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ALLERGIE : Les nouvelles pistes de désensibilisation

Publié le 22 février 2003
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Le Dr Bernard David, professeur honoraire à l’institut Pasteur, est président de l’Association pour la recherche sur les maladies allergiques (ARMA).

Pourquoi le clonage d’allergènes est-il d’actualité ?

Nous nous orientons progressivement vers une désensibilisation à la carte, de plus en plus ciblée. Ainsi pour une espèce donnée, les chercheurs essaient de déterminer le nombre d’allergènes susceptibles de déclencher une réaction allergique. Par exemple, cinq à six allergènes peuvent être retrouvés dans l’allergie aux acariens. A terme, le but est de désensibiliser uniquement avec l’allergène responsable. Encore faut-il le connaître. L’objectif actuel consiste donc à reproduire des allergènes recombinés et à les répertorier dans une banque de données. Près de 200 allergènes ont déjà été clonés. En atténuant leur réactivité tout en conservant leur pouvoir immunogène, on peut entrevoir la réalisation de vaccins. Ce type d’immunisation a déjà été réalisé chez les animaux avec des résultats satisfaisants.

Existe-t-il d’autres perspectives ?

Une seconde voie d’immunothérapie consiste à isoler un gène codant pour une molécule allergénique et à l’introduire dans un vecteur permettant la reproduction de la protéine correspondante. Le vecteur choisi est un plasmide, c’est à dire un segment d’ADN en provenance d’une bactérie. Des essais cliniques de ce type avec des pollens d’Ambrosia sont en cours aux Etats-Unis et s’annoncent encourageants.

Autre perspective : couper l’allergène en morceaux ou plus exactement le segmenter en différents peptides, puis réaliser par synthèse une carte séquentielle en ne conservant que les peptides chargés de stimuler les cellules. Cette sélection de peptides est ensuite mélangée à des substances adjuvantes augmentant l’immunité. Une telle méthode de désensibilisation a déjà été réalisée avec les allergènes du chat, le pollen de bouleau et le venin d’abeille. Mais le succès n’est pas toujours garanti.

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Il ne faut de toute façon pas s’attendre à une désensibilisation par génie génétique avant une dizaine d’années. Le problème de l’allergie est d’autant difficile à maîtriser qu’il existe souvent une polysensibilisation.