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Bioterrorisme : Ce que vous devez savoir
Psychose ou menace réelle, après les attentats de New York du 11 septembre, les questions se multiplient à l’officine concernant d’éventuelles attaques biologiques. Deux experts évaluent les risques.
Après les attentats de New York du 11 septembre, la riposte américaine en Afghanistan et les deux cas d’anthrax déclarés en Floride, la crainte d’attaques chimiques et biologiques est prise très aux sérieux par tous les pays occidentaux. Quelle est la nature du risque ? Qu’est-ce que l’anthrax ? En quoi consiste le plan Biotox du gouvernement ? De nombreux clients vous interrogent sans doute sur cette menace bioterroriste. Voici quelques éléments qui vous permettront de leur répondre.
Existe-t-il un risque réel d’attentat chimique ou biologique ?
« Ce type d’attaque est possible, affirme le général Michel Curé, ancien responsable du centre de recherche du service de santé des armées et membre du Haut Comité pour la défense civile. L’ex-Union soviétique avait les moyens de mener une guerre bactériologique. Elle disposait notamment d’importants stocks du virus de la variole et avait développé des souches d’anthrax. Aujourd’hui, personne ne sait ce que sont réellement devenues toutes ces armes après l’effondrement et l’implosion de l’URSS. » Le soupçon se porte aussi sur l’Irak qui aurait développé le même type d’arme.
Et puis il y a l’exemple de l’attentat de la secte Aum dans le métro de Tyo en 1995. Une attaque au gaz sarin, un neurotoxique. On sait depuis que la secte avait également essayé de disséminer des toxines botuliques et des souches d’anthrax dans les rues de Tyo, sans résultat heureusement.
Quelle pourrait être la nature d’une attaque biologique ?
Selon les spécialistes, l’anthrax, le botulisme et la variole sont les trois principaux agents biologiques qui pourraient être utilisés en cas d’attaques (voir ci-dessous). Mais beaucoup d’autres maladies ou agents chimiques sont susceptibles de constituer des armes redoutables : salmonellose, peste, choléra, fièvres hémorragiques, sarin, ammoniaque, gaz moutarde… La liste est longue. Les agents biologiques peuvent êtres disséminés par voie aérogène (aérosol, pulvérisateur), par voie orale (contamination des réserves alimentaires et de l’eau) et par contact dermique.
Quelles pourraient être l’ampleur et l’efficacité d’éventuelles attaques ?
« En dehors de l’envoi de missiles avec des têtes chargées d’agents biologiques, le seul moyen de conduire une attaque massive repose sur l’épandage, explique Michel Curé. Or on sait très bien que seul 1 % du produit contaminant résiste à l’épandage. Le risque d’une attaque massive est donc minime puisqu’elle demanderait des moyens financiers, logistiques et scientifiques très importants pour un résultat trop faible. En revanche, une utilisation localisée est à redouter dans les transports en commun ou les supermarchés, les bureaux, partout où il y a des gaines d’aération susceptibles de disperser un agent biologique. »
Mais disperser des souches biologiques n’est pas si simple. « Pour qu’une spore, une bactérie ou un virus vivent, il leur faut un milieu de transport adapté et des conditions extérieures, notamment climatiques favorables, détaille Jacques-Christian Darbord, professeur de microbiologie à la faculté de pharmacie de Paris-V. La toxine botulique est une protéine qui s’altère vite. Présente dans un château d’eau, sa biodégradation se produira après une ou deux journées. Le virus de la variole est très difficile à cultiver, à conserver et surtout à disséminer. En revanche, le charbon, plus facile à multiplier, paraît être un agent de contamination plus aisé pour des terroristes. Une simple boîte de Petri contenant le bacille installé dans le conduit de ventilation d’un immeuble pourrait suffire à contaminé quelques personnes. »
A-t-on les moyens de se protéger ?
En principe, une antibiothérapie classique suffit pour lutter contre le charbon, et il existe en France un lot de 5 millions de vaccins contre la variole. « Si nous disposons de moyens de lutte contre des agents biologiques connus, nous ne pouvons prédire nos résultats face à des agents modifiés en laboratoire, remarque Michel Curé. On sait, par exemple, que des souches d’anthrax soviétiques étaient très virulentes et résistantes aux antibiotiques. »
Quant aux ventes de masques à gaz, en forte progression aux Etats-Unis, elles font sourire Jacques-Christian Darbord. « Le masque à charbon traditionnel de grand-papa ne sera d’aucune efficacité ! Ni contre les bactéries de l’anthrax et encore moins contre des virus… »
Les grandes lignes du plan Biotox
Biotox, présenté le 5 octobre par Bernard Kouchner, s’articule autour de trois thèmes : prévention, surveillance et alerte, intervention en cas de crise.
– Au chapitre de la prévention, il prévoit la sécurisation des lieux de stockage dits sensibles comme certains sites de production pharmaceutique. L’Afssaps est chargée de contrôler la détention et la circulation de certains agents infectieux (peste, charbon, variole, brucellose, diphtérie). Dans le cadre du plan Vigipirate renforcé, des mesures de sécurisation sont mises en oeuvre pour la protection des circuits d’alimentation en eau potable.
– Concernant la surveillance et l’alerte, le dispositif repose à la fois sur le système national de signalement obligatoire de certaines maladies infectieuses (rage, diphtérie, tuberculose, charbon…, 23 maladies au total) et sur les informations issues des laboratoires de microbiologie et de toxicologie qui assurent une veille permanente. Il est également demandé aux professionnels de la santé de signaler tout symptôme ou situation cliniques anormaux, graves ou inhabituels, infectieux ou toxiques aigus.
– S’agissant des interventions en cas de crise, le plan Biotox prévoit une organisation géographique avec, par zone de défense, des hôpitaux de référence chargés de la mise en place des unités de décontamination. Des outils d’information et de formation des responsables hospitaliers et des professionnels de santé sur l’alerte et les conduites à tenir sont en cours de diffusion. L’Afssaps a réalisé un bilan de la disponibilité des médicaments d’urgence et des vaccins. Un dispositif spécifique a été mis en place avec les firmes pharmaceutiques afin d’assurer et de mobiliser les stocks des principaux antibiotiques.
Les trois armes qui font peur
L’anthrax
La bactérie anthrax ou charbon (Bacillus anthracis) est considérée comme une arme biologique de choix. D’origine animale (moutons, bovins et chèvres), c’est un bacille Gram positif à spores. Diffusé sous forme de poudre, il contamine l’eau et l’environnement.
– Incubation : 1 à 6 jours.
– Symptômes : douleurs dans la poitrine, toux, épuisement et fièvre.
– Traitement : des doses massives d’antibiotiques sont efficaces dans les premiers stades de la maladie (ciprofloxacine 500 mg 2 fois/jour, lévofloxacine 500 mg 1 fois/jour, ofloxacine 400 mg 2 fois/jour et doxycycline 100 mg 2 fois/jour).
Prévention : assurer une protection contre la contamination par le sang et les liquides organiques. En cas d’exposition massive, décontaminer la peau à l’eau et au savon.
La variole
Le virus de la variole a été éradiqué en 1977 grâce à des vaccinations massives et une quarantaine stricte. Cela en fait une arme redoutée. Les vaccins inoculés il y a des années n’ont plus d’efficacité et la population jeune n’a jamais été vaccinée (vaccination cessée en 1980). Les réserves de vaccins sont peu nombreuses. La dispersion peut se faire par voie aérogène (aérosol) suivie de la dissémination naturelle de la maladie par le contact avec les lésions et les sécrétions.
– Apparition des symptômes : 10 à 12 jours.
– Symptômes : exposée à une pulvérisation, la victime fait une éruption, suivie de papules rouges et coniques qui formeront avec le temps des vésicules pustuleuses. Ces vésicules, plus courantes sur les extrémités et le visage, diffèrent de celles qui sont produites par la varicelle. Le malade est extrêmement contagieux jusqu’à 14 jours après l’apparition des symptômes et doit être isolé jusqu’à ce que les croûtes se dessèchent. La mortalité est de 3 % dans la population vaccinée et de 30 % dans la population non vaccinée.
– Traitement : vaccin.
Le botulisme
Le botulisme est causé par une neurotoxine produite par diverses souches du bacille anaérobie sporulé Clostridium botulinum. La maladie fait suite à l’ingestion d’aliments contaminés. On redoute surtout la contamination des réserves d’eau potable.
– Apparition des symptômes : 8 à 36 heures.
– Symptômes : nausées, vomissements, crampes abdominales, difficultés de déglutition, constipation, faiblesse et paralysie générale partant de la tête et du cou, puis descendant pour atteindre les muscles de l’appareil respiratoire. Les pupilles sont dilatées ou fixes avec ptôse des paupières.
– Traitement : sérum antibotulique. Administration de charbon activé dans le cas d’une ingestion récente ; il adsorbe la toxine.
(Source : BIT, Québec, http://www.ctq.qc.ca.)
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