Haro sur les psychotropes

Les français sont les premiers consommateurs au monde de psychotropes. Ce n’est pas une découverte. En 1996, le professeur Édouard Zarifian l’avait constaté dans un rapport explosif… qui avait fait trembler la sphère médicale et pharmaceutique sans aller jusqu’à émouvoir le grand public. Aujourd’hui, il pourrait en être autrement. Quinze médecins de renom ont signé l’appel ⁽¹⁾ lancé par le magazine Psychologies contre l’abus d’antidépresseurs et plaident pour le recours à des solutions alternatives.

Une toxicomanie légale. Si les psychotropes ont démontré leur efficacité, ils sont trop souvent prescrits avec légèreté. À l’officine, vous les voyez les ordonnances toujours renouvelées et vous vous sentez parfois dealers en blouse blanche. Mais quelle marge de manoeuvre avez-vous ? Comment pouvez-vous avoir un discours cohérent sans discréditer le médecin prescripteur ? En tant que spécialistes du médicament, vous avez toutefois la légitimité de rappeler son bon usage (durée de traitement, effets indésirables, dépendance).

Non à la surmédicalisation du mal-être. Ne jetons pas la pierre au généraliste pour autant. Les petites pilules arrangent tous ceux qui en tirent profit : solution immédiate, remboursée par la Sécurité sociale. C’est d’une prise de conscience dont nous avons besoin. Notre société a transformé la souffrance en pathologie. Il est normal d’être abattu après un deuil, après une rupture, un échec quel qu’il soit. Nous avons des forces en nous qu’il est possible de mobiliser autrement que par des médicaments.

⁽¹⁾ Possibilité de signer l’appel sur .