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Alerte sur les mésusages avec la prégabaline et la gabapentine
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait mis en garde les professionnels de santé sur le risque d’abus et de dépendance avec la prégabaline (Lyrica) dès 2016. L’intervention du Pr Maryse Lapeyre-Mestre du CHU de Toulouse (Haute-Garonne), le 15 novembre au congrès de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), apporte cependant un éclairage nouveau sur les risques de mésusage de la prégabaline, ainsi que de la gabapentine (Neurontin). Car les chiffres explosent. Près de 12 000 abus ont été notifiés au niveau européen entre 2004 et 2015, dont la majorité (plus de 75 %), depuis 2012.
L’effet recherché ? L’euphorie. Du fait de leur mécanisme d’action, ces deux antiépileptiques, indiqués également dans les douleurs neuropathiques (gabapentine), et dans les troubles anxieux généralisés (gabapentine et prégabaline) sont potentiellement des agents psychoactifs. L’euphorie, non notifiée au moment de la mise sur le marché, apparaît déjà aux doses thérapeutiques chez 1 à 10 % des patients. L’effet euphorisant semble toutefois plus important avec la prégabaline, dont le potentiel addictif est supérieur à la gabapentine, voire comparable au diazépam. Certains patients n’hésitent pas à dépasser les doses thérapeutiques (parfois jusqu’à 7 500 mg par jour de prégabaline), ou à modifier les voies d’administration (injection, fumée) pour obtenir l’effet escompté.
Associée aux opioïdes chez les toxicomanes
Dans les populations de toxicomanes, la prégabaline est souvent associée aux opiacés afin de potentialiser leurs effets sans en augmenter les doses.
Un « avantage », depuis l’inscription de tous les dérivés opioïdes sur liste I en 2017. Autre « bénéfice » de la prégabaline : les patients ont l’impression de moins ressentir les effets indésirables des opiacés, notamment les sueurs froides et les impatiences liées au syndrome des jambes sans repos, lequel apparaît au moment du sevrage d’opiacés. Revers de la médaille, l’association opioïdes et gabapentinoïdes augmenterait le risque de décès par dépression respiratoire, même pour des doses non toxiques d’opioïdes.
Quels seraient les leviers pour réduire les risques de mésusages de prégabaline ? Surveiller davantage ce médicament au fort potentiel d’utilisation hors AMM (sevrage aux benzodiazépines, par exemple) et dont la banalisation des prescriptions atteint « des proportions inquiétantes », estime le Pr Lapeyre-Mestre.§

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