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EFFET PLACEBO : La vérité si je soigne !

Publié le 5 avril 2003
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Conçu par le Dr Aulas, psychiatre et pharmacologue, Lobepac est un placebo qui n’hésite pas à affirmer ce qu’il est : sans aucune propriété pharmacologique. Provocant !

Conseiller un placebo en expliquant clairement que la solution ne contient aucune substance pharmacoactive, est-ce efficace ? Oui, répond Jean-Jacques Aulas, psychiatre et pharmacologue lyonnais, concepteur d’un « élixir psychoactif » (EPA) contenant une solution hydroalcoolique à 25 %, du glycérol et… un colorant. Ce nouveau produit répond au nom de Lobepac, anagramme de placebo.

Les propriétés revendiquées par Lobepac sont différentes en fonction de la couleur de la solution. Le Lobepac Fort (l’adjectif renforcerait l’efficacité !) bleu est recommandé pour son effet sédatif, décontracturant, anxiolytique et hypnotique. Le rouge est conseillé pour son action tonifiante, psychostimulante et antidépressive.

Jean-Jacques Aulas, bien que provocateur, est très sérieux : « Ce n’est pas un canular. Même si l’expérience m’amuse beaucoup. Je veux prouver que l’effet placebo existe, même s’il est avoué et qu’il n’est pas nécessaire de mentir aux gens, comme le fait l’homéopathie pour obtenir une action sur des troubles fonctionnels. » Car notre homme est un fervent opposant à la thérapeutique de Hahnemann.

Un livre témoignage.

Pour expliquer son concept de « potentialisation de l’effet placebo » et décrire son parcours semé d’embûches, Jean-Jacques Aulas a écrit Placebo : chronique d’une mise sur le marché*. Une première partie, « Journal de bord », narre les déboires qu’il a rencontrés pour créer la société qui commercialiserait son produit.

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La seconde partie de l’ouvrage fait une revue des études sur l’effet placebo, dont la fameuse méthode d’Emile Coué, pharmacien de son état, dont un des postulats était : « Une pensée, bonne ou mauvaise, que nous avons en tête, est pour nous la réalité et a tendance à se réaliser. » Suit la publication par Jean-Jacques Aulas d’une étude dans la revue L’Encéphale, intitulée « Effets de la prescription d’un placebo annoncé », montrant que plus de la moitié des patients (18 sur 34) étaient améliorés après une semaine de traitement par l’EPA, bien que le médecin leur ait proposé ce remède en expliquant : « Les troubles pour lesquels vous venez consulter sont bénins et guérissent tout seuls. Il est néanmoins possible qu’un produit dépourvu de toute action pharmacologique puisse vous aider en augmentant les potentialités d’autoguérison de votre organisme par des mécanismes psychologiques en grande partie inconnus. » 16 des 18 patients améliorés étaient certains de l’aide apportée par le traitement.

Fort de cette étude et d’une bibliographie impressionnante sur les vertus du placebo, Jean-Jacques Aulas a été au bout de sa démarche en accompagnant la commercialisation de Lobepac Fort – au statut de complément alimentaire – sur le conditionnement desquels on peut lire : « Pour augmenter les effets de l’élixir, il est souhaitable, lors de son absorption, de se concentrer sur les bienfaits attendus. » Vos patients « légèrement anxieux ou se plaignant de fatigue liée à du surmenage » attendent vos arguments pour acheter Lobepac…

* Editions Science infuse, 223 pages, 15 euros, sortie le 18 avril.