Avis de 60 Millions de consommateurs sur les sprays aux huiles essentielles : l’épingleur épinglé

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Avis de 60 Millions de consommateurs sur les sprays aux huiles essentielles : l’épingleur épinglé

Publié le 24 avril 2019
Par Anne-Hélène Collin
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Cette fois-ci, dans son hors-série « Maison saine » de mai-juin 2019 qui vient de paraître dans les kiosques, la revue 60 Millions de consommateurs épingle les produits acaricides et les sprays assainissant l’air. Surtout ceux contenant des huiles essentielles (HE) : « efficaces, certes », contre les acariens, précise la revue, mais qui « se révèlent une source de pollution chez les usagers ». Et de leur reprocher, en vrac, les mélanges avec un nombre important d’HE (jusqu’à 50, « comme si le nombre était gage d’efficacité… »), la présence de substances allergènes (linalol, limonène…) ou irritantes, ou d’alcool, l’absence de recommandations pour les femmes enceintes ou « les allergiques », ou les risques pour la planète et les organismes aquatiques (HE de menthe poivrée, d’arbre à thé et d’orange).

Des accusations qui n’ont pas tardé à faire bondir le Consortium Huiles Essentielles*, qui, dans un communiqué publié le 22 avril dernier, souhaite rectifier ces « informations partielles ou erronées sur les huiles essentielles (HE), voire des contrevérités ».

Un nombre élevé d’huiles essentielles augmente les risques ? « Un mélange de 10 ou 50 HE présentera toujours une trentaine de composants majoritaires, seules les proportions de ces composants vont être modifiées. La raison en est que plusieurs composants identiques se retrouvent dans de nombreuses plantes et HE différentes » expliquent les fabricants.

La présence de limonène ou de linalol, substances classées comme allergisantes ? « D’après les études cliniques et scientifiques, le limonène et le linalol ne sont pas classés allergisants respiratoires. Ce sont les produits d’oxydation à l’air du limonène ou du linalol qui peuvent l’être (…). Une HE de qualité, conservée ou conditionnée à l’abri de la lumière et de l’air, n’expose pas à des composés oxydés allergisants », répond le Consortium.

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Des allergies respiratoires ? Elles « sont quasi inexistantes, souligne le Consortium. Un phénomène irritatif, et non allergique, peut survenir au cours d’un surdosage ou d’un usage non conforme aux recommandations du fabricant. L’allergie aux HE est plutôt de nature cutanée et touche moins de 2 % de la population. La documentation médicale ne décrit pas d’allergie cutanée apparue lors d’un usage d’HE sous forme de spray à vaporiser sur des surfaces ou dans l’air ».

Les HE nocives pour les asthmatiques ? « Des travaux récents de référence, publiés dans la revue internationale Journal of Asthma, démontrent la bonne tolérance de patients allergiques asthmatiques légers à modérés suite à l’utilisation d’un spray aérien composé d’HE en mélange. » L’organisation a d’ailleurs présenté une étude devant l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), qui se penche actuellement sur le sujet : « L’étude « Huiles essentielles et air intérieur » menée début 2019 auprès de 22 000 consommateurs montre que pour 1 million de produits vendus, seulement 12 personnes mentionnent avoir ressenti une gêne respiratoire modérée et réversible. On notera que plusieurs d’entre elles ont signalé ne pas avoir suivi les recommandations du fabricant, le surdosage étant le plus souvent responsable des gênes ressenties. »

Toxicité pour les organismes aquatiques ? « On peut s’interroger tout d’abord pour savoir comment un spray aérien d’HE pourrait « contaminer » un cours d’eau », ironise le Consortium. « Les informations mentionnées se basent sur des données de toxicité issues des seuls constituants, obtenues par voie de modélisation mathématique. Les conclusions obtenues sont théoriques. Des tests d’écotoxicité et de biodégradabilité en situation réelle ont été réalisés selon les normes OCDE sur des mélanges d’HE, la biodégradabilité et l’absence de toxicité y sont démontrées. »

60 Millions de consommateurs a au moins le mérite de rappeler aux patients les risques liés aux HE. « Selon les centres antipoison, 95 % des effets indésirables répertoriés avec les HE sont le fait de mésusages », rappelle le Consortium.  Les substances « naturelles » ne sont décidément pas anodines.

* Organisme créé en 2017 regroupant 10 entreprises du marché des HE (dont Arkopharma, Florame, OmegaPharma, Naturactive, Pranarôm, Groupe Batteur, Weleda, Puressentiel…), des agriculteurs et des producteurs d’HE