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L’hypnose ericksonienne
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’hypnose ericksonienne fait partie des thérapies non conventionnelles. Des études cliniques ont mis en évidence son intérêt pour différentes maladies, en complément des traitements recommandés ou en cas d’échec.
Qu’est-ce que l’hypnose ?
En Occident, l’hypnose est utilisée comme technique de soins depuis plus de 200 ans. Même si étymologiquement, hypnose vient du grec hypno, « sommeil », cet outil thérapeuthique n’induit ni un état de vigilance, ni de sommeil.
• Le processus d’hypnose, réalisé par un praticien appelé hypnothérapeute, repose sur l’obtention volontaire, chez un patient ouvert à cette pratique, d’un état modifié de la conscience différent de l’état de veille.
• L’état hypnotique est propice à la suggestion et à la modification des perceptions. Il est utilisé pour amplifier les ressources internes afin de lutter contre certains troubles.
• Il peut être identifié et caractérisé en imagerie cérébrale, IRM et PET scan (voir Dico+). Dans l’état hypnotique, une désactivation de certaines zones du cerveau est observée.
Quels sont ses principes ?
• L’hypnose classique se caractérise par l’aspect directif de l’hypnotiseur, qui fournit clairement au patient une réponse à son problème et ordonne un changement de façon directe : « Vous allez ressentir que… », « À votre réveil, vous serez capable de… » Ce type d’hypnose a ses limites dans les situations où la solution au problème doit venir du patient lui-même.
• Dans l’hypnose ericksonienne (voir encadré), la plus utilisée, une personne met à profit l’état hypnotique pour accéder à ses propres ressources inexploitées, par exemple par crainte, ou par timidité. L’hypnose amène à un état d’hypervigilance, tourné vers soi-même, avec une moindre sensibilité à l’environnement, notamment aux stimuli externes comme la douleur, une modification du tonus musculaire, une augmentation de la suggestibilité, qui est la capacité à accepter et à suivre les instructions du professionnel sans perdre la maîtrise de soi. La participation active du patient est la clé de l’hypnose ericksonienne. Erickson définit l’hypnose (1) comme « un état de conscience particulier qui privilégie le fonctionnement inconscient par rapport au fonctionnement conscient » et « dans lequel vous présentez à votre sujet une communication, avec une compréhension et des idées, pour lui permettre d’utiliser cette compréhension et ces idées à l’intérieur de son propre répertoire d’apprentissages ».
Comment se déroulent les séances ?
• Trois conditions sont nécessaires à l’obtention d’un état hypnotique : la motivation du patient, sa coopération et sa confiance dans le thérapeute. Toute personne a la capacité de se placer en état d’hypnose, qui est une condition naturelle et spontanée, mais de façon variable selon les individus. Certains ont une meilleure « aptitude » que d’autres. Une pratique régulière permet de parvenir de plus en plus vite et facilement à cet état.
• Une séance individuelle dure entre 45 minutes et 1 h 30 selon la capacité du patient à lâcher prise et le motif de consultation. Le plus souvent, la personne est assise face au thérapeute qui utilise uniquement la parole. Il n’y a pas de contact physique.
• Les étapes. Après un entretien destiné à cerner les besoins, la séance d’hypnose débute. Elle comporte plusieurs étapes :
→ une phase de relâchement musculaire : le patient est invité à respirer profondément et à relâcher les tensions musculaires en prenant conscience de chaque partie son corps ;
→ une phase de relaxation de l’esprit : la personne se focalise sur un souvenir précis, agréable, où elle se sent bien ;
→ une phase de suggestion : le praticien fait appel à l’imaginaire du patient. Il « raconte » une histoire riche en métaphores adaptées au vécu de la personne, qui lui permettent d’aller trouver ses propres solutions pour modifier par exemple son rapport à la douleur ou autres (voir ci-contre). Ces suggestions indirectes sont une caractéristique de l’hypnose ericksonienne. Le patient, en état hypnotique, entend, comprend les paroles de l’hypnothérapeute et peut répondre aux suggestions s’il le désire, de sorte qu’il garde le « contrôle » de la séance. Cette phase est aussi appelée « recadrage en transe » (voir Dico+) ;
→ une phase de retour : le patient est invité à revenir « ici et maintenant », avant de débriefer avec l’hypnothérapeute.
Quelles sont ses indications ?
L’hypnose eriksonienne est largement utilisée en thérapeutique. Selon l’Inserm (1), son efficacité est notamment validée pour l’anesthésie, la prise en charge de la douleur et de l’intestin irritable.
• L’hypno-analgésie. En modifiant la perception de la douleur, l’hypnose potentialise l’effet des antalgiques. La Haute autorité de santé (HAS) la reconnaît comme l’un des moyens non pharmacologiques complémentaires aux antalgiques dans différentes domaines (2). Elle s’applique aux douleurs aiguës lors des soins aux grands brûlés, aux douleurs postopératoires, mais aussi chroniques comme les céphalées, les douleurs ostéo-articulaires, cancéreuses, etc.
• L’hypnothérapie. L’hypnose est utilisée lors de thérapies brèves, de 3 à 5 séances, pour accompagner le patient lors de troubles du comportement. Par exemple, elle joue un rôle dans le sevrage tabagique, la réduction de la consommation d’alcool, les troubles anxieux ou du comportement alimentaire, etc. Elle peut également être utile lors de thérapie de développement personnel ou émotionnel, dans la gestion du stress et des émotions, pour accroître sa confiance en soi, etc.
• L’hypno-sédation. L’hypnose vise à limiter, voire à remplacer les anesthésiants lors d’opérations chirurgicales dans le cadre d’une interruption volontaire de grossesse, de thyroïdectomie, de chirurgie mammaire, etc.
Qui peut pratiquer ?
• Dans un rapport publié en 2013 (3), l’Académie nationale de médecine reconnaît l’hypnose comme une thérapie complémentaire à la médecine conventionnelle, au même titre que l’acupuncture, l’ostéopathie et le tai-chi.
• Toutefois, la profession d’hypnothérapeute n’est pas reconnue par l’État et la pratique de l’hypnose n’est pas réglementée en France, même s’il existe différentes formations ouvertes à tous. En revanche, le DU d’hypnose médicale pour pratiquer l’hypnosédation, réservé aux médecins, chirurgiens-dentistes et sages-femmes, est reconnu.
• Pour éviter les dérives dues à l’absence de réglementation, le Syndicat national des hypnothérapeutes tient à jour un annuaire des professionnels reconnus sur https://snhypnose.fr.
Quelles contre-indications ?
Il n’y a pas de contre-indications à la pratique de l’hypnose chez l’adulte ou chez l’enfant. Elle est déconseillée aux personnes atteintes de troubles psychotiques graves comme la schizophrénie.
(1) Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose, Inserm, juin 2015.
(2) Prise en charge médicamenteuse de la polyarthrite rhumatoïde, Haute autorité de santé, 2007 ; Prise en charge de la douleur chez l’enfant, HAS, 2016 ; Recommandations accouchement normal, HAS, 2017.
(3) Thérapies complémentaires – acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi – leur place parmi les ressources de soins, Daniel Bontoux, Daniel Couturier, Charles-Joël Menkès, Académie de médecine, mars 2013.
Dico+
→ PET scan ou tomographie par émission de positrons : examen d’imagerie associant l’injection d’un produit radioactif et la visualisation des organes par scanner.
→ Transe : terme désignant l’état de conscience modifié. La profondeur de la « transe » obtenue n’a pas d’impact sur l’efficacité de la séance.
Un peu d’histoire…
Milton Erickson, psychiatre américain (1901-1980), s’intéresse à l’hypnose, mais ne se retrouve pas dans les principes rigides de l’époque. Au travers de recherches et d’expériences, qu’il s’applique à lui-même pour soulager des douleurs dues à une poliomyélite, il développe une approche facilitant le « lâcher prise » pour entrer en hypnose. Selon son hypothèse, l’hypnose est un état physiologique banal, que tout le monde expérimente quotidiennement lors de moments de rêverie ou de concentration extrême pendant une lecture. C’est « un état d’attention et de réceptivité intenses avec une augmentation significative des réactions positives à une idée ou à un groupe d’idées ». Il estime que pour atteindre cet état, il ne faut pas ordonner, mais suggérer de manière indirecte pour donner une place active au patient.
Une séance d’hypnose ericksonienne
→ L’hypnothérapeute parle à la personne de cette époque où, en classe, elle devait apprendre à lire : « Pouvez-vous vous rappeler de ce tableau noir au milieu du mur dans votre classe ? Et vous vous demandiez comment distinguer les lettres du fond, et cela vous paraissait bien difficile de différencier le « i » et le « j », et plus encore le « o » et le « q »… Tout cela vous paraissait bien difficile et pourtant vous avez su apprendre à vous servir de ces lettres, puis des mots, et vous avez ainsi, d’année en année, rencontré différentes choses difficiles à apprendre et pourtant vous avez progressé, et vous pouvez laisser votre esprit aller là où il aimerait être aujourd’hui. » Dans ce passé, la personne avait su apprendre. Cette induction, qui repose sur la croyance que les mêmes effets suivent les mêmes causes, sous-entend qu’elle a toujours en elle ces ressources pour apprendre de nouveaux comportements. L’investissement dans l’imaginaire, qui permet ce passage, est un engagement à aller à la rencontre des aptitudes qui l’aideront à poursuivre dans ce sens.
Source : www.hypnose.fr
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