« Paracétamol challenge » : l’ANSM alerte 

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« Paracétamol challenge » : l’ANSM alerte 

Publié le 20 février 2025 | modifié le 21 février 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Face à la multiplication des intoxications volontaires chez les jeunes, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) met en garde contre un défi qui se propage et appelle à la vigilance des parents et des pharmaciens.

Le « paracétamol challenge » dont nous avions parlé il y a quelques semaines dans nos colonnes fait à nouveau la Une de l’actualité. Ce défi apparu sur les réseaux sociaux pousse des jeunes à consommer des quantités excessives de paracétamol pour tester leur résistance et accumuler des vues. Cette pratique qui, en quelques semaines, s’est propagée en Europe, suscite de vives inquiétudes dans le monde médical.

Dans un communiqué publié ce mercredi, l’ANSM tire la sonnette d’alarme : « Des remontées de terrain récentes, largement relayées par les médias, font état d’intoxications volontaires au paracétamol par des enfants ou adolescents. Nous alertons et appelons à la vigilance sur ces pratiques mettant gravement en péril leur santé. »

Un médicament courant, un danger sous-estimé

Derrière son apparente banalité, les pharmaciens le savent bien, le paracétamol est une molécule à manier avec précaution. « En cas de surdosage, le paracétamol peut entraîner des lésions graves du foie, irréversibles dans certains cas, et pouvant nécessiter une greffe », rappelle l’ANSM.

Un danger d’autant plus pernicieux que les premiers signes d’intoxication sont souvent discrets. « Un surdosage peut ne pas entraîner de symptômes immédiats, ce qui peut faussement rassurer », insiste l’agence. Pourtant, dans les premières 24 heures, les signes avant-coureurs apparaissent : nausées, vomissements, douleurs abdominales, perte d’appétit, sueurs abondantes. Puis, si l’intoxication n’est pas prise en charge rapidement, les dommages peuvent être irréversibles : atteintes hépatiques sévères, lésions rénales et pancréatiques.

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Parents et pharmaciens en première ligne

Face à cette menace, les professionnels de santé sont appelés à la vigilance. Si l’Ordre national des pharmaciens ne plaide pas pour une prescription obligatoire, il invite les pharmaciens à renforcer leurs conseils auprès des patients et de leurs familles. Informer, sensibiliser et responsabiliser devient une nécessité face à des comportements à risque amplifiés par la viralité des réseaux sociaux.

L’ANSM recommande aux parents d’être particulièrement attentifs aux comportements de leurs enfants et d’expliquer les dangers liés à ces défis. En cas de suspicion d’intoxication, il est impératif de les inciter à contacter immédiatement un centre antipoison ou un service d’urgence.

Pour rappel, la dispensation de médicaments (à l’exception des contraceptifs oraux) n’est pas autorisée pour les mineurs (sauf cas particulier des mineurs émancipés).

Les défis viraux, un fléau pour la santé publique

Le « paracétamol challenge » s’inscrit dans une série de défis viraux aux conséquences parfois tragiques. De la « Tide Pod Challenge » (où des jeunes avalaient des capsules de lessive) au « Benadryl Challenge » (prise massive d’antihistaminiques pour provoquer des hallucinations), ces tendances rappellent l’impact des réseaux sociaux sur les comportements à risque.

Pour les autorités sanitaires, une seule réponse : prévenir plutôt que guérir. L’enjeu est de taille : éviter que l’attrait du buzz ne se transforme en drames à répétition.