Fluoroquinolones : encore trop et mal utilisées
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Fluoroquinolones : encore trop et mal utilisées

Publié le 15 mai 2023
Par Yolande Gauthier
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Les indications des fluoroquinolones ont été restreintes depuis 2019. Mais leur mauvaise utilisation persiste malgré tout, déclenchant une nouvelle vague de mesures.

Une étude financée par l’Agence européenne du médicament (EMA) a été menée dans 6 pays européens entre 2016 et 2021, dont la France. Ses résultats montrent que, même si l’utilisation des fluoroquinolones a diminué depuis 2019, des prescriptions hors indications recommandées subsistent.

L’Agence européenne rappelle que ces antibiotiques, administrés par voie orale ou injectable, peuvent être à l’origine d’effets indésirables graves, parfois invalidants et irréversibles : tendinopathies, troubles cardiovasculaires, troubles neuro-psychiatriques, photosensibilisation…

Les fluoroquinolones ne doivent pas être utilisées pour traiter des infections non graves ou qui pourraient guérir toutes seules  (comme une angine), pour traiter des infections non bactériennes (par exemple la prostatite non bactérienne chronique), pour prévenir la diarrhée du voyageur ou les infections récidivantes des voies urinaires inférieures, ou pour traiter des infections bactériennes légères à modérées (otite moyenne aiguë, cystite non compliquée…) sauf si les autres antibiotiques habituellement recommandés sont inappropriés.

« Surtout, insiste l’Agence, les fluoroquinolones doivent être évitées chez les patients qui ont déjà eu des effets indésirables graves avec un antibiotique de la famille des quinolones ou des fluoroquinolones. Elles doivent être utilisées avec prudence chez les personnes âgées, les patients atteints de maladie rénale et ceux qui ont subi une transplantation d’organe, en raison d’un risque plus élevé de lésion tendineuse ». La prise concomitante d’un corticoïde doit également être évitée pour la même raison.

Les mesures prises en 2019 ayant eu un impact modeste, l’EMA annonce qu’une communication directe va être envoyée aux professionnels de santé. Elle insistera sur « la nécessité de limiter l’utilisation de ces médicaments au traitement de dernière intention chez les patients qui n’ont pas d’autres alternatives thérapeutiques, et uniquement après une évaluation minutieuse des bénéfices et des risques individuels ».

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Pour plus d’informations, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a mis en ligne sur son site un dossier thématique sur les fluoroquinolones.