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Un soin pharmaceutique à prescrire
Prescrip’Onco. L’URPS pharmaciens de PACA souhaite accélérer la pratique des entretiens pharmaceutiques en oncologie. Le projet Prescrip’Onco, expérimenté dans le Vaucluse, vise à peaufiner l’organisation des équipes officinales dans le parcours de soins du patient.
Prescrip’Onco, c’est quoi ?
C’est un projet de pharmacie clinique visant à soutenir le déploiement des entretiens pharmaceutiques en oncologie. Il va d’abord être expérimenté dans le Vaucluse, notamment en raison de la présence de pharmaciens experts en pharmacie clinique dans ce département, et de la volonté du Dr Borhane Slama, chef de pôle de cancérologie publique du Vaucluse et praticien hospitalier à Avignon (84), de développer l’engagement des pharmaciens dans le suivi des patients sous chimiothérapie orale.
Qui est à l’origine du projet ?
Le Dr Bhorane Slama, avec des pharmaciens impliqués vauclusiens, Stéphanie Stager, Cécile Bourrier, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), avec l’appui de la Société française de pharmacie clinique (SFPC) et de l’OMéDIT PACA-Corse
Quelle en est la genèse ?
Depuis 2016, l’URPS pharmaciens PACA, avec le Pr Honoré et le Dr Corréard, pharmaciens à l’hôpital de la Timone, à Marseille (13), nous avons déployé la pharmacie clinique dans la région. Nous avons proposé le premier diplôme d’études supérieures universitaires (Desu) de pharmacie clinique hôpital-ville, ainsi que le projet Pharm’Observance PACA, qui regroupe les différentes étapes du modèle de pharmacie clinique publié par la SFPC en 2016. L’idée est de développer ce modèle dans plusieurs domaines, dont l’oncologie.
La pharmacie clinique, c’est quoi ?
En 2016, la SFPC a rénové la définition de la pharmacie clinique en la présentant comme « une discipline de santé centrée sur le patient, dont l’exercice a pour objectif d’optimiser la prise en charge thérapeutique, à chaque étape du parcours de soins. […] Le pharmacien exerce, en collaboration avec les autres professionnels impliqués, le patient et ses aidants. » La SFPC a proposé un modèle de pratique avec trois types de prestations ou étapes : la dispensation, le bilan de médication, soit tout ce que prend le patient (médicaments, phyto, etc.), couplé à l’analyse, c’est-à-dire l’expertise pharmaceutique, et le plan pharmaceutique personnalisé.
Les pharmaciens arrivent-ils à suivre cette démarche ?
En fait, en 2020, j’ai mandaté la Junior phocéenne du médicament (JPM), junior entreprise de la faculté de pharmacie de Marseille, afin d’interroger les pharmaciens qui suivaient le Desu, pour connaître leurs freins à pratiquer le plan pharmaceutique personnalisé et le bilan de médication. Les principaux freins exprimés sont le manque de compréhension des patients et des médecins sur l’utilité des entretiens, et la perte de temps pour les pharmaciens à expliquer la démarche.
Cette étude, l’engagement des praticiens vauclusiens, dont celui de Françoise de Crozals, pharmacienne à l’Institut de cancérologie Sainte-Catherine à Avignon, très engagée dans les entretiens oncologiques, et l’avenant 21 (voir encadré) ont fait germer Prescrip’Onco. C’est un projet hôpital-ville et non ville-hôpital parce que le point de départ pour le patient en oncologie est l’établissement de santé.
Quels en sont les points clés ?
L’un des points clés est la volonté d’inscrire l’entretien oncologique dans le parcours de soins du patient. Et comment inscrit-on quelque chose dans un tel parcours ? On le prescrit ! L’idée est de dire aux médecins oncologues : « Vous prescrivez le traitement et le soin pharmaceutique qui va avec », comme lorsqu’ils prescrivent, pour une chirurgie, un antibiotique et le pansement qui l’accompagne. Plus largement, l’idée est que le pharmacien hospitalier, l’infirmière, le kiné… prescrivent cette consultation pharmaceutique et que tous soient informés de l’apport de ce soin pharmaceutique aux patients.
Prescrip’Onco est une sorte de pilote qui nous permettra de voir ce qui fonctionne avant de le déployer dans les autres départements. Nous partons dans une aventure d’identification des freins et des leviers.
Avez-vous déposé le projet ?
Le projet est inscrit dans la stratégie décennale de lutte contre les cancers en janvier 2022. En fait, nous avons présenté trois projets pharmaciens à l’Agence régionale de santé (ARS) en leur expliquant que nous, pharmaciens, nous inscrivions dans cette stratégie décennale. Prescrip’Onco s’inclut dans le projet « Coordination pharmaceutique hôpital-ville », les deux autres étant le sevrage tabagique et la télé-expertise. L’objectif de l’URPS est de s’assurer que les professionnels de santé qu’elle représente s’incluent et participent au projet régional de santé. Cela permettra aussi de financer un poste de coordinatrice pour Cécile Bourrier.
Prescrip’Onco est-il déjà actif ?
Le projet est déposé mais, en attendant, il faut que les pharmaciens se préparent et commencent à réaliser des entretiens. Une coordination ville-hôpital sans l’entretien pharmaceutique ne servira à rien. Si les pharmaciens n’effectuent pas les entretiens, comme la nature a horreur du vide, d’autres s’en empareront, comme les infirmiers en pratique avancée, les infirmières coordinatrices… Ensuite, il ne faudra pas se plaindre dans vingt ans de s’être fait piquer le lit médicalisé ! Le but est que les équipes pharmaceutiques soient convaincues d’y aller.
Les entretiens en oncologie sont un projet d’équipe ?
Oui et on va tout mettre en œuvre pour « vendre » l’entretien pharmaceutique aux équipes. Il ne faut pas convaincre un pharmacien, il faut convaincre une équipe ! Dire « On va accompagner des patients » donne du sens à un projet. En s’inscrivant dans le parcours de soins du patient, le pharmacien gérera aussi l’après-cancer. Car celui qui reste après le cancer, ce n’est pas l’hospitalier, mais l’équipe officinale qui a traversé la maladie avec le patient… C’est elle qui pourra l’aiguiller, par exemple vers des structures qui l’aideront à se remettre, comme des activités sport et santé…
Pourquoi l’officine est la mieux placée pour l’entretien en oncologie ?
Parce que l’équipe officinale connaît bien les patients. Elle est capable de repérer, et elle est à l’écoute. Le pharmacien hospitalier voit le patient « en spot », ponctuellement. Nous, nous connaissons le patient, sa famille, nous sommes capables de voir que le conjoint est épuisé.
Il est très important que ce soit le pharmacien d’officine, et plus largement l’équipe, qui soit le premier recours accessible et disponible du patient sous chimiothérapie orale. Il faut que l’on sache si le patient adhère à son traitement. Ce n’est pas possible de jouer avec sa santé et avec l’argent aussi, avec des traitements à 40 000 € par an… Il faut quelqu’un à qui parler de son traitement, et qui de mieux que l’équipe officinale ?
En quoi l’entretien est important ?
L’entretien oncologique est un entretien socle. Toutes les dispensations suivantes seront pertinentes parce que la confiance du patient sera acquise. L’entretien complète et structure les connaissances pour le bon suivi du patient.
Les officines ont-elle le temps de mener ces entretiens ?
Quand on dit qu’on n’a pas le temps, c’est que l’on a d’autres priorités. Pour moi, ce n’est pas recevable parce que nous avons fait les tests antigéniques, la vaccination… Il faut démystifier l’entretien en oncologie. C’est juste une manière de bien faire ce qu’on fait.
Comment allez-vous les aider ?
L’URPS pharmaciens PACA a mis en place les moyens. Outre les formations, nous mettons à disposition sur notre site tous les outils pour accompagner les équipes dans leur suivi des patients en oncologie, sans oublier les soirées « Cas cliniques » toutes les six semaines, auxquelles sont évidemment conviés les préparateurs. Avoir un projet de soins pour son officine est bien pour l’équipe. Nous avons fait des études de pharmacie pour soigner des gens.
(1) OMéDIT : l’Observatoire du médicament, des dispositifs médicaux et de l’innovation thérapeutique est chargé d’animer une politique de coordination des bons usages des produits de santé et de bonnes pratiques en termes de qualité, sécurité et d’efficience des soins. L’OMéDIT PACA-Corse est une structure interrégionale d’appui aux professionnels, d’évaluation et d’expertise scientifique et médico-économique.
Felicia Ferrera, docteur en pharmacie, titulaire à Allauch (13), présidente de l’URPS pharmaciens de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Site : urps-pharmaciens-paca.fr
Zoom sur les URPS
Les Unions régionales des professionnels de santé (URPS), association de loi 1901, créées par la loi HPST en 2009, sont les interlocutrices représentatives des professionnels de santé libéraux auprès des Agences régionales de santé (ARS). Elles rassemblent les représentants des professionnels de santé libéraux d’une région : médecins, pharmaciens, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, sagesfemmes, biologistes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes.
Exemples : URPS pharmaciens PACA et URPS médecins libéraux Grand Est.
Les URPS contribuent à l’organisation de l’offre de santé au niveau régional, à l’organisation de l’exercice professionnel, à des actions de prévention, de promotion de la santé, à la mise en œuvre des contrats d’objectifs et de moyens avec les réseaux, centres, pôles et maisons de santé et du DPC, au déploiement des systèmes de communication et d’information partagés.
Les URPS perçoivent une contribution obligatoire des professionnels.
L’avenant 21
Les personnes de plus de 18 ans traitées par un anticancéreux oral bénéficient d’un accompagnement par les pharmaciens d’officine. Ces derniers ont signé un avenant
(1) avec l’Assurance maladie afin de mettre en place un suivi rémunéré, d’améliorer l’observance et de lutter contre l’iatrogénie.Rémunération des pharmaciens.
→ La première année : 80 € pour un entretien initial et deux entretiens thématiques (vie quotidienne, effets indésirables et observance). Pour les départements d’outre-mer, ce montant est fixé à 84 €.
→ Les années suivantes : 30 € pour deux entretiens thématiques (vie quotidienne, effets indésirables et observance). Pour les départements d’outre-mer : 31,50 €.
(1) Journal officiel du 30 septembre 2020.
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