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Navelbine : un alcaloïde de la pervenche à tolérance intermédiaire

Publié le 17 juin 2006
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Vinorelbine

La vinorelbine est un anticancéreux d’hémisynthèse de la famille des alcaloïdes de la pervenche (vinca-alcaloïdes). Elle se rapproche de la vincristine (Oncovin), de la vindésine (Eldisine) et de la vinblastine (Velbé), alcaloïdes isolés de la pervenche bleue. Elle s’en distingue sur le plan structurel par l’introduction d’un noyau catharanthine qui lui confère une relative spécificité pour les microtubules des cellules en phase de mitose, ainsi qu’une demi-vie intermédiaire entre celle de la vincristine et celle de la vinblastine. Ces alcaloïdes inhibent tous la polymérisation de la tubuline, donc l’extension des microtubules. Ils bloquent la mitose cellulaire en phase G2-M et induisent la mort de la cellule lors de l’interphase ou de la mitose suivante.

Leur profil de tolérance est sensiblement différent. La vinorelbine présente une neurotoxicité relativement réduite (neuropathies périphériques se réduisant à l’abolition des réflexes ostéotendineux) et n’induit que peu de dépression médullaire. Elle occupe une position intermédiaire entre la vinblastine, dénuée de neurotoxicité mais très myélotoxique, et la vincristine, peu myélotoxique.

Si vincristine, vindésine et vinblastine ne sont disponibles que sous forme injectable, la vinorelbine est présentée sous forme orale (capsules molles) et injectable. L’efficacité des deux présentations est comparable en termes de survie sans progression et de taux de réponse, mais le profil de tolérance diffère puisque la toxicité hématologique est plus fréquente avec la forme injectable alors que la toxicité gastro-intestinale (nausées, vomissements, diarrhées ou, inversement, constipation modérée d’origine neurologique) l’est avec la forme orale.

Cette présentation n’est indiquée qu’en monochimiothérapie actuellement, contrairement à la forme injectable.

Pour la Haute Autorité de santé, la forme orale de Navelbine constitue, dans le traitement du cancer du poumon non à petites cellules, un apport thérapeutique important (ASMR de niveau 2) car elle permet de conduire le traitement à domicile sans recours à une perfusion, à un stade de la maladie où hospitalisation et pénibilité des traitements doivent être prises en compte. Navelbine apporte donc beaucoup en termes de qualité de vie. En revanche, dans l’indication du cancer du sein métastatique, une moindre efficacité par rapport à la voie intraveineuse explique que Navelbine oral n’apporte pas d’amélioration du service médical rendu (ASMR de niveau 5).

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Voir « Le Moniteur » n° 2630 du 27 mai 2006