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Le cannelier de Ceylan

Publié le 18 janvier 2020
Par Chantal Ollier
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Sa tradition de plante médicinale est une des plus anciennes au monde. Au VIII e  siècle, son prix en Europe était si élevé que la cannelle était réservée aux rois et aux papes.

PRINCIPAUX CONSTITUANTS

Huile essentielle (HE), min. 1,2 % : 55 à 75 % d’aldéhyde cinnamique, moins de 7,5 % d’eugénol, acétate de cinnamyle (1 à 5 %), linalol (1 à 3 %), 1,8 cinéole (1 à 2 %), acide cinnamique.

Autres : proanthocyanes oligomères (2 %) ; acides phénols (acide protocatéchique, acides hydroxycinnamiques) ; diterpènes pentacycliques (cinnazeylanol et son acétate) ; stérols (bêta-sitostérol) ; sucres (jusqu’à 1,8 % de mannitol, d’arabinose et de xylose) ; mucilages (2 à 4 % de glucanes et d’arabinoxylanes) ; amidon (5 à 10 %).

MÉCANISME D’ACTION

La cannelle stimule l’appétit, facilite la digestion, stimule la sécrétion biliaire, ralentit le péristaltisme gastro-intestinal et exerce un effet antispasmodique de type musculotrope et un effet carminatif (HE). Elle s’oppose à l’ulcère gastrique induit par divers toxiques.

Autres effets relevés : antidiarrhéique, antibactérien et antifongique puissant (HE), antinociceptif et anti-inflammatoire (HE, acides phénols), hypoglycémiant (proanthocyanes, aldéhyde cinnamique), hypolipémiant (réduction du taux de cholestérol total, du LDL-cholestérol et des triglycérides avec augmentation du HDL-cholestérol), vasorelaxant (accompagné d’une baisse de la tension artérielle), anti-oxydant puissant et antiradicalaire à l’origine d’une action hépatoprotectrice (composés phénoliques), protecteur contre la maladie d’Alzheimer (proanthocyanes), anti-ostéopénique (la cannelle inhibe la formation des ostéoclastes), cicatrisant.

Des études pilotes confirment que l’infusion de cannelle réduit la peroxydation lipidique. Une autre montre que l’administration (3 mois) se traduit chez le volontaire sain par une baisse de la tension artérielle, du cholestérol total et du LDL-cholestérol, sans pour autant modifier d’autres paramètres ni entraîner de signes de toxicité.

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Son effet sur la glycémie a été peu étudié chez l’homme contrairement à celui de la cannelle de Chine. Il ressort toutefois d’une étude pilote menée chez des diabétiques de type 2 que sa prise en complément du traitement conventionnel entraîne une baisse de la glycémie à jeun et de l’hémoglobine glyquée. Mais une équipe scientifique appelle à la prudence. Les études cliniques chez le diabétique de type 2 complémenté avec de la cannelle (Chine ou Ceylan) ne répondent pas aux normes de qualité requises et les résultats sont sujets à caution : la réduction de la glycémie, le plus souvent significative, ne s’accompagne que d’une baisse modeste de l’hémoglobine glyquée et les doses employées sont parfois très élevées. D’autres études sont nécessaires pour confirmer l’intérêt de la cannelle dans la prise en charge du diabète de type 2 qui ne peut en aucun cas, dans l’état actuel des connaissances, en constituer le seul traitement.

POSOLOGIE

Chez l’adulte, infusion de 15 minutes de l’écorce broyée, 0,5 à 1 g par tasse, jusqu’à 4 fois par jour durant 2 jours (diarrhée) ou jusqu’à 2 semaines (troubles digestifs). Si les symptômes persistent au-delà, il convient de consulter.

En cas de diarrhée, la réhydratation est la première mesure à prendre.

PRÉCAUTIONS D’EMPLOI, CONTRE-INDICATIONS

La cannelle est contre-indiquée en cas d’hypersensibilité à la plante ou au baume du Pérou.

Elle est déconseillée en cas de grossesse, d’allaitement et chez les moins de 18 ans faute de données suffisantes.

EFFETS INDÉSIRABLES

Non documentés.

INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES

Sources : Costello R. B., Dwyer J. T. et coll. «   Do cinnamon supplements have a role in glycemic control in type 2 diabetes ?   », J. Acad. Nutr. Diet. , 2016, nov;116(11):1   794-1   802 ; «   Community herbal monograph on Cinnamomum verum J. S. Presl, corticis aetherolum   », European Medicines Agency (EMA), 10   mai 2011 ; «   Assessment report on Cinnamomum verum J. S. Presl, cortex and corticis aetherolum   », EMA, 10   mai 2011 ; Ranasinghe P., Jayawardena R. et coll. «   Efficacy and safety of “true” cinnamon as a pharmaceutical agent in diabetes   », Diabet. Med. , 2012, dec;29(12):1   480-92 ; Ranasinghe P., Pigera S. et coll. «   Medicinal properties of “true” cinnamon   », BMC Complement. and Altern. Med. , 2013, oct.22;13:275 ; Ranasinghe P., Jayawardena R. et coll. «   Evaluation of pharmacodynamic properties and safety of Cinnamomum zeylanicum in healthy adults   », BMC Complement. and Altern. Med. , 2017, dec;17(1):550 ; Ranasinghe P., Galappaththy P. et coll. «   Cinnamomum zeylanicum as a potential pharmaceutical agent for type 2 diabetes mellitus   », Trials , 2017, sept;18(1):446 ; E. Teuscher, R. Anton, A. Lobstein, Plantes aromatiques, Ed. Tec & Doc, Paris, 2005 ; Vafa M., Mohammadi F. et coll. «   Effects of cinnamon consumption on glycemic status, lipid profile and body composition in type 2 diabetic patients   », Int. J. Prev. Med. , 2012, aug;3(8):531-6 ; M. Wichtl, R. Anton, Plantes thérapeutiques, Ed. Tec & Doc, Paris, 2003.

Non documentées. 

FICHE TECHNIQUE

Nom latin : Cinnamomum verum J.S. Presl (C. zeylanicum Blume, C. zeylanicum Nees).
Famille :Lauraceae
Partie utilisée : écorce desséchée privée du liège externe et du parenchyme sous-jacent des rejets (1 à 2 ans d’âge au minimum) développés sur les souches taillées. Les écorces les plus fines sont les plus appréciées.
Monographie de contrôle : Pharmacopée européenne.
Utilisations traditionnelles : – troubles spasmodiques gastro-intestinaux légers, y compris flatulences et ballonnements, – diarrhées légères, – en France pour stimuler l’appétit et dans les états de fatigue passagers.