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Voyeurisme médical

Publié le 21 décembre 2002
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Tout est art », affirmait Joseph Beuys. C’est avec cette même certitude que le Pr Von Hagens, un médecin allemand, n’a pas hésité à créer un nouveau concept artistique : l’exposition de corps humains « plastifiés » ! Le procédé consiste à retirer sous vide l’eau et la graisse des tissus et à les remplacer par du caoutchouc en silicone ou de la résine époxy. Les corps entiers ou les organes gardent ainsi leur plasticité, sont inodores et se conservent pour l’éternité.

Mais pas question pour Von Hagens de ne présenter que « des poupées mortes ». Usant tout à la fois du scalpel et du burin, il recompose des attitudes. Ici, une baigneuse, écorchée, nage le crawl. Une femme enceinte, le ventre ouvert, laisse entrevoir son foetus… Où finit la médecine, où commence la perversité, où se loge l’art ? De Tokyo à Bâle en passant par Berlin, Bruxelles, Cologne et aujourd’hui Londres (jusqu’au 9 février 2002), l’exposition « Le Monde des corps » a déclenché de vives polémiques. Ce qui n’a pas empêché l’exposition itinérante d’attirer près de 10 millions de visiteurs. D’ailleurs, 4 500 personnes ont déjà fait don de leur corps à l’anatomiste allemand.

Mais Günther Von Hagens a franchi un pas supplémentaire en réalisant, à Londres, la première autopsie publique depuis 1830. La « représentation », durant laquelle il a découpé le cadavre d’un homme d’affaires mort à l’âge de 72 ans, a attiré plus de 350 personnes. Von Hagens risque trois mois de prison si la justice britannique considère qu’il a violé les principes fondamentaux de la science et de la médecine.

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