Traitement de Covid-19 : l’hydroxychloroquine mise au placard

En moins de 24 heures, trois autorités sanitaires viennent de dire « stop » à l’hydroxychloroquine dans le traitement de la Covid-19, depuis la publication le 22 mai dans The Lancet d’une étude observationnelle de grande ampleur, démontrant que la molécule, seule ou avec un macrolide, était associée à un surrisque de décès chez les malades traités. 

L’OMS a d’abord annoncé dans la soirée du 25 mai une « pause temporaire » à effet immédiat du bras hydroxychloroquine de son essai Solidarity (père de l’essai Discovery de l’Inserm), mené dans plusieurs pays depuis deux mois, le temps pour le comité de surveillance de procéder à une analyse des données de sécurité. 

En France, le Haut Conseil de la santé publique, saisi par le ministre de la Santé au lendemain de la publication de l’étude, vient quant à lui de conclure à l’absence de bénéfice de l’hydroxychloroquine, seule ou en association avec un macrolide, dans le traitement de la Covid-19. « Plus de quatre mois après le début de l’épidémie, il n’existe aucune donnée robuste provenant d’essais prospectifs randomisés et comparatifs versus le traitement de support standard dit « standard of care » permettant de documenter une efficacité des traitements proposés à effet antiviral, basée sur des critères cliniques et éventuellement virologiques », constate le HCSP dans son avis du 26 mai. Tout ce que les études sérieusement menées ont démontré (voir notre enquête du 13 avril), en France ou à l’international, ce sont des effets indésirables, essentiellement cardiaques, ou des décès, à l’instar des différentes enquêtes des Centres régionaux de pharmacovigilance (lire ici ou ici). Le HCSP recommande donc de ne pas utiliser l’hydroxychloroquine, seule ou associée à un macrolide, dans le traitement de la Covid-19, excepté peut-être dans les essais cliniques, rejoignant au passage les avis des autorités sanitaires américaine, britannique, canadienne, suisse, ou encore chinoise.

Les essais cliniques français viennent aussi d’être mis en mode pause. Se rangeant à la position de l’OMS, l’Agence nationale de sécurité du médicament vient de suspendre ce 26 mai l’inclusion de nouveaux patients devant être traités par hydroxychloroquine dans les essais cliniques, dans l’attende de nouvelles données. Seuls les patients en cours de traitement expérimentaux pourront poursuivre les protocoles. 

A moins de la publication de premiers résultats favorables, l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans le traitement de la Covid-19 pourrait définitivement s’achever ici.