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La pharmacie en terrain connu

Publié le 11 juin 2005
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Xavier Bertrand a donc été choisi par Dominique de Villepin pour succéder à Philippe Douste-Blazy au ministère de la Santé. L’ancien secrétaire d’Etat à l’Assurance maladie connaît bien ses dossiers. Et notamment celui concernant la pharmacie.

Changement de tête donc mais pas de politique. Dès la passation de pouvoir avec Philippe Douste-Blazy, Xavier Bertrand a annoncé la couleur : il poursuivra les actions initiées par ce dernier (lire ci-dessous) « avec continuité et persévérance ». Les médecins ont accueilli plutôt favorablement cette nomination.

Dès son entrée en fonction, Xavier Bertrand avait travaillé à un grand nombre de textes comme le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ou la loi de santé publique qui lui ont permis de s’aguerrir et de se confronter directement aux représentants des professions de santé. « Je ne découvre pas l’ensemble des dossiers qui relèvent de la compétence ministérielle », souligne-t-il lui-même. Tant mieux aussi pour les officinaux qui n’auront pas à remettre le métier sur l’ouvrage.

Pas de retard pour le médecin traitant ? Le nouveau ministre connaît bien les dossiers qui concernent la profession. Au cours de ces quatorze derniers mois, c’est lui qui était le plus souvent en contact avec les responsables syndicaux. Le 26 mai dernier encore, il recevait les trois syndicats (FSPF, UNPF, USPO) pour une mise au point sur les dossiers en cours : marges arrière, regroupements de pharmacies et LPPR (lire Le Moniteur n° 2585). Côté médicaments, pas de bouleversement en perspective non plus : l’option « générique + TFR » initiée par Jean-François Mattei et amplifiée par Philippe Douste-Blazy sera maintenue. Avec Xavier Bertrand, les officinaux ont aussi de bonnes chances d’être intégrés dans le dossier médical personnel, il les a en tout cas rassurés sur le sujet à plusieurs reprises.

La première tâche de Xavier Bertrand Avenue de Ségur sera évidemment de mener sur les fonts baptismaux la réforme de l’assurance maladie. Pas si simple. Le médecin traitant, pierre angulaire de la réforme, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet prochain, lui donne déjà du fil à retordre et l’occasion d’étrenner son nouveau maroquin. Xavier Bertrand affirme pourtant cette semaine dans un communiqué que « le parcours de soins autour du médecin traitant entrera en vigueur au 1er juillet 2005 », répondant au syndicat de médecins MG-France qui estimait que cette mesure serait repoussée. Mais pour permettre au dispositif de fonctionner complètement, la publication de deux décrets s’avère indispensable : le premier fixant l’augmentation du ticket modérateur pour l’assuré qui consulte hors parcours de soins, et le second sur les modalités de prise en charge par les complémentaires des dépassements d’honoraires (7 Euro(s)) que les spécialistes peuvent demander aux patients qui n’auront pas préalablement consulté leur médecin traitant.

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Il reste trois semaines à Xavier Bertrand pour éviter un premier faux pas. Qui lui serait immédiatement reproché.

L’année bien remplie de Philippe Douste-Blazy

Philippe Douste-Blazy rejoint le Quai d’Orsay après 14 mois passés Avenue de Ségur. On retiendra bien sûr qu’il a finalisé la mise en place de la réforme de la Sécurité sociale initiée par son prédécesseur Jean-François Mattei, mais qu’il part avant le 1er juillet, date marquant la mise en place du parcours de soins, mesure phare de cette réforme. Côté médicaments, les officinaux se souviendront qu’il est l’instigateur de la seconde vague de TFR, entrée en vigueur le 1er juin dernier, et d’un « plan médicament » (avec les génériques pour fer de lance) qui devrait dégager, selon lui, 330 millions d’euros dès 2005 et entre 3 et 4 milliards d’ici 2008.

En 14 mois, Philippe Douste-Blazy aura laissé trois plans de santé publique : sur l’Alzheimer, la périnatalité et la santé mentale. Il a également repris les projets de loi sur la santé publique (loi du 9 août 2004) et sur la bioéthique (loi du 6 août 2004), préparés par Jean-François Mattei, et a soutenu la proposition de loi sur la fin de vie et les droits des malades (loi du 22 avril 2005).

A son actif aussi, la mise en place de la classification commune des actes médicaux, les négociations sur la convention médicale, le suivi du plan Hôpital 2007 initié par son prédécesseur, avec la mise en place de la tarification à l’activité (T2A).

Philippe Bas, un ancien de l’équipe Barrot

Agé de 46, énarque, en charge de la Sécurité sociale, des Personnes âgées, des Personnes handicapées et de la Famille, Philippe Bas devra poursuivre la réforme de l’assurance maladie et veiller à la mise en place du plan Handicap souhaité par Jacques Chirac. Depuis avril 2002, il était secrétaire général de l’Elysée, poste où il a succédé à Dominique de Villepin. Comme ce dernier, il ne s’est jamais présenté à un scrutin, mais le monde de la santé ne lui est pas inconnu. En 1993, il rejoint le cabinet de Simone Veil, ministre des Affaires sociales et de la Santé, en tant que conseiller technique puis, en 1994, de directeur adjoint de cabinet. En 1995, il devient directeur du cabinet de Jacques Barrot, ministre du Travail puis ministre des Affaires sociales et du Travail, avant de rejoindre l’Elysée en 1997 après la dissolution.

CV express

Xavier Bertrand, 40 ans, agent général d’assurances, devient maire adjoint de Saint-Quentin (Aisne) en 1995. Conseiller général de l’Aisne depuis mars 1998, il est élu député en juin 2002. A l’Assemblée nationale, il rejoint la commission des Finances et préside le groupe parlementaire sur les professions libérales. A l’UMP, il est d’abord chargé par Alain Juppé, en janvier 2003, d’animer le débat national sur les retraites et devient logiquement rapporteur pour avis de la commission des Finances du projet de loi portant réforme des retraites. Il est nommé secrétaire d’Etat à l’Assurance maladie en avril 2004.