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PANDÉMIE GRIPPALE

Publié le 23 septembre 2006
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A qui donner la priorité en cas de pandémie ?

Ce problème éthique, bien connu des chirurgiens militaires en temps de guerre, pourrait se poser lors d’une prochaine pandémie de grippe. Il a été abordé lors du premier colloque national « Ethique et pandémie grippale » qui s’est déroulé le 15 septembre au ministère de la Santé et des Solidarités. La réponse n’est ni simple, ni figée, ni unique.

– Qui sera prioritaire pour les antiviraux ? Les stocks français d’antiviraux (oseltamivir, zanamivir) étant maintenant suffisants pour soigner plus de 20 millions de malades, la distribution en pharmacie ne devrait pas poser de problème éthique si les grossistes-répartiteurs et les transporteurs mettent en oeuvre les procédures prévues pour maintenir la distribution des médicaments à un niveau suffisant. Quant à la prescription, il faut que les médecins de ville parviennent à s’organiser pour que les antiviraux soient prescrits à tous les malades très rapidement. Ce sera donc d’abord un problème d’intelligence, de bonne volonté, d’organisation et de concertation. La balle est actuellement dans le camp des médecins libéraux.

– En cas de complications graves, qui sera prioritaire en réanimation ? La réponse des réanimateurs est plus que nuancée. Plusieurs options sont possibles : soit on cherche à sauver le plus grand nombre de vies possible (le choix des malades prioritaires repose sur des algorithmes calculant les « chances de survie ») ; soit on cherche à maximiser le nombre des années de vie en tenant compte de la qualité de vie (ce qui tend à privilégier les malades les plus jeunes au détriment des personnes âgées) ; soit on se fonde sur une volonté d’équité : si on veut traiter de la même façon tous les cas identiques, il faut recourir au tirage au sort ou à des règles de type « premier arrivé premier servi ». Enfin, si on choisit de traiter différemment des malades justement reconnus comme différents, on sera amené à privilégier les malades les plus fragiles ou les plus démunis.

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Quelle que soit la méthode choisie, il faudra qu’elle soit publique et argumentée. Il faudra aussi lutter contre les passe-droits.