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Retrait de la cérivastatine : Bayer s’est mis hors jeu

Publié le 15 décembre 2001
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Le 8 août 2001, Bayer décide d’arrêter la commercialisation de la cérivastatine. De façon unilatérale et sans concertation selon l’Afssaps. Les associations de patients poursuivent leurs actions en justice.

En décidant de façon unilatérale l’arrêt de commercialisation de la cérivastatine, Bayer n’a pas respecté l’esprit des règles du jeu. C’est ce que conclut l’Afssaps dans un rapport sur les conditions de ce retrait, présenté la semaine dernière à Bernard Kouchner. Celui-ci regrette que « le retard dans la transmission d’informations aux autorités sanitaires ait singulièrement compliqué l’exercice de la mission d’information du public ».

L’Agence souligne en outre que le 8 août, « les autorités de santé européennes n’avaient pas d’information précise sur les motifs réels de santé publique qui justifiaient cette décision et l’urgence de sa mise en place, alors qu’une action de réévaluation était en cours au niveau européen ».

La CNAM, de son côté, a mené l’enquête sur le nombre de prescriptions mensuel de cérivastatine : en juin 2001, 358 000 ordonnances de cérivastatine ont été remboursées (cette molécule représente 14 % des statines présentées au remboursement en nombre de boîtes). Dans la plupart des cas la posologie est restée modérée et la non-association au gemfibrozil était respectée. « Ces constats sont en faveur d’un risque thérapeutique nettement inférieur en France à celui observé dans d’autres pays », démontre la CNAM.

Pourtant les patients ont été très choqués par ce retrait brutal et continuent de réagir.

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Près de 500 plaintes contre Bayer

« St’halt tort tue », la principale association de défense des patients traités par la cérivastatine, vient d’adresser au parquet de Nanterre – ville où est installé le siège de Bayer – plus de 200 plaintes groupées contre le laboratoire pharmaceutique et environ 200 autres devraient suivre dans les prochaines semaines. Créée à Montpellier en août dernier, cette association compte aujourd’hui plus de 550 adhérents et dénombre à ce jour six décès « suspects » dans ses rangs. Début novembre déjà, plus d’une centaine de plaintes de malades avaient été regroupées au parquet de Nanterre sur décision du ministère de la Justice.

Par ailleurs, l’association engagera avant Noël auprès du Conseil d’Etat une procédure administrative de recours en responsabilité de l’Etat « pour carence et faute dans l’AMM du produit et mesures tardives », indique Michel Lefebvre, son président.

Bernard Kouchner recevra le 20 décembre les représentants des trois associations de malades concernées qui, d’ici là, auront constitué un collectif.