Pistes de traitement de Covid-19 : il n’y a pas que l’hydroxychloroquine

© coronavirus, covid-19, hydroxychloroquine, antiviral, remdesivir, lopinavir, ritonavir, sarilumab, tocilizumab, ruxolitinib, - Pixabay

Recherche et innovation Réservé aux abonnés

Pistes de traitement de Covid-19 : il n’y a pas que l’hydroxychloroquine

Publié le 18 avril 2020
Par Yolande Gauthier
Mettre en favori


Le débat médiatique suscité par l’hydroxychloroquine et son utilisation chez des patients hospitalisés, des patients peu symptomatiques, voire en prévention de la maladie, fait parfois oublier que d’autres molécules sont testées. « Notre pays est celui qui a engagé le plus d’essais cliniques en Europe », a d’ailleurs indiqué le président de la République lors de son intervention lundi 13 avril. Principales molécules testées. 

 

Les anticorps monoclonaux à l’épreuve

Au vu de l’urgence sanitaire, la plupart des essais misent sur le repositionnement de molécules existantes pour s’affranchir des premiers stades des études cliniques. Nombre de ces essais se basent sur l’utilisation d’inhibiteurs d’interleukines. Car il semble que, chez certains patients, l’infection par le SARS-CoV-2 provoque un choc cytokinique avec production excessive d’interleukines, TNF-alpha et autres cytokines. Avec pour conséquence une détresse respiratoire aiguë et une défaillance d’organes pouvant conduire à un décès rapide. 

Plusieurs anticorps monoclonaux anti-IL-6 sont en cours de test, comme le sarilumab (Kevzara) ou le tocilizumab (Roactemra). L’Institut Gustave Roussy à Villejuif (Val-de-Marne) a annoncé avoir obtenu un premier succès avec le tocilizumab dans le traitement d’un patient cancéreux présentant une penumopathie sévère due à Covid-19. 

Publicité

Les inhibiteurs des janus kinases (enzymes intervenant dans la voie de signalisation de différents facteurs de croissance et cytokines), comme le ruxolitinib (Jakavi), vont également être étudiés, de même que l’acalubrutinib (Calquence non encore commercialisé en France), un inhibiteur de la tyrosine kinase de Bruton impliquée dans la régulation de la production de nombreuses cytokines.

 

La voie de l’immunologie 

Même si la recherche est très active dans le domaine, il faudra attendre encore plusieurs longs mois avant la mise à disposition d’un vaccin contre le SARS-CoV-2. Que faire dans l’intervalle ? Utiliser des anticorps, par exemple. Un essai sur la transfusion de plasma de patients guéris depuis au moins 14 jours à des patients en phase aiguë de la maladie vient de démarrer, avec l’espoir que les anticorps développés par les uns aideront les autres à lutter contre le virus. 

D’autres essais portent sur l’injection d’immunoglobines non spécifiques du coronavirus (issues de sujets sains) pour réguler le système immunitaire de patients gravement atteints, ou encore sur le nivolumab (Opdivo, à usage hospitalier), anticorps monoclonal de type immunoglobuline G4 qui entraîne une inhibition de la sécrétion de cytokines.  

 

Du côté des antiviraux

L’évaluation du redemsivir, antiviral en cours de développement, se poursuit. Une petite étude portant sur un usage compassionnel chez une cinquantaine de patients hospitalisés pour des complications sévères de Covid-19 a livré des premiers résultats encourageants, avec une amélioration clinique pour 68 % des cas. Les publications pour l’association lopinavir-ritonavir (Kaletra) sont plus contradictoires et ne permettent pas encore de trancher. Le diltiazem associé à l’oseltamivir, testé in vitro sur des épithéliums respiratoires, pourrait faire l’objet d’un essai chez l’homme. Le favipiravir, antigrippal, est également étudié dans plusieurs pays.