Fluoroquinolones : des patients portent plainte contre leurs médecins

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Fluoroquinolones : des patients portent plainte contre leurs médecins

Publié le 13 mars 2023
Par Anne-Hélène Collin
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Une dizaine de patients qui s’estiment victimes des fluoroquinolones portent plainte auprès du pôle de santé publique de Paris et du parquet de Versailles (Yvelines) contre X et contre leurs médecins, rapporte FranceInfo ce 13 mars. Ces patients dont « la santé a été gravement dégradée » dénoncent « l’inaction des autorités de santé » et « réclament l’ouverture d’une enquête pénale pour établir la responsabilité des autorités de santé », rapporte le média. Philippe Coville, président d’une association de patients, estime sur FranceInfo que « six millions de prescriptions totalement injustifiées ont été faites depuis quatre ans ».

En 2018, l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait réévalué le rapport bénéfice/risque des fluoroquinolones et des quinolones après avoir notifié des effets indésirables graves et durables (neuropathies périphériques, troubles neuro-psychiatriques, affections du système musculo-squelettique), invalidants et potentiellement irréversibles. En conséquence, en 2019, l’Agence nationale  de sécurité des médicaments (ANSM) avait restreint l’utilisation des fluoroquinolones et retiré Apurone (fluméquine) du marché.

La Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) appelle sur FranceInfo à la mise en place d’un dispositif pour que les médecins justifient chaque prescription de fluoroquinolones. « Dans les cas d’infections urinaires, dans les sinusites, on ne devrait plus voir une seule prescription de fluoroquinolones en première intention, a ajouté le Pr Mathieu Molimard du CHU de Bordeaux (Gironde) et membre de la SFPT. Il n’y a pas aujourd’hui les outils pour bloquer les prescriptions. Il faut aller plus loin et changer la législation. »

Interrogé par FranceInfo, le ministère de la Santé annonce de son côté « l’envoi dans les prochaines semaines d’un mailing à l’ensemble des professionnels de santé pouvant prescrire ces antibiotiques ». Par ailleurs, une recommandation de la Haute Autorité de santé (HAS) « est en cours d’ajustement pour que les fluoroquinolones ne soient plus prescrits dans les cystites simples de l’homme comme c’est déjà prévu dans la cystite simple de la femme », rapporte encore le média.

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Pour rappel, les fluoroquinolones ne doivent pas être prescrites :

– pour traiter des infections non sévères ou spontanément résolutives ;

– pour prévenir la diarrhée du voyageur ou les infections récidivantes des voies urinaires basses ;

– pour traiter des infections non bactériennes, comme la prostatite (chronique) non bactérienne ;

– pour traiter des infections de sévérité légère à modérée (notamment cystite non compliquée, exacerbation aiguë de la bronchite chronique et de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), rhinosinusite bactérienne aiguë et otite moyenne aiguë), à moins que les autres antibiotiques habituellement recommandés pour ces infections ne soient jugés inappropriés ;

– à des patients ayant déjà présenté des effets indésirables graves avec un antibiotique de la famille des quinolones/fluoroquinolones.