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Subutex connexion à Metz

Publié le 23 mars 2013
Par Myriem Lahidely
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Trois médecins de Metz viennent d’être mis en examen pour un trafic de Subutex revendu entre 10 € et 20 € la boîte, sur place, mais aussi en Allemagne (limitrophe), et parfois au Maroc. « Le préjudice pour la Sécurité sociale serait de 2 millions d’euros, un chiffre qu’il faudra affiner », résume Laurent Czernic, procureur adjoint au Parquet de Metz. L’enquête a démarré l’an dernier après le jugement en comparution immédiate des trafiquants de Subutex. « Nous nous sommes aperçus que des prescriptions anormales étaient rédigées par des médecins, un patient se faisant remettre 1 600 boîtes par an alors qu’il aurait dû en recevoir 96 au maximum », observe le procureur adjoint. Entre autres modes d’action, certains se présentaient chez un médecin avec plusieurs cartes Vitale, ou plusieurs fois par semaine avec plusieurs ordonnances, le praticien se faisant rémunérer chaque prescription comme une consultation normale.

D’autres professionnels impliqués?

Les investigations devraient démontrer si des pharmaciens et d’autres médecins sont impliqués. Monique Durand, présidente du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens lorrains, se dit « effarée par les quantités » et s’étonne que l’on ait réagi si tard à un trafic de cette ampleur : « J’attends d’être saisie par le Procureur pour lancer une action et savoir si des confrères sont impliqués. Metz est une grande ville, il est facile pour un trafiquant sans dossier pharmaceutique de “diluer” les ordonnances en courant toutes les officines pour ne pas éveiller les soupçons. S’il y a eu des anomalies dans notre profession, on pourra très facilement contrôler les achats par le biais des grossistes répartiteurs ». La CPAM va se porter partie civile. Le procureur adjoint de Metz, Laurent Czernik, reconnaît que « l’enquête va nécessiter un travail d’investigation et de recoupement d’informations colossal. » Elle ne fait que commencer. Les trois médecins ont été interdits d’exercice et risquent jusqu’à dix ans de prison pour aide à l’usage des stupéfiants.

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