Intoxication alimentaire : alerte au botulisme

Quel est l’agent responsable ?

• Le botulisme est dû à une neurotoxine produite par une bactérie, Clostridium botulinum, et beaucoup plus rarement par certaines souches de Clostridium baratii et Clostridium butyricum. • Il existe 7 types de toxines botuliques (A à G). Le botulisme dû aux toxines A, B et E est le plus fréquent chez l’homme. • Les toxines botuliniques agissent en bloquant la transmission de l’acétylcholine au niveau des jonctions neuromusculaires, entraînant une paralysie flasque des muscles respiratoires et locomoteurs. Les toxines A et E sont à l’origine des formes les plus graves.

Comment se fait la transmission ?

• La bactérie se retrouve dans l’environnement (sol, poussière, eau, lisiers…) et dans le contenu digestif des animaux (souvent de façon asymptomatique). • On distingue trois modes de transmission à l’homme : – majoritairement, par ingestion de toxine botulique formée dans des aliments peu acides (pH > 4,6) fabriqués sans processus poussé de stérilisation : salaisons, charcuteries ou conserves d’origine familiale ou artisanale ; – rarement, par ingestion de Clostridium botulinum, observée principalement chez les jeunes enfants dont l’immaturité de la flore intestinale permet le développement de la bactérie et la production de toxine. Les cas de botulisme infantile ont été observés suite à la consommation de miel chez des nourrissons (< 12 mois) ou l’inhalation de poussières contaminés ; – par contamination d’une plaie par Clostridium botulinum (liée à l’injection de drogue). • Il n’y a pas de transmission directe de l’animal à l’homme, ni interhumaine.

Quels sont les symptômes ?

• Les symptômes sont provoqués par la toxine botulique et se déclarent en moyenne entre 1 et 3 jours après la contamination. • Ils débutent par une fatigue, des vertiges, des signes ophtalmologiques (vision floue, diplopie), digestifs (vomissements, diarrhées) puis une sécheresse buccale, une dysphonie et une dysphagie. Ils évoluent vers une paralysie flasque, descendante et symétrique des membres et des muscles respiratoires. • En l’absence de prise en charge adéquate, la maladie est mortelle dans 5 à 10 % des cas.

Quels sont les traitements ?

• La prise en charge est hospitalière. Le traitement, symptomatique, requiert dans les formes sévères une ventilation assistée. La sérothérapie est efficace dans les 24 heures suivant l’apparition des symptômes. L’anatoxine botulique stockée par l’Etat est dispensée aux pharmacies à usage intérieur (PUI) via une autorisation d’accès compassionnel. Les antibiotiques ne sont utiles qu’en cas de botulisme infantile ou de contamination de plaie. Un vaccin est disponible mais réservé à certaines personnes exposées (employés de laboratoire…) en raison d’importants effets indésirables. • Dans la majorité des cas, les malades, pris en charge précocement, guérissent sans séquelles mais la convalescence peut durer plusieurs mois.

Quelles sont les mesures de prévention ?

• Pour les fabricants d’aliments préparés de façon industrielle ou artisanale, la prévention passe par le respect des procédés de préparation : température de cuisson, de stérilisation et de conservation, contrôle du pH et de la concentration saline… • La préparation de conserves familiales doit respecter des mesures d’hygiène simples : nettoyage soigneux des végétaux, propreté des surfaces de travail et des récipients, respect des consignes de stérilisation.

À dire aux patients

• Les conserves de pesto incriminées ont été vendues en Indre-et-Loire lors de différents événements : Fête des plantes et du printemps (château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire du 30 mars au 1^er avril 2024), Nature en fête (château de Cangé à Saint-Avertin les 13 et 14 avril), Foire à l’ail et au basilic (Tours le 26 juillet) et Festival de la tomate et des saveurs (château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire les 7 et 8 septembre). • Les boîtes de conserve bombées et celles dégageant une odeur suspecte ne doivent pas être consommées (attention, les légumes contaminés par la toxine botulique ne dégagent pas d’odeur particulière !). • Respecter la chaîne du froid et les dates limites de consommation. • Les toxines botuliques résistent à la congélation. Elles sont thermolabiles et détruites après 10 minutes à 100 °C. • Ne pas donner de miel aux enfants avant l’âge de 1 an. Sources : « Clostridium botulinum, Clostridium neurotoxinogènes », ANSES, janvier 2011 ; « Botulisme », Institut Pasteur, janvier 2013, pasteur.fr ; « Botulisme », La Revue du praticien – Médecine générale, tome 15, n° 554 du 19.11.2001 ; « Botulisme », Aide-mémoire, Institut de veille sanitaire, 22.6.2006, invs.sante.fr ; « Botulisme », Aide-mémoire n° 270, OMS, août 2013.