La réglisse : son usage en phytothérapie

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La réglisse : son usage en phytothérapie

Publié le 18 janvier 2025 | modifié le 20 janvier 2025
Par Nathalie Belin
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Prisée en confiserie pour sa saveur sucrée et aromatique, la réglisse l’est aussi pour ses vertus médicinales connues depuis plus de 3 000 ans. Elle est essentiellement utilisée comme expectorant et pour soulager les douleurs digestives.

Description

La réglisse est un arbuste vivace d’un mètre de haut originaire d’Asie centrale et des régions méditerranéennes. Ses tiges portent de grandes feuilles alternes composées de 9 à 17 folioles. Les fleurs, bleues ou violacées, forment des grappes le long de la tige. Les fruits sont des gousses aplaties. La racine et les stolons, bruns à l’extérieur et jaune clair à l’intérieur, ont une saveur sucrée et parfumée.

Fiche technique

Nom latin : Glycyrrhiza glabra L., Glycyrrhiza inflata Bat., Glycyrrhiza uralensis Risch.

Famille : Fabaceae.

Partie utilisée : racine et stolons séchés, récoltés sur des plants de 4 ans au moins.

Contrôle et qualité : Pharmacopée européenne.

Principales propriétés

Antiulcéreux, anti-inflammatoire, expectorant, apaisant et antispasmodique, antioxydant, hépatoprotecteur, antibactérien, antiviral, sucrant.

Principales indications

Usage traditionnel pour soulager les symptômes digestifs, dont les dyspepsies et les brûlures d’estomac, comme expectorant en cas de toux, en gargarisme dans les maux de gorge ou les affections buccales

Principaux constituants

– Saponosides triterpéniques (minimum 4 %) : glycyrrhizine qui libère, après hydrolyse, de l’acide glycyrrhétinique (ou acide glycyrrhizique).

– Flavonoïdes (0,65 à 2 %) : isoliquiritigénine, liquiritigénine, licochalcone, lichoridine, glabrène, etc.

– Coumarines : ombelliférone, herniarine, licocoumarone.

– Polysaccharides (10 %).

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– Huile essentielle en faible quantité : anéthole, estragol, géraniol.

Mécanisme d’action

L’acide glycyrrhizique inhibe l’enzyme dégradant le cortisol, d’où une action anti-inflammatoire mais aussi, en cas d’usage excessif, notamment chronique, un état de pseudohyperaldostéronisme. Inhibition également de la production de cytokines et de prostaglandines pro-inflammatoires par les saponosides et les flavonoïdes qui possèdent également des effets antioxydants.

L’effet antiulcéreux est lié au blocage de la production d’acide au niveau gastrique par la glycyrrhizine et à l’augmentation de la production de prostaglandines protectrices par les flavonoïdes. Ces derniers (glabrène et glabridine) inhibent la croissance in vitro d’Helicobacter pylori.

Les propriétés antispasmodiques sont attribuées à des flavonoïdes et l’action expectorante à la glycyrrhizine. Les polysaccharides ont également des propriétés émollientes, contribuant à la protection des muqueuses.

Certains flavonoïdes exercent une action antibactérienne et antifongique. La glycyrrhizine inhibe la prolifération de virus in vitro.

La plante produit aussi un effet hépatoprotecteur, notamment dû à l’acide glycyrrhétinique et antiallergique (acide glycyrrhétinique, glycyrrhizine et certains flavonoïdes).

Posologie

Dyspepsies et brûlures d’estomac : 1,5 à 2 g en décoction dans 150 ml d’eau bouillante, 2 à 4 fois par jour, durant 4 semaines au maximum. Si les symptômes persistent au-delà de 2 semaines, un avis médical est requis.

Toux (en tant qu’expectorant) : 1,5 g en décoction dans 150 ml d’eau bouillante, 2 fois par jour. Un avis médical est nécessaire si les symptômes durent plus d’une semaine.

Effets indésirables

La réglisse serait responsable de plus de 12 % des effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires ou de produits traditionnels à base de plantes. L’utilisation de fortes doses (plus de 50 g par jour ou plus de 100 mg par jour de glycyrrhizine) de façon chronique (généralement au moins 6 semaines) peut induire un pseudohyperaldostéronisme qui se traduit par une hypokaliémie, une rétention hydrosodée et une élévation de la pression artérielle. Cet effet indésirable peut se manifester chez des personnes ne présentant pas d’hypertension artérielle. Entre 2012 et 2021, 64 cas d’intoxication (dont 42 % de symptômes graves) en lien avec la consommation de boissons, de confiseries, de tisanes, moins souvent de compléments alimentaires, ont été rapportés.

Précaution d’emploi

La réglisse est déconseillée chez les personnes de moins de 18 ans, en cas de grossesse et d’allaitement, en cas d’hypertension, de troubles hépatiques ou cardiovasculaires, d’hypokaliémie ou d’insuffisance rénale chronique. Elle n’est pas recommandée en association avec des diurétiques, des corticoïdes, des laxatifs stimulants, la digoxine ou tout autre médicament susceptible d’induire des troubles hydroélectrolytiques.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) recommande de ne pas dépasser 10 mg par jour de glycyrrhizine en cas de consommation chronique. Quelles que soient les circonstances, ne pas multiplier les sources d’apport.

Sources : « Effets indésirables induits par la réglisse consommée dans le cadre alimentaire », Anses, octobre 2022 ; « Boissons, bonbons et autres aliments à base de réglisse : à consommer avec modération », Vigil’Anses n° 18, novembre 2022 ; « Community herbal monograph on Glycyrrhiza glabra L. » et « Assessment report on Glycyrrhiza glabra L. », European Medicines Agency, 2012 et 2013 ; Du bon usage des plantes qui soignent, Jacques Fleurentin, 2022 ; « Radix Glycyrrhizae », WHO monographs on selected medicinal plants, volume 1, 1999.