Hydroxychloroquine dans Covid-19 : ce n’est peut-être pas fini

© covid-19, hydroxychloroquine, The Lancet, essais cliniques - Matthieu Vandendriessche

Hydroxychloroquine dans Covid-19 : ce n’est peut-être pas fini

Publié le 3 juin 2020
Par Anne-Hélène Collin
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Et si l’étude publiée le 22 mai dans The Lancet, qui a conduit l’OMS et la France à stopper l’inclusion de nouveaux patients dans les essais cliniques incluant l’hydroxychloroquine était, elle aussi, bancale ?

Déjà, le 30 mai, The Lancet publiait dans son department of error (« département d’erreur ») un premier rectificatif, pour répondre à certaines incohérences pointées par de nombreux observateurs (un taux de mortalité lié à l’hydroxychloroquine plus élevé que les études précédentes, un hôpital asiatique injustement attribué à l’Australie, des tableaux de données erronés…). Mais qui, selon la revue, ne changeaient pas les conclusions de l’article.

Fait plus rare, ce 3 juin, The Lancet publie une mise en garde (expression of concern) sur ladite étude « pour alerter les lecteurs sur le fait que de sérieuses questions scientifiques ont été portées à notre attention », et expliquer « qu’un audit indépendant de la provenance et de la validité des données (a) été commandé par les auteurs non affiliés à Surgisphere (société qui a collecté les données de l’article, NdlR) et (est) en cours, avec des résultats attendus très prochainement ». The Lancet s’engage à mettre à jour son avis. Un retrait de l’article n’est pas exclu. 

De quoi relancer les discussions autour de la médiatique hydroxychloroquine, qui n’a toujours pas démontré son efficacité ou inefficacité dans le Covid-19 par un essai thérapeutique robuste, mais dont le risque cardiaque et un lien avec un excès de mortalité sont souvent pointés (voir ici et ici). Mais quelles preuves apporter ? Les inclusions de nouveaux patients dans les essais cliniques ont été suspendus. Et quand bien même ils reprennent, ils peinaient déjà à donner des résultats, par « manque de coordination, de concertation et de coopération (…) au niveau national, européen et international », comme le faisaient remarquer les Académies de médecine, de pharmacie et des sciences dans leur communiqué commun du 29 mai. Un manque « qui est en partie responsable d’essais multiples, redondants, avec de petits effectifs, qui risquent d’être non concluants », regrettaient les trois Académies.

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Dans cette bataille autour de l’hydroxychloroquine, c’est la science la grande perdante.