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Décrypter l’étiquette d’un gel apaisant d’hygiène intime

Publié le 18 février 2023
Par Michèle Sauvage
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Savon décapant, port de vêtement trop serré, déséquilibre de la flore vaginale sont à l’origine d’irritations de la zone intime. Pour ces périodes d’inconfort, il convient de choisir un produit d’hygiène doux et apaisant qui préserve l’équilibre du microbiome, respecte la sensibilité et l’hydratation de la muqueuse et renforce ses réactions de défense.

FORMULATION

La base lavante du gel aqueux est composée de plusieurs tensioactifs anioniques au pouvoir moussant élevé et auxquels sont associés des tensioactifs amphotères ou non ioniques plus doux, afin d’augmenter la tolérance du produit fini. Humectants et émollients préservent la muqueuse du desséchement. Des ingrédients apaisants et adoucissants calment les sensations d’inconfort. Le pH 8 annoncé concourt à l’équilibre de la flore intime.

LES EXCIPIENTS

Ils participent à la mise en forme galénique.

L’eau (aqua) est un solvant qui permet de dissoudre les autres substances.

LES ACTIFS

Les agents nettoyants

– Sodium laureth sulfate, sodium laureth-8 sulfate, magnesium laureth sulfate, magnesium laureth-8 sulfate, sodium oleth sulfate et magnesium oleth sulfate constituent un groupe de sulfates d’alkyl éther à base d’alcool gras d’origine naturelle. Ces tensioactifs anioniques possèdent d’excellentes propriétés détergentes et moussantes.

– Le sodium cocoamphoacétate est un tensioactif amphotère, dérivé de l’huile de noix de coco. Agent moussant doux, il améliore la qualité de la mousse.

– Le coco-glucoside est un tensioactif non ionique doux, dérivé de la noix de coco ou de l’huile de palmiste et du glucose de maïs ou de blé. C’est une des bases lavantes les moins agressives pour la peau au pouvoir moussant plutôt faible.

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– Le sodium méthyl cocoyl taurate est un tensioactif anionique dérivé d’acides gras de noix de coco, qui agit comme agent moussant doux.

Les agents hydratants ou adoucissants

– La glycérine (glycerin) est un trialcool très hydrophile. Solvant, il est employé comme actif pour son fort pouvoir hydratant et émollient.

– L’oléate de glycéryle (glyceryl oleate), issu d’huiles et de graisses d’origine végétale, est utilisé pour ses propriétés adoucissantes et émollientes.

– L’extrait de fleurs et feuilles d’edelweiss (Leontopodium alpinum flower/leaf extract) présente des propriétés adoucissantes et antioxydantes.

LES ADDITIFS

– Le PEG-80 cocoate de glycéryle (PEG-80 glyceryl cocoate) et le PEG-120 dioléate de méthyl glucose (PEG-120 methyl glucose dioleate) sont des sels de polyéthylène glycol, tensioactifs non ioniques qui agissent comme agents émulsifiants.

– Le chlorure de sodium (sodium chloride) est un agent de contrôle de la viscosité, utilisé comme épaississant dans les gels douche ou shampooings.

– Le distéarate de glycol (glycol distearate) est un émollient. Il est aussi employé comme épaississant et donne un aspect nacré au produit cosmétique fini.

– Les parfums (fragrance) sont des agents parfumants.

– La diméthylol diméthyl-hydantoïne (DMDM hydantoin) est un conservateur actif contre les bactéries, les champignons et les levures. Il est critiqué car c’est un libérateur de formaldéhyde, molécule classée cancérogène, mutagène et reprotoxique (CMR) essentiellement par inhalation et sensibilisante par voie topique. Il est considéré comme sûr à la concentration maximale autorisée de 0,6 % dans les préparations cosmétiques prêtes à l’emploi.

– La piroctone olamine est un conservateur aux propriétés antifongiques.

– L’acide lactique (lactic acid) est un α-hydroxy-acide. Il sert, dans cette formule à faible concentration, de régulateur de pH.

– L’alcool (alcohol) est employé comme conservateur.

Sources : Inventaire des ingrédients cosmétiques (établi par la décision 96/335/CE de la Commission, abrogée avec effet au 8 mai 2020), CosIng, Journal officiel de l’Union européenne ; La Formulation cosmétique à l’usage des professionnels et des amateurs, C. Couteau, L. Coiffard, Les Editions Le Moniteur des pharmacies, 2017 ; « Sodium laureth sulfate » et « DMDM hydantoïn », Fédération des entreprises de la beauté (Febea), base de données des ingrédients cosmétiques ; « Substance infocard : Alcohols, C10-16, ethoxylated, sulfates, sodium salts », European Chemicals Agency (Echea) ; « Les sulfates et les cosmétiques bio », Cosmébio.

Ingrédients

LISTE INCI

AQUA/EAU, SODIUM LAURETH SULFATE, SODIUM CHLORIDE, SODIUM COCOAMPHOACETATE, SODIUM LAURETH-8 SULFATE, PEG-80 GLYCERYL COCOATE, GLYCERIN, COCO-GLUCOSIDE, MAGNESIUM LAURETH SULFATE, SODIUM OLETH SULFATE, SODIUM METHYL COCOYL TAURATE, PARFUM (FRAGRANCE), MAGNESIUM LAURETH-8 SULFATE, GLYCOL DISTEARATE, PEG-120 METHYL GLUCOSE DIOLEATE, DMDM HYDANTOIN, PIROCTONE OLAMINE, GLYCERYL OLEATE, MAGNESIUM OLETH SULFATE, LACTIC ACID, ALCOHOL, LEONTOPODIUM ALPINUM FLOWER/LEAF EXTRACT

FOCUS SUR…

LE SODIUM LAURETH SULFATE

Ce sulfate d’éther laurylique de sodium (sodium laureth sulfate ou SLES) est utilisé dans de nombreuses formules de produits d’hygiène pour ses propriétés émulsifiantes, détergentes et moussantes.

On lui reproche d’être irritant pour la peau et les yeux.

Produit par éthoxylation en présence d’oxyde d’éthylène, il est moins irritant avec un meilleur pouvoir moussant que son homologue non éthoxylé, le sodium lauryl sulfate (SLS). Mais ce procédé de fabrication très énergivore fait l’objet de polémiques pour son impact environnemental. Il est classé écotoxique pour le milieu aquatique.

Il n’est pas autorisé dans les produits « bio », à la différence du SLS pourtant plus irritant mais respectueux des critères de biodégradabilité et de toxicité aquatique imposés par le référentiel Cosmébio.