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Androcur : un nouveau scandale sanitaire ?
En 2017, Emmanuelle Huet-Mignaton a 53 ans quand elle commence à développer des troubles du langage et à perdre la mobilité de sa main. Diagnostic : cinq méningiomes dont un de… 6 centimètres. « Le neurochirurgien a été formel : ces méningiomes ne sont pas arrivés spontanément. Ils sont l’un des effets secondaires du traitement avec Androcur et Lutéran pour pour soulager mon endométriose. »
Des problèmes connus depuis 2009
Pendant des années, Emmanuelle a bataillé avec de la kiné avant de retrouver l’usage de son membre. Comme des centaines de victimes de ce traitement, Emmanuelle a décidé de porter plainte contre l’ANSM. Elle a aussi fondé l’association Amavea dénombrant aujourd’hui 900 membres. « Des personnes ont eu des séquelles très lourdes : certaines sont restées hémiplégiques. », note-t-elle. Depuis 2009, la communauté scientifique connaissait les risques de méningiome. L’Agence elle-même indique sur son site que « le risque était établi en 2009 ». Malgré l’accumulation d’études, l’ANSM a adressé son premier courrier aux prescripteurs en 2018. « Les recommandations étaient pour le moins problématiques. L’agence conseillait de ne pas débuter ou arrêter le traitement en cas de méningiome. Or, l’acétate de cyprotérone peut induire des méningiomes ! », dénonce l’épidémiologiste Catherine Hill.
La responsabilité de l’Etat est engagée
Deux requêtes ont été déposées le 7 mars par l’avocat Charles Joseph-Oudin au tribunal administratif de Montreuil. Elles visent à faire reconnaître les manquements de l’ANSM. « Les délais entre les premières alertes et les recommandations de l’agence excèdent 14 ans. Elle doit s’expliquer sur cette question », pointe l’avocat déjà en charge du dossier des victimes dans l’affaire Médiator.
Des indemnisations à hauteur de 748 777 euros et 361 515 euros ont été demandées. Une cinquantaine d’autres recours concernant Androcur, Lutéran et Lutényl sont en préparation. La responsabilité de l’Etat étant engagée, l’ensemble des avocats de victimes réclament la mise en place d’un dispositif d’indemnisation type Médiator ou Dépakine. « Mon seul cabinet doit traiter 450 dossiers sur cette question. Il s’agit d’un scandale sanitaire majeur et comme souvent il touche les femmes », note l’avocat.
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