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Littératie en santé, une notion bien utile

Publié le 30 mars 2019
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La communication reste parfois difficile avec certain(e)s de nos patient(e)s, particulièrement les personnes âgées et celles qui connaissent une certaine précarité sociale. Pour aider les professionnels à avancer sur ce sujet, une nouvelle notion est apparue récemment : la littératie en santé. Stephan Van den Broucke, professeur de psychologie de la santé et des sciences de l’éducation à l’Université catholique de Louvain (Belgique), la définit ainsi : « La littératie en santé correspond à la capacité des individus à repérer, comprendre, évaluer et utiliser des informations utiles pour pouvoir fonctionner dans le domaine de la santé et agir en faveur de leur santé. On y inclut parfois aussi la motivation nécessaire pour utiliser ces compétences. Il s’agit donc d’abord d’éléments personnels. Mais il ne faut pas oublier le rôle du contexte, qui impose ses propres exigences. » Cette notion va donc au-delà de la lecture – écriture. Elle implique les capacités de trier les informations, de déterminer l’information la plus fiable en prenant en compte les facteurs contextuels, et de l’intégrer à ses propres manières d’être, et, enfin, de communiquer ses besoins particuliers, en vue de « prendre soin de soi ».

Le niveau de littératie constitue un déterminant important de la santé : il a été démontré qu’un faible niveau de littératie – lié le plus souvent à un faible niveau de revenu ou d’éducation, à l’appartenance à un groupe minoritaire, et caractéristique de certaines tranches d’âge comme les 18-24 ans et les personnes âgées – correspond à une chance moindre d’être en bonne santé.

Ce niveau va également de pair avec une moins bonne autogestion des maladies chroniques, une moindre sensibilité aux propositions de dépistage, une très faible participation aux programmes de promotion de la santé, comme à une augmentation du nombre d’hospitalisations et de réhospitalisations.

En Belgique, les professionnels de santé se sont rendu rapidement compte qu’ils ne sont jamais perdants en « se mettant dans la peau » des personnes auxquelles ils s’adressent, ainsi qu’en prenant soin de leur expression. Et les preuves sont là : les consultations médicales, les appels téléphoniques, l’utilisation des soins d’urgence s’en trouvent diminués. L’intérêt va croissant, à tel point que le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) considère la littératie en santé comme un indicateur de la qualité des soins.

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Alors, quand nous donnera-t-on, en France, les moyens de nous former et d’investir sérieusement dans l’éducation des personnes ayant un faible niveau de littératie ?