Cocaïne : peu d’interactions médicamenteuses, mais…

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Cocaïne : peu d’interactions médicamenteuses, mais…

Publié le 14 février 2023
Par Yves Rivoal
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Dans l’affaire Palmade, on parle beaucoup de cocaïne. Existe-t-il des risques d’interactions entre cette drogue et des médicaments ? Pour en savoir plus, Le Moniteur des pharmacies a mené l’enquête.

« La cocaïne ne présente pas, à ma connaissance, d’interactions connues avec la plupart des médicaments, hormis avec les antidépresseurs de la classe des IMAO, rappelle Nicolas Bonnet, pharmacien de santé publique et directeur du réseau de prévention des addictions (Respadd). Mais comme ces traitements provoquaient des syndromes sérotoninergiques se traduisant par de l’hyperthermie, des crises convulsives, des sueurs et tremblements, de l’hyperactivité ou une désorientation, ils ont quasiment tous été retirés du marché. Ils ne sont plus prescrits aujourd’hui qu’en deuxième ou troisième intention, et sous contrôle médical très strict. »

La cocaïne est en revanche connue pour ses interactions avec l’alcool, et l’héroïne ou les médicaments opiacés. Interactions qui sont d’ailleurs recherchées par les consommateurs. « Le principal risque lorsque l’on prend concomitamment de la cocaïne et de l’alcool, c’est que ce cocktail induit la production de cocaéthylène, un dérivé de l’éthylène hépatotoxique et neurotoxique qui se révèle particulièrement agressif pour le foie et le cerveau, note Nicolas Bonnet. Et comme la cocaïne permet aussi de boire davantage sans être ivre, cela majore derrière les risques inhérents à ces deux produits : overdose, accident cardiovasculaire, mort subite, hépatite fulminante… » 

L’association entre cocaïne et héroïne ou médicaments opiacés fonctionne sensiblement sur le même schéma. « Dans le speed ball, une association très pratiquée qui consiste à mélanger cocaïne et héroïne, les consommateurs cherchent à combiner les effets euphorisants de l’héroïne et boostants de la cocaïne. Le problème, c’est que ces deux produits n’ont pas la même cinétique. La cocaïne ayant une durée de vie et d’action plus courte, elle va d’abord estomper la sédation provoquée par l’héroïne. Mais lorsque l’effet de la cocaïne s’arrête, vous pouvez être exposé à un rebond d’effet dépresseur pouvant entraîner un risque d’overdose. »

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