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Revue de détail de la RTU
Indiqué jusqu’ici dans la spasticité musculaire, le baclofène bénéficie depuis peud’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) en alcoologie. Un dispositif créé par l’ANSM pour sécuriser des prescriptions hors AMM, pratiquées depuis plusieurs années.
Une RTU, accordée pour trois ans au maximum, encadre les prescriptions non conformes à l’AMM afin de couvrir un besoin thérapeutique non couvert. Le rapport bénéfice/risque du médicament doit être présumé favorable, au vu des données d’efficacité et de tolérance. Les laboratoires concernés signent et organisent un protocole de suivi des patients.
Pour le baclofène (Liorésalet son générique Zentiva, comprimés à 10 mg), la RTU concerne les patients dépendants à l’alcool pour les aider à rester abstinents après sevrage ou, chez ceux à haut risque, pour réduire de façon majeure leur consommation. La prescription s’envisage après échec des autres thérapeutiques existantes et s’accompagne d’une prise en charge psychosociale. Etablie par tout médecin, pour un mois au maximum, l’ordonnance que les officinaux peuvent délivrer mentionne le cadre hors AMM. A partir de 120 mg/jour, le médecin doit solliciter l’avis d’un collègue expérimenté dans ce type de prise en charge. Au-delà de 180 mg/j (ou 120 mg pour les patients âgés de plus de 65 ans), il doit se tourner vers un CSAPA (centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie) ou un service hospitalier spécialisé pour obtenir un avis collégial. La HAS se prononcera prochainement sur les conditions de prise en charge du baclofène dans cette RTU.
Il n’existe pas à ce jour de critères prédictifs permettant de connaître les patients qui seront ou non répondeurs, ni à quelle dose. La posologie, répartie en plusieurs prises journalières, sera donc initiée à 15 mg puis adaptée individuellement à doses croissantes, par palier de 5 puis de 10 mg tous les 2 à 3 jours, sans dépasser 300 mg/jour. Les comprimés sont à absorber au cours des repas avec un verre d’eau. Les effets indésirables sont notamment la somnolence et la léthargie (majorée en début de traitement et par la prise d’alcool concomitante), des dépressions, accès maniaques, pertes de mémoire, troubles de l’accommodation, paresthésies, troubles du métabolisme, etc. L’insuffisance rénale ou hépatique sévère, ainsi que les troubles neurologiques ou psychiatriques graves contre-indiquent l’emploi du baclofène. Ces dernières restrictions font polémique parmi les psychiatres qui s’estiment à même de juger et de suivre les patients pour lesquels ce traitement présente un intérêt.L’arrêt, quelle que soit la cause (effets indésirables, absence de réponse clinique, objectif atteint), ne doit pas être brutal afin d’éviter un syndrome de sevrage potentiellement grave voire létal.
Quel rôle en alcoologie pour les officinaux ?
Stéphane Robinet, pharmacien, président de Pharm’Addict et membre de SOS Addictions, regrette que la formation initiale des pharmaciens soit si pauvre en addictologie et tout particulièrement en alcoologie. « C’est le sujet tabou par excellence, pourtant combien d’alcooliques fréquentent nos officines ! Ce sujet ne requiert pas plus de confidentialité que la délivrance de la pilule du lendemain à une mineure ». Il suggère quelques pistes simples pour pallier ce déficit et oeuvrer pour la santé publique :
– suivre une formation (une journée) consacrée au repérage précoce des consommations dangereuses d’alcool, aux interventions brèves et à l’approche motivationnelle des changements de comportement ;
– s’appuyer sur les documents publiés par le Cespharm ou l’INPES (brochures, affiches ou dépliants tels le « Guide pratique pour faire le point sur votre consommation d’alcool » ou « Alcool, vous en savez quoi ? ») ;
– rejoindre un réseau.
Stéphane Robinet conclut en souhaitant « que tous les pharmaciens bénéficient d’un socle commun et que les syndicats professionnels obtiennent des honoraires pour ce type d’intervention ».
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