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Restructuration solidaire dans l’Indre

Publié le 9 décembre 2017 | modifié le 1 janvier 2025
Par Francois Pouzaud
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La solidarité des pharmaciens castelroussins est exemplaire. Pour la troisième fois en quatre ans, tous les officinaux de l’agglomération ont racheté une pharmacie à Châteauroux (Indre) pour la fermer, évitant à son titulaire de partir sans avoir à subir une perte sèche.

Sans exception, toutes les pharmacies de Châteauroux et de l’agglomération se sont cotisées pour racheter le fonds de la pharmacie Victor-Hugo, détenue par une pharmacienne de 73 ans. Celle-ci cherchait un repreneur depuis cinq ans. Il faut dire que les acquéreurs sont peu nombreux à vouloir s’aventurer en terre berrichonne en raison de son manque d’attrait. « Le réseau a besoin de se restructurer, particulièrement dans notre département de l’Indre où les pharmacies sont en surnombre, assez petites, desservant une population très âgée et subissant le déclin démographique », explique Jocelyne Wittevrongel, présidente de la délégation départementale de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En huit ans, c’est la douzième officine à avoir baissé le rideau dans le département. « Il y a eu trois regroupements, le reste est constitué de rachats et de fermetures », précise-t-elle.

Des encouragements de l’ARS

Le mouvement de solidarité des officinaux a permis à la titulaire de la pharmacie Victor-Hugo de trouver un arrangement financier pour fermer son officine, alors même qu’une majorité d’entre eux n’a bénéficié d’aucun report de clientèle. C’est la troisième fois qu’une telle opération se réalise. L’ARS a validé cette restructuration, adressant même des mots d’encouragement aux initiateurs de ces rachats collectifs. « Compte tenu de nos engagements pour la profession et au niveau du département, les pharmaciens nous ont fait confiance même si, lors du premier tour de piste, certains ont été plus difficiles que d’autres à convaincre », se souvient Jocelyne Wittevrongel.

Un montage financier réfléchi

L’opération exige un montage bien bordé, bâti avec l’aide indispensable d’un avocat spécialisé. « A chaque fois, le montage financier, discuté de gré à gré, a été différent. » Pour la pharmacie Victor-Hugo, qui réalisait 1,1 M€ de chiffre d’affaires, le rachat s’est situé autour de 45 % du CA HT.

La moitié du montant du rachat du fonds a été supporté par le confrère le plus proche, 25 % par trois autres officines légèrement plus éloignées et les 25 % restants par le reste des participants. A cela, il faut ajouter la prise en charge des frais induits par la fermeture de l’officine (coût des licenciements, leasing informatique à rembourser…) qui a été calculée selon la même répartition.

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En revanche, le rachat du stock a été divisé en parts égales en valeur, comme lors des deux précédents rachats, même si la répartition des marques de parapharmacie et de médicaments génériques a tenu compte du référencement de chaque pharmacie.

Deux ans plus tôt, ces mêmes pharmaciens avaient eu le même geste de solidarité pour une pharmacie de 100 000 € rachetée 70 % de son CA, mais compte tenu de la faiblesse du montant, la participation était identique pour tout le monde.

Déjà en 2013, la pharmacie centrale (800 000 €), rachetée 500 000 € par les pharmaciens de Châteauroux, du Poinçonnet et de Déols, prenait en compte d’autres critères de répartition : l’écot de chaque titulaire était calculé en fonction de sa proximité avec l’officine à fermer et du CA de sa propre affaire. « En mixant ces deux critères, la quote-part de chacun oscillait entre 3 500 et 96 000 », précise Jocelyne Wittevrongel. Lors de ces trois opérations, la solidarité et la loyauté entre confrères ont été totales. « A chaque fois, un article a été publié dans la presse précisant que le rachat avait été réalisé par tous les pharmaciens, ces derniers respectant leur engagement moral à ne divulguer aucune des tractations réalisées. »

La pharmacie Victor-Hugo a pu être rachetée par plusieurs pharmaciens pour être fermée.
DR