Phytothérapie Réservé aux abonnés

L’érysimum

Publié le 10 novembre 2016
Par Chantal Ollier
Mettre en favori

Connu comme un spécifique des cordes vocales depuis la Grèce antique, recommandé par Racine à Boileau pour soigner son extinction de voix, l’érysimum ou moutarde des haies, mérite bien son autre appellation d’herbe aux chantres.

DESCRIPTION

Commun en France dans les lieux incultes et au bord des chemins, l’érysimum est une plante herbacée annuelle à tige dressée de 20 à 80 cm de haut et à rameaux très étalés.

Les feuilles de la base sont profondément divisées en lobes inégaux, les feuilles supérieures sont hastées (qui ont la forme d’un fer de lance). Les fleurs très petites, jaunes, à 4 pétales en croix (mai à septembre) sont groupées en grappes lâches à l’extrémité des rameaux et donnent des fruits velus (siliques) allongé et étroits.

COMPOSITION

Composés soufrés : glucosinolates principalement présents dans la plante fraîche (0,3 % minimum dont la putranjivine), donnant par hydrolyse des isothiocyanates (isothiocyanate d’éthyle), lactones soufrées.

Mucilages : 10,9 à 13,5 %.

Flavonoïdes : 0,5 %.

Acides-alcools dont le xylitol : 9 à 10 %.

Publicité

Proline.

Hétérosides cardiotoniques stéroïdiens de type cardénolide.

MÉCANISME D’ACTION

Les composés soufrés stimulent les sécrétions respiratoires à l’origine d’un effet expectorant et mucolytique.

Les mucilages contribuent à calmer l’irritation pharyngée.

Sous forme d’extrait aqueux, l’érysimum se montre myorelaxant, ce qui facilite le passage de l’air dans les bronches.

Une action antioxydante due aux polyphénols contribuerait à protéger les cordes vocales des toxiques environnementaux dont la fumée de tabac.

L’effet antimutagène est attribué aux composés soufrés.

La médecine traditionnelle emploie, le plus souvent, l’érysimum à l’état frais.

POSOLOGIE

Par voie orale :

– infusion 15 minutes de 10 g de plante pour 500 ml d’eau, 250 à 500 ml par jour ;

– extrait sec aqueux (6 – 8 : 1) : 82,5 mg par prise à partir de 12 ans, 27,5 mg par prise de 3 à 11 ans ; à renouveler 3 à 4 fois par jour.

En usage local : extrait sec aqueux (6 – 8 : 1) : 7,5 à 10 mg par pastille ou comprimé à sucer 10 à 12 fois/j à partir de 12 ans et 5 à 6 fois/j entre 6 et 11 ans.

Si les symptômes persistent au-delà d’une semaine de traitement, consulter.

EFFETS INDÉSIRABLES

Aucuns recensés aux posologies et pour les formes galéniques recommandées.

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI, CONTRE-INDICATIONS

En raison de leur faible solubilité dans l’eau, la teneur en cardénolides des extraits aqueux d’érysimum est trop faible pour induire des risques chez l’homme. Toutefois la teneur en cardénolides des extraits secs aqueux doit être inférieure à 1 ppm.

L’érysimum est déconseillé :

– en cas de grossesse et allaitement faute de données suffisantes ;

– par voie orale chez l’enfant de moins de 3 ans faute de données suffisantes et de la nécessité d’une consultation à cet âge ;

– en usage local chez l’enfant de moins de 6 ans en raison de la forme galénique non adaptée.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Non documentées.

Sources : EMA, European Union herbal monograph on Sisymbrium officinale (L) Scop herba. Assessment report on Sisymbrium officinale (L) Scop herba, 30   septembre 2014 ; J Fleurentin, JC Hayon, «   Plantes médicinales, traditions et thérapeutique   », Ed Ouest-France, Rennes, 2008 ; Pharmacopée française, monographies ; Di Sotto A, Di Giacomo S, Toniolo C, Nicoletti M, Mazzanti G, Sisymbrium officinale (L) Scop and its polyphenolic fractions inhibit the mutagenicity of tert-butylhydroperoxide in Escherichia coli WP2uvrAR strain, Phytother Res 2016, 30, 5, 829-34.

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Sisymbrium officinale (L.) Scop (syn Erysimum officinale L).
Famille botanique : Brassicaceæ.
Drogue : partie aérienne fleurie fraîche ou sèche.
Monographie de contrôle : Pharmacopée française (parties aériennes fleuries séchées).
Propriétés pharmacologiques démontrées : – expectorant ; – antioxydant : – myorelaxant ; – antimutagène.
Utilisations traditionnelles : voie orale, usage local pour soulager les irritations de la gorge comme l’enrouement, la toux sèche.
En France également : – voie orale : affections bronchiques aiguës bénignes ; – localement (collutoires, pastilles) : comme antalgique en cas de maux de gorge.