolytes servant à compenser les pertes
- des glucides, qui confèrent à la solution l’essentiel de son osmolarité, permettent un apport énergétique et améliorent l’acceptabilité de la solution par l’enfant
- des bicarbonates et/ou des citrates visant à prévenir ou traiter une acidose.
→ En cas de vomissement, les prises se font par petites doses successives.
→ A noter : les solutions de réhydratation s’utilisent chez les adultes les plus fragiles : personnes âgées et/ou atteintes de maladies chroniques (diabète, pathologie cardiaque, rénale...).
2) L’alimentation habituelle du nourrisson, lait maternel ou artificiel, doit être poursuivie.
Afin d’éviter une dénutrition pouvant pérenniser la diarrhée, l’alimentation ne doit pas être suspendue plus de 4 à 6 heures.
3) Parallèlement à ces mesures, plusieurs traitements peuvent être proposés pour diminuer l’intensité et la durée de la diarrhée :
Selon les recommandations européennes de bonne pratique relatives à la prise en charge de la gastro-entérite aiguë chez les enfants (publiées en 2014), Lactobacillus rhamnosus GG et la levure Saccharomyces bourlardii sont efficaces pour réduire l’intensité et la durée des symptômes de la gastroentérite aiguë.
→ Ils réduisent la durée de l’épisode aigu en moyenne d’une journée.
Le xyloglucane est un polysaccharide qui reproduit l’action mécanique du mucus : il a la capacité de protéger et renforcer les jonctions serrées et d’éviter ainsi l’adhésion et la prolifération des bactéries dans l’espace sous-muqueux.
Associé à une protéine naturelle qui potentialise son action en augmentant son temps résidence sur la muqueuse intestinale, il forme une bio-barrière muco-protectrice qui laisse passer les nutriments, sans perturber l’évacuation des agents pathogènes (aucun effet sur le péristaltisme intestinal)…
Pour en savoir plus, télécharger la fiche pratique "Le xyloglucane"
Le lopéramide fait partie de la classe des ralentisseurs du transit intestinal. C’est un analogue structurel des opiacés qui agit sur les récepteurs morphiniques du tractus digestif. Ainsi, il ralentit le péristaltisme intestinal et donc le transit, et exerce également une action antisécrétoire…
Pour en savoir plus, télécharger la fiche pratique "Le lopéramide"
La diosmectite est une argile naturelle faisant partie de la classe des adsorbants intestinaux. Sa structure en feuillets et sa viscosité élevée lui confèrent un pouvoir couvrant important de la muqueuse digestive. Ceci empêche toutefois le passage des nutriments et peut diminuer l’absorption des autres médicaments pris simultanément…
Pour en savoir plus, télécharger la fiche pratique "La diosmectite"
Le racécadotril est un antidiarrhéique antisécrétoire « pur », inhibiteur de l’enképhalinase intestinale
(Enzyme dégradant les enképhalines qui, par leur action sur les récepteurs opioïdes, favorisent la réabsorption de l’eau et des électrolytes).
Ne modifiant pas le transit, il n’entraîne pas de risque de constipation secondaire ni de stase de l’agent pathogène au niveau intestinal…
Pour en savoir plus, télécharger la fiche pratique "Le racécadotril"
Antibactérien intestinal, le nifuroxazide dispose d’une AMM chez l’adulte et l’enfant de plus de 15 ans dans la « diarrhée aiguë présumée d’origine bactérienne en l’absence de suspicion de phénomènes invasifs (altération de l’état général, fièvre...) ».
Son efficacité thérapeutique est cependant mal établie et il n’est pas recommandé dans l'indication des diarrhées aiguës présumées d'origine infectieuse.
Posologie : à partir de 15 ans, 4 gélules à 200 mg par jour réparties en 2 à 4 prises. La durée du traitement est limitée à 3 jours.
A noter : il faut tenir compte de la présence de saccharose ou de lactose selon les spécialités.
Effets indésirables : des réactions allergiques (éruption cutanée, urticaire, œdème de Quincke, choc anaphylactique) sont rapportées.
Interactions médicamenteuses : avec les médicaments provoquant une réaction antabuse et les dépresseurs du SNC pour la spécialité Ercéfuryl.
Monographies des médicaments : www.base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr