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Les erreurs les plus grossières des jeunes diplômés

Publié le 28 septembre 2013
Par Francois Pouzaud
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Quand ils s’installent, les pharmaciens fraîchement débarqués de la faculté ont souvent tout à apprendre. Livrés à eux-mêmes, ils ont parfois les yeux plus gros que le ventre et peuvent manquer de prudence, notamment dans la gestion de la trésorerie.

Lionel Canesi, expert-comptable du cabinet C2C Pharma, constate que les « erreurs de jeunesse » sont plus facilement commises quand le chiffre d’affaires de l’officine progresse fortement. « Cela arrive souvent lors de la reprise d’une officine tenue par un titulaire âgé ou à la suite d’un transfert. Le jeune pharmacien se laisse alors griser par la progression réalisée. »

Ne pas anticiper les difficultés de trésorerie

Philippe Sadmi, installé depuis trois ans à Marseille (Bouches-du-Rhône), reconnaît avoir un peu brûlé les étapes. « Quand je me suis installé, je voulais proposer de nouvelles offres et des prix attractifs pour me démarquer de mon prédécesseur. J’ai donc référencé de nouvelles gammes sans penser à la trésorerie que cela allait immobiliser. Aujourd’hui, je réalise qu’il faut se laisser plusieurs mois pour décider de l’implantation de nouvelles marques. »

Du fait de leur inexpérience, les jeunes diplômés maîtrisent également mal leurs achats. « Certains n’osent pas acheter, alors que d’autres surstockent et font la course aux remises, augmentant ainsi de manière dangereuse leur besoin en fonds de roulement », explique Lionel Canesi.

Autre écueil : le jeune titulaire peut se laisser endormir par une trésorerie pléthorique les deux premières années, n’anticipant pas les difficultés financières en troisième année. « Au départ, le jeune installé va bénéficier d’un crédit vendeur de 12 mois sur le stock, puis obtenir du grossiste un crédit-découpage (étalement d’un mois d’achat sur 12 mois), mais payer des cotisations sociales personnelles avec un rattrapage important en troisième année », met en garde l’expert-comptable.

Etre dispendieux dans les travaux d’installation

Il arrive aussi que l’on confonde trésorerie et possibilités de prélèvements personnels. « Les jeunes titulaires de pharmacies de chiffre d’affaires de moins de 1,3 M€, en particulier les femmes, sont moins regardants pour embaucher un adjoint à temps partiel, faisant passer leur confort de vie avant l’intérêt de leur entreprise », précise Michel Watrelos, expert-comptable du cabinet Conseils et Auditeurs Associés. En outre, les jeunes diplômés n’investissent pas toujours avec les ressources adéquates et à bon escient. « J’ai entrepris des travaux de rafraîchissement de l’officine dès la première année. Compte tenu qu’il y avait 80 000 € en trésorerie, j’ai engagé ensuite de plus gros travaux pour trouver de nouveaux relais de croissance, en les autofinançant à hauteur de 40 000 € sur les – mauvais – conseils de la banque », explique Philippe Sadmi. Erreur ! « S’il avait sollicité plusieurs avis, il aurait su que l’on finance toujours un “besoin long terme” par une “ressource long terme” », rappelle Michel Watrelos, qui conseille, pour des travaux d’installation, d’investir entre 20 000 et 50 000 € HT. Attention également aux leasings?! « Il ne faut pas en abuser car le coût global est beaucoup plus élevé qu’un achat comptant ou un crédit classique », met en garde Philippe Sadmi.

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Un autre piège : la gestion du capital humain. « Il ne faut tomber ni dans l’excès d’autorité, ni dans le copinage », conseille Lionel Canesi.