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Eliquis
Parmi les inhibiteurs directs du facteur Xa, l’apixaban (Eliquis) s’ajoute au rivaroxaban (Xarelto). Cette classe d’antithrombotiques administrés per os complète l’arsenal thérapeutique de la prévention primaire des événements thromboemboliques comprenant déjà le dabigatran (Pradaxa), les héparines non fractionnées, celles de bas poids moléculaire et le fondaparinux.
Indication
Eliquis est indiqué chez l’adulte en prévention des événements thromboemboliques veineux à la suite d’une chirurgie programmée pour une pose de prothèse totale de hanche ou de genou.
Mode d’action
L’apixaban est un inhibiteur puissant, réversible, direct et hautement sélectif du facteur Xa ne nécessitant pas d’antithrombine III pour être efficace. Il inhibe le facteur Xa libre et lié au caillot ainsi que l’activité de la prothrombinase, et prévient ainsi la formation de thrombine et le développement du thrombus. Il s’agit d’un blocage indirect de l’agrégation plaquettaire.
Posologies
La dose préconisée est de un comprimé à 2,5 mg deux fois par jour. La première prise doit avoir lieu 12 à 24 heures après l’intervention chirurgicale.
La durée de traitement recommandée est de 32 à 38 jours en cas de chirurgie pour prothèse totale de hanche et de 10 à 14 jours en cas de chirurgie pour prothèse totale de genou.
Le relais entre un anticoagulant par voie parentérale et l’apixaban (ou vice versa) s’effectue à l’heure prévue de la dose suivante.
Contre-indications
L’apixaban ne doit pas être administré en cas de saignement évolutif cliniquement significatif ou d’atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement.
Grossesse et allaitement
En l’absence de données chez l’humain, l’utilisation de l’apixaban n’est pas recommandée pendant la grossesse. Pour la même raison, un risque ne peut être exclu pour le nourrisson au cours de l’allaitement si la mère est traitée par Eliquis. Un choix doit donc être fait entre l’allaitement et le traitement.
Effets indésirables
Les effets indésirables les plus fréquemment observés sous Eliquis sont des nausées, des anémies, des hémorragies et des contusions. Ces manifestations sont à interpréter en tenant compte du contexte chirurgical.
Interactions médicamenteuses
• L’association avec un puissant inhibiteur du CYP3A4 ou de la glycoprotéine P (tel qu’un antifongique azolé) n’est pas recommandée.
• L’association d’Eliquis avec un AINS ou un puissant inducteur du cytochrome CYP3A4 et de la glycoprotéine P requiert la prudence.
• Une attention particulière est nécessaire lors de la prise concomitante d’apixaban et d’un autre anticoagulant ou de tout médicament susceptible d’induire des saignements sévères (héparines non fractionnées, fondaparinux, clopidogrel, dipyridamole, antivitamine K…).
FICHE TECHNIQUE
Apixaban 2,5 mg pour un comprimé pelliculé jaune, rond.
Liste I, remb. SS à 65 %.
→ Boîte de 10 comprimés, AMM : 419 454.4, 32,30 €.
→ Boîte de 20 comprimés, AMM : 419 455.0, 60,30 €.
→ Boîte de 60 comprimés, AMM : 419 456.7, 172,28 €.
Bristol-Myers Squibb 01 58 83 60 00
THROMBOEMBOLIES VEINEUSES POSTOPÉRATOIRES
→ Qu’est-ce que c’est ?
Les thromboembolies veineuses postopératoires constituent une complication fréquente chez les patients opérés pour la pose d’une prothèse de hanche ou de genou. Il s’agit de la formation d’un caillot de sang au niveau d’une veine (thrombose veineuse) qui, s’il se détache, peut migrer en direction de l’artère pulmonaire et provoquer une embolie.
→ Quels sont les symptômes ?
• Les douleurs ne sont pas constantes. Elles varient d’une simple pesanteur à une douleur aiguë. Elles sont généralement associées à un œdème dur et localisé, à une augmentation de la chaleur cutanée, à une rougeur induite par la dilatation veineuse superficielle et parfois à un cordon veineux dur et douloureux. Une hyperthermie modérée (38 °C) peut être observée.
• L’embolie pulmonaire peut se manifester par une douleur en coup de poignard, une dyspnée, une toux, une hémoptysie (rejet de sang par la bouche en provenance des voies aériennes), un malaise syncopal, une tachycardie (> 100 battements/min) ou une hyperthermie (> 38,5 °C).
→ Quels sont les facteurs de risque ?
Trois phénomènes sont impliqués dans la formation d’un thrombus : une stase veineuse, une altération de la paroi vasculaire et une hypercoagulabilité.
Outre la chirurgie orthopédique de la hanche et du genou, de nombreux facteurs de risque peuvent favoriser ces phénomènes : immobilisation, âge > 40 ans, toute chirurgie, cancer et ses traitements, fractures, antécédents thromboemboliques, syndrome des antiphospholipides (maladie auto-immune caractérisée par la formation récurrente de caillots sanguins), insuffisance cardiaque ou respiratoire, accident vasculaire cérébral, anomalies de la coagulation, cathéter veineux central, grossesse et post-partum, contraception œstroprogestative, obésité (IMC > 30), voyages prolongés (> 6 heures)…
Sylviane Le Craz
L’AVIS DE LA HAS
• Service médical rendu important.
• Amélioration du service médical rendu mineure par rapport à l’énoxaparine (ASMR IV).
• En 2010, 200560 patients ont subi la pose d’une prothèse de hanche ou de genou. La population cible d’Eliquis est inférieure à ce chiffre puisque les patients soumis à cette chirurgie ne sont pas tous éligibles au traitement par apixaban.
Dites-le au patient
En cas d’oubli d’une prise, prendre immédiatement le comprimé oublié et poursuivre le traitement avec 2 prises par jour comme d’accoutumée.
L’AVIS DU PHARMACOLOGUE Denis Richard, hôpital Laborit (Poitiers)
Apixaban : un bénéfice par rapport à l’énoxaparine
Le bénéfice apporté par l’apixaban (2,5 mg x 2/j) a été évalué par 2 études cliniques de non-infériorité, en double aveugle versus une héparine de bas poids moléculaire, l’énoxaparine (Lovenox 40 mg/j) chez des patients ayant subi la pose d’une prothèse du genou (traitement sur 10 à 14 jours) ou de hanche (traitement sur 32 à 38 jours). Ces études (ADVANCE 2 et 3) sont en faveur de l’apixaban, avec un bénéfice clinique qui reste modeste, portant essentiellement sur la survenue d’événements thromboemboliques asymptomatiques. Le risque hémorragique n’a pas différé entre l’apixaban et l’énoxaparine. Toutefois, la HAS souligne que le critère principal de jugement retenu dans ces études n’est pas le plus pertinent cliniquement puisqu’il combine des événements de gravité différente et qu’il ne permet pas d’évaluer la taille du bénéfice clinique.
L’apixaban n’apparaît pas inférieur au dabigatran (Pradaxa) ou au rivaroxaban (Xarelto) dans une analyse comparative indirecte de bonne qualité méthodologique, portant sur 13 essais. Elle suggère que l’apixaban et le dabigatran (220 mg) ont une efficacité similaire après pose d’une prothèse totale de hanche ou de genou (en termes d’événements thromboemboliques veineux et de décès) ;
le rivaroxaban pourrait être plus efficace que l’apixaban mais avec un surrisque hémorragique. Au total, l’apixaban constitue une alternative à l’énoxaparine : il offre une supériorité d’efficacité modeste sur cette héparine sans surrisque hémorragique et bénéficie d’un index thérapeutique du même ordre que celui du dabigatran ou du rivaroxaban.
L’Agence européenne du médicament souhaite que soient réalisées des études de suivi dans l’indication actuelle et en dehors de son périmètre.
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