Phytothérapie Réservé aux abonnés

Le cascara

Publié le 26 octobre 2019
Par Chantal Ollier
Mettre en favori

Le bois du cascara aurait servi à la construction de l’arche de Noé d’où le nom d’écorce sacrée (Cascara sagrada) qui lui fut attribué lors de son introduction en Europe. Ses propriétés laxatives ont rapidement été mises en évidence.

PRINCIPAUX CONSTITUANTS

Dérivés hydroxyanthracéniques (8 % minimum) dont 60 à 70 % de cascarosides ou O-glycosides de C-hétérosides d’anthrones (dont cascaroside A), 10 à 20 % d’O-glycosides d’anthraquinones.

Tanins, résines, lipides.

MÉCANISME D’ACTION

L’action laxative du cascara est due à la présence de dérivés hydroxyanthracéniques et se manifeste en 6 à 12 heures.

Les cascarosides ne sont pas absorbés dans le tractus gastro-intestinal. Dans le gros intestin, la flore bactérienne hydrolyse ces hétérosides. Les génines libérées (anthrones, anthraquinones réduites en anthrones par cette même flore bactérienne) exercent 2 types d’actions :

– stimulation de la motilité du côlon ;

Publicité

– augmentation des concentrations en eau et en électrolytes dans la lumière intestinale.

Dans une étude clinique, le cascara s’est montré aussi efficace que le bisacodyl en cas de constipation moyenne mais moins efficace qu’un extrait purifié de bourdaine en cas de constipation sévère.

POSOLOGIE

A partir de 12 ans : l’équivalent de 10 à 30 mg (dose maximale journalière) de dérivés hydroxyanthracéniques exprimés en cascaroside A à prendre en 1 fois, le soir, jusqu’à 2 à 3 fois par semaine pendant 1 à 2 semaines.

Un avis médical est nécessaire pour une durée d’utilisation supérieure.

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI, CONTRE-INDICATIONS

Le cascara est contre-indiqué chez l’enfant de moins de 12 ans, en cas d’obstruction intestinale, de sténose, d’atonie, de crise d’appendicite, de maladie inflammatoire du côlon, de douleurs abdominales d’origine indéterminée ou d’état de déshydratation sévère.

Il est déconseillé en cas de grossesse (génotoxicité possible de certains dérivés anthracéniques) et d’allaitement (passage dans le lait maternel) bien qu’aucun cas d’effet laxatif n’ait été notifié chez des nourrissons au sein.

Il est à éviter en cas d’impaction fécale, de troubles gastro-intestinaux aigus ou persistants n’ayant pas fait l’objet d’une consultation médicale.

La prise à long terme d’un laxatif est à éviter. Les laxatifs stimulants peuvent altérer la fonction intestinale et entraîner une dépendance si leur durée d’utilisation est supérieure aux recommandations.

Le cascara ne doit être utilisé qu’en cas d’échec des mesures hygiénodiététiques et des autres thérapeutiques.

EFFETS INDÉSIRABLES

Risque de réactions d’hypersensibilité, de douleurs abdominales, de spasmes, de selles liquides en cas de côlon irritable ou de surdosage individuel et de coloration des urines en jaune ou brun-rouge selon le pH par les métabolites anthracéniques sans signification clinique.

En cas d’utilisation prolongée, risque de désordres électrolytiques avec albuminurie et hématurie et de pigmentation de la muqueuse intestinale, réversible à l’arrêt du traitement.

En cas de surdosage, risque de fortes douleurs abdominales, de diarrhée sévère avec perte d’eau et d’électrolytes, de déplétion potassique (source de troubles cardiaques, myasthénie) et d’hépatite toxique en cas de surdosage chronique.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

L’hypokaliémie due à un abus de laxatifs potentialise l’action des glycosides cardiotoniques et interagit avec les antiarythmiques, les médicaments qui induisent une réversion du rythme sinusal (quinidine) ou un allongement de l’intervalle QT.

L’utilisation concomitante avec des médicaments hypokaliémiants (corticoïdes, diurétiques) favorise un déséquilibre électrolytique. 

Sources : «   Community herbal monograph on Rhamnus purshianus DC, cortex   », European Medicines Agency (EMA), septembre   2007 ; «   Assessment report on Rhamnus purshianus DC, cortex   », EMA, septembre   2007 ; Max Rombi, Dominique Robert, 120 plantes médicinales , Ed. Alpen, Monaco, 2007.

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Rhamnus purshianus DC
Famille :Rhamnaceæ
Partie utilisée : écorce de tige stockée au moins 1 an avant usage ou chauffée 1 heure à 100 °C
Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne (un extrait sec titré de cascara est également décrit).
Propriétés : laxatives stimulantes
Utilisation : usage bien établi dans le traitement à court terme de la constipation occasionnelle.