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Pas d’antitussifs avant 2 ans

Publié le 6 novembre 2010
Par Véronique Pungier
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A la mi-mars 2011, les antihistaminiques H1 de 1ere génération et le fenspiride seront contre-indiqués avant 2 ans. Et la toux aiguë banale des nourrissons se soignera sans antitussif. Explications.

Les sirops antitussifs de la classe des antihistaminiques H1 de 1ere génération et le fenspiride seront bientôt contre-indiqués avant 2 ans. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) l’a annoncé le 28 octobre lors d’une conférence de presse au cours de laquelle elle présentait ses nouvelles recommandations de prise en charge de la toux aiguë bénigne chez les moins de 2 ans*, dont l’entrée en vigueur est arrêtée au 15 mars 2011. D’ici là, la vague des contre-indications des antitussifs chez le nourrisson – qui avait d’abord touché les mucolytiques, les mucofluidifiants et l’hélicidine (voir Le Moniteur n° 2829) – pourrait bien aussi engloutir d’ici peu les suppositoires à base de dérivés terpéniques. L’Afssaps envisage de les contre-indiquer avant l’âge de 30 mois et a demandé leur réévaluation à l’échelle européenne.

Pour l’heure, c’est bien au tour des phénothiazines – la prométhazine (Fluisédal, Rhinathiol Prométhazine, Tussisédal, déjà tous réservés aux plus de 2 ans voire 30 mois pour Tussisédal), l’alimémazine (Théralène sirop et solution buvable) et l’oxomémazine (Toplexil avec ou sans sucre, et leurs génériques, déjà indiqués à partir de 2 ans) –, de la chlorphéniramine (Hexapneumine Nourrisson), du pimétixène (Calmixène) et du sirop Pneumorel (fenspiride) d’être visés par l’interdiction d’emploi avant 24 mois. En cause : des effets indésirables graves rares (convulsions, dépression respiratoire) au regard d’un bénéfice peu documenté. Les industriels ont jusqu’au printemps pour mettre en conformité leurs RCP, emballages et notices.

Des mesures d’hygiène tout simplement !

Il ne faut pas prescrire d’antitussifs en cas de toux aiguë banale chez un nourrisson. C’est la clé des nouvelles recommandations. Pour l’Agence, de simples mesures d’hygiène (et une bonne dose de patience !) suffisent : lavages de nez au sérum physiologique plusieurs fois par jour en cas d’obstruction nasale, faire boire régulièrement le nourrisson et limiter la température de sa chambre à 19-20 °C, sans oublier l’éviction totale du tabac dans tout l’habitat. Il faut aussi donner aux parents – souvent usés par la toux de leur enfant – les signes d’alerte qui nécessitent une nouvelle consultation comme une forte baisse de l’appétit, des vomissements répétés, l’apparition secondaire de fièvre, un changement de comportement du nourrisson.

Des outils pour informer les parents

Une petite révolution dans les habitudes que les professionnels de santé vont devoir assimiler puis expliquer. La mise au point « Prise en charge de la toux aiguë chez le nourrisson de moins de 2 ans » a déjà été envoyée aux prescripteurs et aux kinésithérapeutes. Elle peut être consultée sur le site www.afssaps.fr. Les parents seront informés via une affiche rappelant les messages clés diffusée dans les cabinets médicaux, les PMI, les crèches et les haltes-garderies. Ils peuvent également consulter le document « Questions-réponses » sur le site de l’Afssaps. Et le Cespharm (www.cespharm.fr) met à la disposition des pharmaciens qui en feront la demande le dépliant « Bébé tousse ? ».

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* Elaborées avec la Société française de pédiatrie, la Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie et le groupe de travail référent des médecins généralistes de l’Afssaps.

La toux aiguë du nourrisson

Symptôme fréquent dans les 2 premières années de vie, la toux est un réflexe physiologique, indispensable et nécessaire, de défense de l’organisme. Elle permet de drainer les voies respiratoires.? Chez un nourrisson, la toux aiguë est le plus souvent liée à une infection virale des voies respiratoires.