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Formation continue obligatoire : La zizanie

Publié le 23 mars 2002
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Les responsables de la formation initiale et continue des professions de santé sont convoqués le 25 mars au ministère. Le décret sur la formation continue obligatoire des médecins* pourrait y être connu. Pour les pharmaciens, rien de prévu. En cause, de grosses divergences au sein de la profession.

Voilà des années que l’on parle d’une formation continue obligatoire pour les pharmaciens. Pourtant aucun projet consensuel n’existe au sein de la profession. Or pour élaborer un décret d’application, le ministère aurait voulu s’appuyer sur un projet validé par l’ensemble de la profession. Il n’en est rien, les dissensions l’ayant pour l’instant emporté. « Nous avons eu une mauvaise communication en interne sur ce que souhaitent les uns et les autres », concédait Jean Parrot en commentant récemment le sujet. Impossible dans ces conditions de répondre aux questions que tous se posent : quelles obligations minimales de formation, quels thèmes, quel contrôle des connaissances, quelle validation des organismes ?…

Controverse sur la régionalisation

En effet, c’est le futur Conseil national de la formation pharmaceutique continue (CNFPC) prévu par la loi sur les droits des malades qui fixera ces orientations. En revanche, le financement ne relèvera pas du Conseil mais ses décisions auront évidemment un impact direct sur les coûts de prise en charge. Aujourd’hui, la gestion du financement est largement dédiée aux syndicats (cotisations FIF et OPCA-PL). « Il faudra nécessairement augmenter ces cotisations », estime l’Ordre, Jean Parrot avançant que seulement « 10 % des équipes se formaient ces dernières années ». Jean Parrot qui, en plus, n’exclut pas que l’Ordre puisse gérer les prises en charges.

« Oui il y aura des problèmes de financement », déclare Jean-Pierre Lamothe, en charge du dossier à la FSPF, qui doit se pencher sur la question dans les prochaines semaines. Claude Japhet, président de l’UNPF, constate, lui, que « 10 000 dossiers de formation sont ouverts chaque année. La loi exigeant que l’ensemble de la profession se forme sur cinq ans, les 50 000 pharmaciens pourraient être formés sur la période sans gros surcoût de prise en charge ». Mais c’est sans tenir compte que, dans ces statistiques, plusieurs dossiers peuvent concerner une même personne.

Côté organisation, l’Ordre prévoit des structures régionales sous son égide qui, selon Jean Parrot, ne sont pas apparues dans la loi en raison de la cohabitation de plusieurs projets, l’un porté par Claude Japhet pour les syndicats, et l’autre par Christian Collombel, président de la commission pédagogique nationale, qui avait présenté les vues de la commission il y a quelques mois. Une démarche mal vécue par l’Ordre. Toujours est-il que ces vues étaient proches de celles des syndicats représentatifs. « Mais aujourd’hui, nous sommes dans une nébuleuse totale, souffle Christian Collombel. Et nous ne savons absolument pas ce qu’il faudra financer… » Ni quelles seront les priorités. « Ce seront celles du Haut Comité de la formation continue », affirme Jean Parrot qui voit cette structure ordinale se muer en CNFPC. Or la loi indique que ce dernier sera composé de représentants de l’Ordre mais aussi des syndicats représentatifs d’employeurs et de salariés et des organismes de formation. « Et l’idée de structures régionales est contraire à l’esprit de la loi et coûterait trop cher », estime Claude Japhet.

Autre point de crispation : la loi devait prévoir une obligation pour l’officine. Or la version finale concerne tous les pharmaciens inscrits à l’Ordre, ce qui compliquera la rédaction des textes d’application. Quant au CNFPC, qui le financera ? « On ne sait pas », répond Jean-Pierre Lamothe. « C’est la prérogative de l’Etat », assure Claude Japhet. « Pourquoi pas l’Ordre ? », avance Jean Parrot. A tout point de vue, le consensus souhaité par la DGS ne semble pas se dessiner.

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* En application de la récente loi sur les droits des malades. Mais leur obligation de formation figurait déjà dans les ordonnances Juppé depuis… 1996.