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Dompéridone : faut-il en avoir peur ?
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Lors d’une conférence organisée le 19 février, la revue Prescrire a demandé le retrait des antinauséeux à base de dompéridone, mettant en avant un rapport bénéfice/risque défavorable : elle augmente le risque de troubles du rythme cardiaque et de morts subites.
Selon Prescrire, une fourchette large de 25 à 120 décès pourrait être imputable à la molécule en France en 2012.
Un travail que la rédaction a réalisé à partir de données de l’Assurance maladie, tend à prouver que 7 % des adultes ont reçu au moins une dispensation de dompéridone en 2012 , soit environ 3 millions de patients.
« Ces effets indésirables sur le rythme cardiaque sont connus depuis longtemps, et malheureusement, il n’existe pas de médicament qui ne provoque pas, parfois, d’incidents », explique au Figaro Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l’université de Bordeaux. L’universitaire s’interroge sur les circonstances de ces décès : « les malades faisaient-ils partie des profils contre-indiqués, auquel cas les mesures de sécurité n’ont pas été respectées par le prescripteur, ou appartenaient-ils aux indications thérapeutiques, et dans ce cas il y a en effet une anomalie préoccupante ».
A la demande de la Belgique, le Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne du médicament a initié en mars 2013 une réévaluation des médicaments à base de dompéridone. En attendant les résultats prévus pour mars – dont Prescrire redoute qu’ils se contentent de préconiser de simples baisses de posologies ou de durée de traitement – l’ANSM a rappelé en décembre 2013 que la molécule était déjà connue pour entraîner des troubles cardiaques incluant des effets en lien avec un allongement de l’intervalle QT (l’allongement de l’espace QT est d’ailleurs mentionné dans les RCP des spécialités). Elle a alors demandé que les indications de la molécule soient strictement respectées, et que le risque d’allongement de l’espace QT soit pris en compte chez les patients à risque.
Déjà, en décembre 2011, l’Afssaps et l’Agence européenne du médicament avaient annoncé que la prise de dompéridone pouvait être associée à une augmentation du risque d’arythmies ventriculaires graves et de mort subite. Ce risque concerne particulièrement les doses supérieures à 30 mg/j ou les patients de plus de 60 ans. Toutefois, « le rapport bénéfice/risque de la molécule reste positif », constatait alors l’agence, à condition qu’elle soit utilisée à la dose efficace la plus faible, quel que soit l’âge. En parallèle, le directeur général de l’Afssaps s’était exprimé sur les risques encourus lors de l’utilisation hors AMM de la dompéridone dans l’allaitement. Bien que le RCP mentionne que la molécule « ne doit pas être utilisée au cours de l’allaitement », il n’est pas rare qu’elle soit administrée à forte dose (jusqu’à 80 mg/j) chez les femmes allaitantes pour stimuler la lactation.
Quelles alternatives thérapeutiques ?
La revue Prescrire juge qu’en cas de RGO, un inhibiteur de la pompe à protons est préférable. Soit. Et si un modificateur de la motricité gastrique semble justifié, « le métoclopramide est à discuter mais avec beaucoup de prudence : à posologie minimale et en surveillant de très près ses effets indésirables de neuroleptiques. » Quant à la métopimazine (Vogalène, Vogalib…), « elle n’a pas d’avantage démontré sur le métoclopramide. »
Laurent Lefort, photo Jean-Philippe Glatigny
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