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© Getty Images
Molnupiravir dans le traitement du Covid-19 : les raisons d’un camouflet
Tout ça pour ça. La Haute Autorité de santé (HAS) a finalement refusé d’autoriser l’utilisation de l’antiviral oral molnupiravir (Lagevrio, MSD) dans le traitement du Covid-19, a-t-elle annoncé dans un avis mis en ligne le 10 décembre, alors que sur ce dossier, l’exécutif avait tout préparé pour un déploiement en ville.
Le molnupiravir ne répond pas aux conditions d’accès précoce dans l’indication déposée en France par le laboratoire MSD : « traitement des formes légères à modérées de la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) chez les adultes ayant un test de diagnostic positif au Sars-CoV-2 et qui présentent au moins un facteur de risque de développer une forme sévère de la maladie ».
Déjà, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), chargée de se prononcer sur le rapport bénéfice/risque, concluait à une efficacité et une sécurité « fortement présumées » du molnupiravir. En effet, il y a une « discordance importante », relève la HAS, entre les résultats de l’analyse intermédiaire de l’étude clinique (étude MOVe-OUT) qui annonçait une efficacité de 50 % du molnupiravir en octobre, et les résultats finaux revus à 30 %. L’analyse des données de la deuxième période montre même une efficacité bien moindre du molnupiravir : 20 événements (hospitalisations ou décès à J29) ont été notifiés sur 324 patients (6,2 %) dans le bras molnupiravir contre 15 sur 322 (4,7 %) dans le bras placebo. De plus, « les données issues de cette deuxième période, dont les caractéristiques sont plus proches de l’épidémiologie actuelle en France majoritairement représentée par le variant Delta, sont en défaveur de Lagevrio », souligne la HAS. Qui sonne le glas : « En outre, l’impact du traitement sur la négativation de la charge virale (fait de réduire la présence du virus jusqu’à ce qu’il en devienne indétectable) n’est pas démontré ».
D’autres traitements plus efficaces
Moins efficace que prévu, le molnupiravir, mais aussi moins efficace que les anticorps monoclonaux casirivimab/imdevimab (Ronapreve, Roche), autorisés depuis août dernier en accès précoce dans le traitement préventif pré- et post-exposition du Covid-19 chez les personnes de 12 ans et plus non répondeuses à la vaccination. Ces anticorps monoclonaux (accès hospitalier) présentent une efficacité… de 80 % sur les formes graves. La HAS a d’ailleurs autorisé une deuxième combinaison d’anticorps monoclonaux le jour même où elle rejetait le molnupiravir : tixagévimab/cilgavimabet (Evusheld, AstraZeneca), indiqué en prophylaxie pré-exposition du Covid-19 pour les patients de 18 ans et plus à très haut risque de forme sévère et qui sont mal ou non protégés par la vaccination ou non éligibles. La HAS encourage aussi « l’accès facilité à Ronapreve en curatif sur l’ensemble du territoire pendant cette 5e vague liée au variant Delta ».
De fait, l’accès au molnupiravir en ville « risquerait d’induire une perte de chance pour les patients, qui ne se verraient pas traités par un traitement plus efficace », insiste la HAS.
Quid des 50 000 doses déjà commandées ?
Dans un communiqué envoyé dans la foulée, le ministère de la Santé « prend acte » de la décision de la HAS. Emballé par les premiers résultats, l’exécutif avait en effet commandé 50 000 doses du traitement et même anticipé son déploiement en ville et arrêté une rémunération pour les officinaux. « La nature du contrat prévoit un déclenchement des commandes uniquement en cas d’autorisation précoce de déploiement », veut rassurer le ministère.
Le devenir du molnupiravir ne s’arrête pas là. L’évaluation continue (« rolling review ») se poursuit au niveau européen et l’Agence européenne du médicament doit se prononcer sur la demande d’AMM en début d’année 2022.
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