Nitrosamines dans les sartans : quels risques ?

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Nitrosamines dans les sartans : quels risques ?

Publié le 6 janvier 2023
Par Yolande Gauthier
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En 2012, des changements dans le processus de fabrication de certains génériques à base de valsartan et d’irbesartan ont provoqué leur contamination par une impureté classée comme cancérigène probable, la N-nitrosodiméthylamine (NDMA). La découverte de cette contamination a conduit au retrait du marché de très nombreux lots de médicaments en 2018 et 2019, provoquant des tensions d’approvisionnement en sartans.

Une étude du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, publiée dans le Journal of the American Heart Association (JAHA), s’est intéressée aux conséquences de l’exposition à cette impureté chez des patients français traités au long cours. Elle a inclus 1,4 million de personnes sans antécédents de cancer âgées de 40 à 80 ans et ayant pris du valsartan entre janvier 2013 et décembre 2017, et a pris fin le 31 décembre 2020. Soit, selon les auteurs, le plus long suivi rapporté à ce jour et le plus grand nombre de patients inclus.

Bonne nouvelle, le risque global de cancer n’a pas augmenté pour les 986 126 personnes exposées à du valsartan contaminé. Les auteurs trouvent cependant un risque plus élevé de 12 % de cancer hépatique et de 10 % de mélanome, ce qui selon leurs calculs représente 3,7 cas supplémentaires de cancer hépatique et 5,8 cas supplémentaires de mélanome par an pour 100 000 patients. A l’époque, l’Agence européenne du médicament avait estimé que l’impureté pourrait être responsable de 20 cas supplémentaires de cancer pour 100 000 patients exposés à la plus forte dose de valsartan (320 mg) contaminé chaque jour pendant 7 ans. Le « léger surrisque » mis en évidence nécessite d’autres études pharmaco-épidémiologiques pour établir un lien de causalité cliniquement pertinent, concluent les auteurs.

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