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L’ANSM hiérarchise les risques des antiépileptiques pendant la grossesse

Publié le 9 mai 2019
Par Yolande Gauthier
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Les risques liés à la prise de valproate par la femme enceinte sont bien établis. Mais qu’en est-il des autres antiépileptiques ? Pour répondre à cette question, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a analysé les données disponibles pour 21 autres substances. Les résultats confirment que le valproate (Dépakine, Dépakote et Dépamide) est de loin le plus tératogène. Cinq autres molécules sont également identifiées comme étant à risque malformatif : topiramate (Epitomax), phénobarbital (Gardénal), primidone (Mysoline), carbamazépine (Tégrétol) et (fos)phénytoïne (Di-Hydan). Seuls la lamotrigine (Lamictal) et le lévétiracétam (Keppra, Levidcen) n’ont pour l’instant pas montré d’augmentation de la fréquence des malformations. Les données manquent pour l’eslicarbazépine (Zebinix), l’éthosuximide (Zarontin), le lacosamide (Vimpat), le pérampanel (Fycompa), la rétigabine (Trobalt, non commercialisé), le rufinamide (Inovelon) et la tiagabine (Gabitril). Quel que soit l’antiépileptique considéré, les données disponibles pour les risques neuro-développementaux sont limitées. Elles ne permettent pas pour l’instant de conclusion définitive, en dehors bien sûr du valproate dont l’impact sur les troubles du développement est avéré et élevé. Deux actifs attirent l’attention de l’agence en raison d’un «  profil de sécurité d’emploi au cours de la grossesse particulièrement préoccupant   » : le topiramate (environ 30 000 femmes en âge de procréer traitées en 2015) est crédité d’un risque potentiel de troubles neuro-développementaux ; et la prégabaline (150 000 femmes traitées en 2016) d’un risque potentiel de malformations. «   Il ne faudrait pas que cette étude conduise à la prescription sans retenue des antiépileptiques dont la tératogénie n’est pas encore établie. Le manque de données ne suffit pas à conclure à l’absence de risque   », a réagi Marine Martin, présidente de l’Association d’aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anticonvulsivant (Apesac). Un comité d’experts indépendants va se réunir le 14 mai à l’ANSM. Les auditions permettront de proposer des mesures complémentaires de réduction des risques. En attendant, il importe de rappeler aux femmes en âge de procréer qu’elles ne doivent en aucun cas interrompre ou modifier leur traitement antiépileptique sans l’avis de leur prescripteur. Une information sur les risques des molécules doit être délivrée dès l’instauration et tout au long du traitement, en insistant sur la nécessité de planifier une grossesse. §

Source : ANSM, avril 2018

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