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Celebrex et confusions

Publié le 29 juin 2002
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Une polémique concernant le Celebrex est née dans la presse grand public et s’est propagée jusqu’à faire réagir l’Afssaps et le ministère de la Santé. Retour sur un embrouillamini qui laisse perplexe.

L’étude « CLASS » sur le célécoxib, publiée en septembre 2000 dans le Journal of American Medical Association et sur laquelle s’appuie Pfizer pour la promotion du Celebrex, a été mise en cause par le British Medical Journal. Dans son éditorial du 1er juin, le BMJ accuse les auteurs de n’avoir pas présenté les données à un an. Données qui ne montraient plus de différence significative entre le célécoxib et deux autres AINS (diclofénac, ibuprofène) en terme d’ulcères, contrairement aux résultats à six mois, favorables, et eux largement diffusés.

Jean-François Mattéi, Ministre de la Santé, souligne dans une interview au Figaro la complexité de la polémique en raison de toutes ses implications : « c’est une affaire à la fois éthique, économique et de santé publique ».

Le problème éthique est soulevé car les publications scientifiques sont considérées comme des références concernant les études d’évaluation des principes actifs. Alors à qui se fier ? D’autant plus que les instances officielles manquent de cohérence dans leurs réactions. L’Afssaps s’est prononcée dès le 11 juin en précisant : « C’est une étude post-AMM… qui ne remet pas en cause le rapport bénéfice/risque du produit et maintient la précaution d’emploi concernant le risque gastro-intestinal, comme mentionné dans le RCP. » Pain béni pour Pharmacia qui réagit de façon indignée aux critiques des journaux en affirmant avoir communiqué tous les éléments disponibles aux autorités sanitaires.

Mais huit jours plus tard, le ministère de la Santé a mis son grain de sel en saisissant la commission de transparence pour une réévaluation du SMR et surtout de l’ASMR (actuellement de niveau III, modérée) du Celebrex comparativement aux autres AINS, « compte tenu de l’enjeu sanitaire et économique de ce produit ». Réévaluation qui a débuté mercredi.

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Le Celebrex constitue, en effet, le troisième poste de dépenses de médicaments de l’Assurance maladie avec un montant remboursé en 2001 de 125 millions d’euros (CA de 172 MEuro(s)). Un réexamen de l’apport de cette molécule conduira-t-il à une baisse de prix ?

L’AMM est-elle respectée ?

Reste l’ambiguïté de l’attitude des médecins car, vous le constatez dans vos officines, les prescriptions paraissent élargir largement le champ d’utilisation du Celebrex par rapport à son AMM (traitement symptomatique de l’arthrose ou de la polyarthrite rhumatoïde), contribuant par là même à une inflation des volumes vendus, peut-être en inadéquation avec le prix initial accordé au laboratoire…

Actuellement, la CNAM croise ses données sur les médicaments pour dénombrer les coprescriptions de Celebrex et Mopral, association étonnante au regard de la prétendue bonne tolérance gastro-intestinale de l’AINS : publication début juillet.