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Zytiga
L’abiratérone est la première molécule de sa classe. Il s’agit d’un traitement de deuxième ligne de certains cancers de la prostate. Il s’ajoute dans son indication au cabazitaxel (Jevtana, à l’hôpital). Parmi les traitements à même visée thérapeutique disponibles en ville figurent la mitoxantrone (Novantrone) et l’estramustine (Estracyt).
Indication
Zytiga est indiqué en association avec la prednisone ou la prednisolone chez les patients souffrant d’un cancer de la prostate métastasé résistant à la castration et ayant progressé pendant ou après une chimiothérapie au docétaxel.
Mode d’action
L’abiratérone est un inhibiteur de la synthèse des androgènes. Il bloque sélectivement l’enzyme CYP17 nécessaire à la biosynthèse des androgènes au niveau des testicules, des glandes surrénales et des tissus tumoraux prostatiques.
Posologies
• La dose recommandée est de 4 comprimés, soit 1 000 mg, en une prise quotidienne et en association à de faibles doses de prednisone ou de prednisolone (10 mg). Les comprimés de Zytiga doivent être avalés en entier avec de l’eau.
• L’abiratérone doit être prise au moins une heure avant ou deux heures après toute prise alimentaire sous peine de voir augmenter de façon notable l’exposition au médicament.
• En cas d’oubli d’une dose quotidienne de Zytiga, de prednisone ou de prednisolone, il convient de poursuivre le traitement le lendemain à la dose habituelle.
Contre-indications
• Femmes enceintes ou susceptibles de l’être (Zytiga n’est pas indiqué chez la femme).
• Hypersensibilité à l’un des composants.
Grossesse et allaitement
• Zytiga ne doit pas être administré chez la femme.
• L’utilisation d’un préservatif est nécessaire en cas de rapport sexuel entre un homme sous traitement et une femme enceinte.
• L’utilisation d’un préservatif associée à une autre méthode de contraception efficace est nécessaire lors de rapports sexuels avec une femme en âge de procréer.
Effets indésirables
• Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés (plus de 10 % des cas) au cours des études cliniques ont été des œdèmes périphériques, une hypokaliémie, une hypertension artérielle et des infections du tractus urinaire. Des hypertriglycéridémies et des affections cardiaques telles qu’une insuffisance cardiaque, de l’angine de poitrine et des troubles du rythme ont également été fréquentes (de 1 à 10 %).
La tension artérielle, la kaliémie et la rétention hydrique doivent être surveillées avant l’instauration du traitement puis a minima de façon mensuelle.
• Des perturbations enzymatiques au niveau hépatique sont apparues lors des essais cliniques. Les transaminases doivent donc être dosées avant le début du traitement, toutes les 2 semaines pendant les 3 premiers mois puis tous les mois. Ce dosage doit également être pratiqué immédiatement en cas d’apparition de symptômes évocateurs d’une hépatotoxicité. Si le taux d’ALAT augmente plus de 5 fois par rapport à la normale, le traitement doit être immédiatement interrompu et la reprise du traitement pourra avoir lieu à demi-dose après le retour à la normale.
Si le taux d’ALAT est multiplié par 20, le traitement doit être arrêté sans réintroduction ultérieure.
Interactions médicamenteuses
• La prudence est recommandée lorsque Zytiga est associé à des molécules interférant avec le CYP2D6 (métoprolol, propranolol, désipramine, venlafaxine, halopéridol, rispéridone, propafénone, flécaïnide, codéine, oxycodone, tramadol…), en particulier si leur marge thérapeutique est étroite. Il est alors recommandé d’envisager une diminution de la dose de ces molécules.
• L’association de Zytiga avec des molécules fortement inhibitrices ou inductrices du CYP3A4 doit être évitée ou utilisée avec prudence.
FICHE TECHNIQUE
Acétate d’abiratérone 250 mg pour un comprimé ovale blanc.
Boîte de 120 comprimés, remb. SS à 100 %, 3612,58 €, AMM : 217 497.4.
Janssen-Cilag 01 55 00 45 00
LE CANCER DE LA PROSTATE
→ Qu’est-ce que c’est ?
• Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquemment rencontré chez l’homme (près de 130 cas pour 100000 hommes en 2010).
• En 2010, il ne représentait que la quatrième cause de mortalité par cancer, avec un taux de survie à 5 ans de 80 %. D’évolution très lente, ce cancer reste en général localisé au niveau de la prostate. Il est très souvent asymptomatique mais peut également entraîner des troubles urinaires et érectiles.
• Toutefois, ce cancer peut parfois évoluer rapidement et s’étendre voire métastaser. Des douleurs osseuses, une perte de poids et une fatigue peuvent alors apparaître.
• La rapidité d’évolution de cette pathologie est évaluée par l’échelle de Gleason : basée sur le degré de différenciation des cellules cancéreuses, elle est graduée de 2 (évolution lente) à 10 (évolution rapide).
→ Quels sont les facteurs de risque ?
• L’incidence augmente avec l’âge. L’âge moyen au diagnostic est de 70 ans.
• Le risque est plus élevé en cas d’antécédents familiaux.
• L’origine ethnique a également une influence : les hommes d’origine africaine ont un risque plus élevé que les Caucasiens. Le risque est moindre chez les Asiatiques. Toutefois, une alimentation occidentale (riche en graisses animales) peut accroître ce risque.
→ Comment ce cancer est-il dépisté ?
• Le dépistage systématique du cancer de la prostate fait polémique. Un risque de surdiagnostic et de surtraitement de cancers qui n’auraient jamais évolué fait préférer une recherche au cas par cas.
• Le diagnostic comprend un toucher rectal, qui permet de détecter d’éventuelles irrégularités de la prostate, associé à un dosage du PSA (antigène prostatique spécifique libéré dans le sang par la prostate). Une biopsie de la prostate est réalisée en cas d’anomalie.
Sylviane Le Craz
DÉLIVRANCE
• Liste I.
• Prescription initiale hospitalière annuelle réservée aux oncologues et aux médecins compétents en cancérologie.
• Renouvellement non restreint.
L’AVIS DE LA HAS
• Service médical rendu important.
• Amélioration modérée du service médical rendu (ASMR III).
• Population cible annuelle estimée à environ 4 000 patients.
Dites-le au patient
• Les comprimés doivent impérativement être avalés une heure avant ou deux heures après toute prise alimentaire.
• Informer les patients suivant un régime hyposodé que 4 comprimés de Zytiga apportent 27,2 mg de sodium.
L’AVIS DU PHARMACOLOGUE DENIS RICHARD, HÔPITAL LABORIT (POITIERS)
Abiratérone : un progrès notable
L’inhibition de la production intracellulaire d’androgènes induit une privation androgénique supérieure à celle obtenue avec l’association analogue de la LH-RH/antiandrogène. L’abiratérone (Zytiga) inhibe de façon puissante, sélective et irréversible le cytochrome CYP17A1 assurant l’activité 17-alphahydroxylase et 17, 20-lyase au niveau des testicules, de la corticosurrénale et des cellules tumorales prostatiques. Son administration bloque la synthèse intracellulaire des androgènes (testostérone, dihydrotestostérone). Ce traitement respecte la synthèse des glucocorticoïdes et des minéralocorticoïdes car l’abiratérone inhibe moins les CYP11B1 et 11B2 (il est cependant nécessaire de compenser le déficit en cortisol en associant l’abiratérone à de la prednisone ou de la prednisolone). L’abiratérone augmente la synthèse de l’aldostérone, d’où un risque d’hyperminéralocorticisme.
L’avis de la Commission de la transparence repose sur une étude pivot de phase III randomisée versus placebo. Incluant 1 195 patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, en situation d’échec après chimiothérapie par docétaxel, elle montre une médiane de survie globale plus élevée dans le groupe abiratérone + prednisone que dans le groupe placebo + prednisone (14,8 mois versus 10,9 mois). Les critères secondaires (médiane du temps jusqu’à augmentation du taux de PSA de 25 % après 12 semaines de traitement, survie sans progression radiologique…) sont en faveur de l’abiratérone, comme le pourcentage de réponse objective.
A terme, la place de ce traitement, qui modifie sensiblement le regard porté sur le cancer de la prostate métastasé, est susceptible d’évoluer : l’abiratérone sera probablement administrée dès le stade d’hormonosensibilité de la maladie.
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