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© Getty Images/iStockphoto
Au Brésil, les pharmacies braquées pour Ozempic
Selon les chiffres du New York Times, l’État de São Paulo a recensé un seul braquage de pharmacie en 2022. En 2023, ce chiffre a grimpé à 18, avant d’atteindre 39 en 2024. Une progression alarmante que les autorités attribuent directement à la flambée de la demande pour Ozempic. Face à ces risques, de nombreuses pharmacies ne stockent plus le médicament sur place et le délivrent uniquement sur commande et/ou sur rendez-vous.
Un marché noir florissant
Pourquoi un tel engouement pour les boîtes d‘Ozempic détenues dans les pharmacies ? Deux raisons principales : il n’est accessible que sur prescription médicale et son coût est prohibitif pour une grande partie de la population. Au Brésil, le traitement mensuel avoisine les 150 dollars, tandis que le salaire moyen s’élève à environ 800 euros bruts. Un luxe pour beaucoup, qui se tournent alors vers des circuits parallèles pour se le procurer à moindre coût.
Les trafiquants exploitent cette demande en revendant Ozempic sur Internet ou via WhatsApp, rendant le contrôle de sa distribution encore plus difficile.
Une pression esthétique omniprésente
Le culte de l’apparence joue un rôle majeur dans cette frénésie. Au Brésil, l’esthétique n’est pas perçue comme un luxe mais comme une norme sociale impérative. Le pays est le deuxième au monde en nombre d’interventions de chirurgie esthétique, juste après les États-Unis. La pression s’exerce dès l’adolescence, et les classes les plus modestes n’hésitent pas à s’endetter pour modifier leur apparence. Les réseaux sociaux, TikTok en tête, exacerbent cette tendance avec des « Ozempic influenceurs » vantant les résultats spectaculaires du traitement.
Des conséquences médicales préoccupantes
Si Ozempic promet une perte de poids rapide, son usage présente des risques. Au-delà des éventuels effets secondaires rénaux et visuels, l’effet yo-yo est fréquent : une fois le traitement arrêté, les kilos perdus reviennent souvent.
Autre effet notable : la fonte du visage, décrite sous le terme de « visage Ozempic ». Les pommettes s’affaissent, donnant un air fatigué et vieillissant. Un phénomène qui alimente un nouveau marché : celui des injections de comblement pour restaurer le volume facial. Preuve que les diktats esthétiques ne reculent devant rien.
Une tendance qui inquiète les professionnels de santé
L’utilisation d’Ozempic comme solution miracle pour la perte de poids inquiète les spécialistes. En plus de favoriser les circuits illégaux, ce détournement masque des problématiques de fond : obésité, régulation du métabolisme et impact sociétal des standards de beauté.
Face à l’ampleur du phénomène, les autorités brésiliennes pourraient renforcer les mesures de contrôle et de surveillance de la distribution de ce médicament. Reste à voir si cela suffira à endiguer un trafic déjà bien implanté.
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