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Moins prescrit, le valproate reste pourtant la référence

Publié le 27 août 2016
Par Anne Drouadaine et Yolande Gauthier
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Au 1er trimestre 2015, elles étaient 63 973 femmes en âge de procréer exposées au valproate, 51 512 au premier trimestre 2016. Manifestement, un report des prescriptions s’est opéré suite aux informations de l’ANSM, probablement plus d’ailleurs dans les indications psychiatriques que dans le traitement de l’épilepsie.

D’après l’expérience du neurologue Arnaud Biraben exerçant au CHU de Rennes, ce report n’est pourtant pas si simple. Le valproate de sodium est le médicament qui « marche » le mieux dans le traitement de l’épilepsie. En fonction des publications, on retrouve un succès thérapeutique (épilepsie équilibrée sans survenue de crises) de 80 à 90 % avec le valproate (Dépakine, etc.), contre 40 à 70 % avec le lévétiracétam (Keppra) et 17 à 50-60 % avec la lamotrigine (Lamictal). Ainsi, en cas de traitement par Dépakine, si le changement thérapeutique en vue d’une grossesse est souhaitable (voir Fiche mémo nov. 2015 «   Alternatives à l’acide valproïque   » de la HAS) en raison des risques de malformations et de troubles neurodéveloppementaux, il n’est pas synonyme de succès thérapeutique et il doit s’accompagner de suivis réguliers d’électroencéphalogramme. Lors de la délivrance du nouveau traitement, le pharmacien ne manquera pas de rappeler à une patiente équilibrée depuis de nombreuses années, les risques potentiels d’une crise d’épilepsie, en particulier lors de la conduite.

Pour le Dr Arnaud Biraben, «   petit à petit, une inégalité hommes/femmes se creuse. Aux Etats-Unis par exemple, on ne prescrit plus de Dépakine aux femmes, et elles font plus de crises que les hommes. Une étude de 2016 menée sur 186 patients révèle que 88   % des hommes sont parfaitement équilibrés contre 56   % des femmes   ».

Concernant l’évaluation des autres traitements antiépileptiques par l’ANSM, le Dr Arnaud Biraben apporte un début de réponse. «   Grâce aux registres d’enregistrements des femmes enceintes traitées par épileptiques (créés en 1996), on pense que Keppra et Lamictal, n’induisent pas d’effets tératogènes, ni d’effets sur l’âge d’apprentissage de la lecture   ».§

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