- Accueil ›
- Thérapeutique ›
- Médicaments ›
- Recherche et innovation ›
- Cancer, soins et confort de vie
Cancer, soins et confort de vie
Pour aider à la prise en charge des effets indésirables du cancer et de ses traitements sur les patients, de plus en plus de pharmaciens misent sur les « soins de support ». C’est le cas d’Isidore Rubinstein, titulaire à Strasbourg.
Très investi dans l’homéopathie depuis plusieurs années, Isidore Rubinstein s’intéresse depuis longtemps à ce que peuvent apporter les méthodes de soins « complémentaires » pour améliorer le confort de vie des patients cancéreux. « Il ne faut surtout pas imaginer que ce type de soins de support puisse remplacer les traitements mis en place. Ils sont là pour améliorer le confort de vie et le ressenti des patients », précise le titulaire. Ces soins complémentaires des traitements (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie…) sont déterminants en termes de qualité de vie.
« La cancérologie, c’est trois paradoxes, poursuit Isidore Rubinstein. Le premier est que des gens en pleine forme ou avec des symptômes généralement peu inquiétants se retrouvent du jour au lendemain, après un dépistage, confrontés à une grave maladie. C’est angoissant et très violent. Le deuxième paradoxe est qu’on ne peut pas annoncer un pronostic à nos patients. Il n’y a pas ou peu de signe clinique et pas de soulagement clinique rapide, contrairement à un mal de dents par exemple. Donc le patient est doublement frustré et son angoisse augmente, avec par exemple des recherches sur Internet. Le troisième paradoxe, c’est l’absence du pharmacien d’officine, qui a une mission différente du pharmacien hospitalier. La plupart des traitements anticancéreux sont initiés en milieu hospitalier, l’officine, dans sa mission originelle, se trouve de fait un peu mise de côté. »
Face à cette situation, Isidore Rubinstein et son équipe ont décidé de tout faire pour « aider au mieux le patient à supporter les traitements et lui permettre d’avoir la meilleure qualité de vie possible, sans se substituer évidemment aux traitements en cours ». Pour ce faire, le pharmacien mise sur les « soins de support », des soins basés sur tout ce qu’on appelle les « médecines non conventionnelles » (homéopathie, phytothérapie, diététique, acupuncture, aromathérapie…).
Aider les patients à supporter les effets secondaires
Les chimiothérapies anticancéreuses ont effectivement d’importants effets secondaires. « Pour le foie, c’est comme si on mangeait d’un coup dix plaques de chocolat, explique le titulaire. Le foie et les reins en prennent un coup. Et les symptômes se multiplient : fatigue, nausées, vomissements… Le pharmacien peut aider à soigner ces effets secondaires. A l’hôpital, les médecins traitent d’abord la maladie. Nous essayons de traiter le malade. Nous avons mené des réflexions avec des médecins et des pharmaciens sur l’univers homéopathique en nous demandant comment aider à traiter des symptômes handicapants comme le fourmillement au bout des doigts, les diarrhées, la fatigue, la sécheresse buccale… Il est important de travailler avec des professionnels qui ont validé leurs compétences », souligne le pharmacien. Isidore Rubinstein fait d’ailleurs partie de l’équipe universitaire du Pr Annelise Lobstein, au sein de laquelle il dirige des thèses et des enseignements. « A l’hôpital on gère la maladie, à l’officine on gère le malade avec ses angoisses, ses problèmes », souligne Annelise Lobstein. Pour elle, le rôle du pharmacien est aussi celui d’un « pont tendu entre l’équipe médicale de l’hôpital et le patient avec ses interrogations ».
Un espace entièrement dévolu aux soins de support
A la Pharmacie du Pont de l’Europe, le patient peut trouver un espace spécifique avec un affichage clair, une documentation fournie et la possibilité de questionner un pharmacien sur les soins de support. Chacun des membres de l’équipe a été formé. En outre, Isidore Rubinstein a embauché deux étudiants en pharmacie qui ont réalisé des thèses sur le sujet. Anne-Claire Frey a ainsi travaillé sur les « soins de support en radiothérapie anticancéreuse » et Laurent Simon sur la « place des médecines complémentaires et alternatives dans la qualité de vie des patients suivis en oncologie ». Cette thèse, présidée par Alain Beretz, professeur de pharmacologie devenu président de l’université de Strasbourg, a fait l’objet d’une publication dans le Bulletin du cancer. « Certains viennent parce qu’ils ont entendu parler de nous, d’autres sont envoyés par leur médecin », précise Anne-Claire Frey. Isidore Rubinstein et son équipe essaient de proposer une prise en charge globale. Après avoir écouté le patient, ils l’orientent éventuellement vers un kinésithérapeute par exemple. Leur but est d’apporter une aide adaptée à chaque patient. De la documentation peut même être proposée. Cela peut toucher des domaines très variés comme la lingerie, les conseils capillaires ou l’esthétique.
En mars 2010, le pharmacien a été recompensé pour la qualité du conseil, notamment en ce qui concerne les soins de support pour les cancéreux. C’était lors de la 1re édition du Trophée des enseignes organisé par Pharmacien Manager « Ce que nous voulons proposer aussi, poursuit Isidore Rubinstein, c’est un suivi, qu’il s’agisse de la douleur, du poids ou de n’importe qu’elle autre plainte du patient, et ce en restant en contact avec le médecin. »
Au sein de son groupement (Univers Pharmacie) Isidore Rubinstein, avec le concours de ses collaborateurs, propose une formation aux autres officinaux depuis juin 2010. Il devrait également publier prochainement un livre sur les soins de support en cancérologie à l’officine. Isidore Rubinstein aimerait aussi mettre en place un « pôle central » d’information sur les soins de support « qui ne laisse pas de place au charlatanisme ». Le 20 janvier, il interviendra à New York lors des premières Journées pharmaceutiques franco-américaines sur les nouvelles missions du pharmacien.
Envie d’essayer ?
LES AVANTAGES
• Les soins de support permettent au pharmacien de s’inscrire pleinement dans les objectifs des missions de la loi HPST.
• Développer le conseil et l’action de prévention dans le cadre des problématiques de santé publique.
• Développer un secteur d’activités d’officine correspondant à un problème de santé publique.
• Répondre à l’attente des patients.
• Jouer pleinement son rôle dans le réseau de santé publique.
LES DIFFICULTÉS
• Il faut trouver du temps pour se former et actualiser ses connaissances dans un domaine en pleine évolution.
• Maintenir l’espace de soins de support avec une documentation actualisée de manière à ce que tous les outils soient toujours disponibles.
• Savoir s’adapter à chaque patient.
LES CONSEILS
• Savoir mobiliser son équipe.
• Savoir s’adapter.
• Acquérir des compétences en matière de soins de support en commençant par s’appuyer sur sa propre expertise. Par exemple, un pharmacien spécialisé en phytothérapie travaillera d’abord sur la manière dont la phytothérapie peut participer aux soins de support. De même en aromathérapie, esthétique, diététique…
- Miorel et génériques : contraception obligatoire pour tous
- Quétiapine : vers la dispensation à l’unité et des préparations magistrales
- Médicaments à base de pseudoéphédrine : un document obligatoire à remettre aux patients
- 3 000 patients bénéficieront de Wegovy gratuitement
- Ryeqo : traitement de l’endométriose en 5 points clés