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« Prouvez chaque jour que vous améliorez le service rendu aux patients »

Publié le 21 novembre 2009
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Jusqu’en octobre dernier, Muriel Dahan a été la conseillère technique « Médicaments, produits industriels et de santé, pharmacie et biologie » de Roselyne Bachelot. Elle revient pour « Le Moniteur » sur les deux années passées à ce poste éminemment stratégique.

Quel était le contexte de votre arrivée au ministère ?

L’officine était attaquée de toute part et en particulier sur le monopole. Roselyne Bachelot s’est battue en réaffirmant l’importance d’un réseau de proximité, le rôle social du pharmacien, la sécurité offerte aux patients et la nécessité que le capital officinal reste aux pharmaciens. Même l’argument du prix a été contré avec la décision d’autoriser le libre accès.

A quoi attribuez-vous cette convergence d’attaques ?

Certainement à une volonté de parvenir à une société plus libérale avec l’impression que les pharmaciens jouissaient de privilèges qui n’en sont pourtant pas. Cela dit, un monopole de distribution peut être considéré comme un privilège si on ne l’explique pas. Derrière, il y a aussi des exigences.

Mais la menace plane toujours…

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Certes, et voilà pourquoi il ne faut pas rater une occasion de mettre en avant la sécurisation du circuit du médicament. Il faut prouver chaque jour que l’amélioration du service rendu par les pharmaciens est réelle. Rien n’est jamais acquis.

Considérez-vous le libre accès comme une valeur ajoutée ?

Oui, car c’est une occasion de mettre en avant le rôle de conseil. Sur ce sujet, la confusion a été manifeste. Les pharmaciens n’en ont pas perçu l’intérêt. Pourtant, sans cette réforme, la sortie de l’officine aurait été inéluctable. Plus les enquêtes négatives se succèdent sur le sujet, plus elles fragilisent le circuit de distribution pharmaceutique.

La loi HPST ne risque-t-elle pas d’envenimer les relations entre médecins et pharmaciens ?

L’objectif de cette loi n’est pas que le pharmacien se prenne pour un médecin. L’idée est de répondre à des besoins accrus de la part des patients. Et que les pharmaciens soient des partenaires susceptibles de participer au suivi rapproché du malade. Comme les autres professionnels de santé d’ailleurs.

Les officines se spécialiseront…

Il restera toujours un corps commun de services que tous les pharmaciens devront continuer à assumer. Mais chacun pourra aussi développer des offres spécifiques. L’intérêt d’officines d’une taille certaine émerge. Des groupes de travail sont en cours de constitution sur le sujet du regroupement. C’est une nécessité économique, c’est le sens de l’avenir.

La rémunération officinale est-elle appelée à évoluer ?

Les pharmaciens assurent un double rôle : professionnel de santé et commerçant. Il n’y a aucune honte à vendre des médicaments, il faut accepter cette dualité. Mais il faut arriver aujourd’hui à un modèle qui permette à chaque type de pharmacie de fonctionner, sans que l’une perde énormément pendant que l’autre remporte tout. L’enjeu pour les pharmaciens est d’identifier leurs fonctions « intellectuelles ».

Autre patate chaude, le dossier des médicaments en EHPAD…

Si les EHPAD se regroupent et mettent en place leur propre PUI, les pharmaciens perdent le marché de ces EHPAD, et par là même une belle occasion de démontrer leur valeur ajoutée auprès des personnes âgées hébergées en institution. Si les expérimentations en cours (intégration des dépenses de médicaments dans le forfait soins des EHPAD ne disposant pas déjà de PUI) ne sont pas fructueuses, c’est le risque.

Vincent Houdry succède à Muriel Dahan

A 48 ans, Vincent Houdry, diplômé de la faculté de Lille, a multiplié les expériences professionnelles. Agence de communication médicale, industrie pharmaceutique et acquisition d’une officine à Bordeaux en février 1995. Officine qu’il revendra en avril 1997, date à laquelle Vincent Houdry fait son entrée dans les services du ministère de la Santé. Fort d’un diplôme de pharmacien inspecteur de santé publique, il dirige le département de contrôle de la publicité des produits de santé à l’Afssaps en 1998. En octobre 2000, il intègre la DRASS d’Aquitaine avant d’entrer en septembre 2003 à la Direction de la Sécurité sociale. Plus récemment, au sein de la Commission européenne, il s’est impliqué dans la gestion des risques liés aux maladies transmissibles et dans la préparation aux crises sanitaires. Avant de finalement intégrer le poste de conseiller technique « produits de santé et biologie » au cabinet de Roselyne Bachelot en septembre dernier.