DISCRÉTION ASSURÉE ! assurée !

La Pharmacie Autrement est l’unique croix verte croix verte de Cérans-Foulletourte, petite commune du sud de la Sarthe de 3 000 habitants, mais pour Mireille, retraitée et fidèle cliente, « c’est la meilleure de toutes les officines ! ». Pourtant, les vitrines, côté rue nationale, devant le parking du Carrefour Market, sont ponctuées de mots courants « Santé au naturel », « Espace bébé», « Matériel médical »… Il faut s’aventurer à l’intérieur de la surface de vente, 350 m² conçus en zigzag, pour comprendre le compliment de Mireille. Un agencement sous forme d’alcôves permet de distinguer les différents rayons et favorise un accompagnement des patients au plus près. Aux murs, l’atmosphère est rehaussée par des touches de couleur aubergine associée à du blanc. On dénombre pas moins de dix points d’encaissement. L’objectif de la titulaire, Christine Leroyer, et de son associée depuis avril 2019, Coralie Bricault (auparavant stagiaire, puis adjointe) : faire en sorte que le client puisse parler en toute discrétion et se sente écouté !

EN TOUTE CONFIDENTIALITÉ

Cet espace de vente a été imaginé en 2010, lors du transfert de l’officine de la place principale vers le supermarché. A l’époque, Christine Leroyer pilote les lieux avec Patrick Babault, son co-titulaire entre 2009 et 2019 et aujourd’hui jeune retraité. Leur objectif est en phase avec l’esprit de la loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires) et ses nouvelles missions pour le pharmacien : s’équiper pour accompagner sa patientèle à 360°. Au-delà des coins et recoins où l’on peut parler en toute confidentialité, l’officine bénéficie de quantité de salles de confidentialité : pour la cancérologie ; pour les bobos, les trods (tests rapides d’orientation diagnostique), la vaccination, la pesée de bébé… ; pour les mesures en orthopédie ; pour la contention veineuse et les prothèses mammaires. Fort de ces outils, toute l’équipe est formée pour mener au moins un type d’entretien. Tous ces suivis sont gratuits, sauf pour les pertes de poids de confort (19€, la séance).

UN SUIVI CROSSFIT

La diététicienne nutritionniste, Claire, consulte dans cette pharmacie depuis sept ans. Elle suit les personnes en surpoids. Mais, pas seulement ! Coralie, adepte du CrossFit pour entretenir sa forme entre deux triathlons, a noué un partenariat avec le centre 7.2 CrossFit, basée au Mans (72). Depuis, la salle de sport propose un abonnement original, incluant un suivi nutritionnel en plus du suivi sportif. « C’est gagnant/gagnant », se réjouit Coralie. Début juillet, le matin de notre reportage, un jeune homme à la silhouette parfaite se rend à la Pharmacie Autrement, pour suivre son ratio masse grasse/masse maigre. L’après-midi, une femme, à la carrure imposante, franchit la porte à son tour, pour prendre des conseils sur sa perte de poids et montrer ses progrès à l’équipe officinale. Elle dégaine une application de son Smartphone. L’écran est sans appel. Elle a perdu 900 g en 10 jours, contre 1 kg en trois mois auparavant.

UN ACCOMPAGNEMENT PAS À PAS

D’autres suivis concernent les patients sous traitement anticancéreux. Pour eux, le protocole est bien huilé. Dès qu’une prescription annonce une chimiothérapie, l’équipe propose un rendez-vous d’accompagnement. Souvent, l’une des titulaires reçoit le patient juste après l’annonce du diagnostic, pour expliquer le traitement, ses effets secondaires. Puis, un autre jour, la préparatrice, Judith, le revoit pour des soins de la peau. Enfin, Christine Leroyer enchaîne pour une éventuelle prothèse mammaire. Après chaque rendez-vous, le patient sort avec une fiche conseil personnalisée grâce à un logiciel du groupement HPI, et une fiche Omedit (Observatoire des médicaments, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique). De même, avant chaque séance de chimio, l’officine propose une pose de vernis sur les ongles pour limiter les effets secondaires du traitement. Dans la même veine, la pharmacie Autrement réalise également des rendez-vous spécifiques “bébé”. Là, c’est Coralie ou la préparatrice, Aurore, qui rencontrent les jeunes mamans pour répondre à leurs interrogations. « Je n’ai pas d’enfant, mais je me suis passionnée par le sujet », s’étonne la primo-installée. Les deux femmes ont déjà suivi deux des trois jours de la formation “maternage proximal et accompagnement à la parentalité” de HPI.

DU PILULIER EN AMBULATIORE

Au-delà des entretiens en tête-à-tête, la Pharmacie Autrement multiplie les services pratico-pratiques, comme les piluliers en ambulatoire proposés avec le matériel Medipac. Ainsi, actuellement, une dizaine de patients paie 5€ par semaine, pour la préparation de ses médicaments. Le lundi après-midi, Coralie ou l’une des préparatrices sont à tour de rôle affectées à cette mission, dans un planning établi sur trois mois. Grâce à cette orientation fondée sur le conseil permanent, la marge progresse et dépasse les 31 %. Tout semble bien se passer. Tout ? « Il nous manque un médecin ! », lâche Christine Leroyer, par ailleurs à l’initiative de la création, en cours, d’une Equipe de Soins Primaires Coordonnée Localement Autour du Patient (ESP Clap). En attendant, la Pharmacie Autrement vient de se doter d’une cabine de téléconsultation (lire article p. 16). Histoire d’avoir toujours un clic d’avance !

ÉQUIPE

2 titulaires

1 adjoint

5 préparatrices

1 diététicienne nutritionniste

2 rayonnistes

1 apprentie

Intervenants extérieurs :

1 esthéticienne tous les deux mois

1 prestataire en shiatsu tous les mois

Date du transfert 2010

Surface totale 650 m²

Surface de vente 350 m²

CA 2019 (TTC) 3,32 M€ (+ 1 % à fin juin 2020)

répartition du CA par taux de tva

69,4 % de TVA à 2,1 % 13,6 % de TVA à 20 %

11,2 % de TVA à 5,5 %

5,8 % de TVA à 10 %

Taux de marge 2019 31,5 % Panier moyen 41,84 €

groupement Totum Pharmaciens Présence sur internet Facebook

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OLIVIER TOMA
FONDATEUR DE PRIMUM NON NOCERE

Pharmacien Manager : Jugez-vous la pharmacie Autrement responsable en matière de RSE ?

Olivier Toma : On sent une farouche volonté de s’engager, mais il manque un plan d’actions précis.

L’engagement sur la qualité est total, tant envers ses collaborateurs que ses clients. Certaines actions déjà menées sont remarquables et gratuites pour la patientèle : une micronutritionniste anime des ateliers de sensibilisation, des ateliers « cosmétiques » sont organisés pour les patients atteints de cancer… Il faut maintenant aller encore plus loin, en choisissant, par exemple, de référencer les cosmétiques les plus sains possibles, exempts de perturbateurs endocriniens… La dimension RSE n’est pas encore bien structurée.

Quels sont les axes à améliorer ?

OT Il faudrait, par exemple, réduire l’exposition aux risques chimiques. Pour ce faire, je conseille de réaliser une cartographie des produits chimiques utilisés, puis d’identifier ceux à risques pour les supprimer ou les remplacer par des produits ou procédés plus innovants et moins impactants, comme la vapeur. La prestation de nettoyage des locaux est sous-traitée, il ne faut pas hésiter, aussi, à entraîner son prestataire dans sa démarche RSE.