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Un changement en douceur
Explications au comptoir, vigilance accrue sur les molécules lors de la délivrance, coup de pouce à la substitution… L’obligation de prescrire en DCI gagne l’officine.
Depuis le 1er janvier, tous les prescripteurs sont tenus de rédiger leurs ordonnances en dénomination commune internationale. Mais tous n’ont pas encore modifié leurs pratiques, loin de là. « Ceux qui n’ont pas de logiciel de prescription continuent à rédiger leurs ordonnances à la main et en princeps ! Ils n’ont pas radicalement changé depuis janvier », constate une pharmacienne de Périgueux (Dordogne). Une enquête réalisée par Vidal auprès de 400 officines montre néanmoins qu’entre juin 2014 et février 2015, la part des ordonnances en dénomination commune internationale (DCI) seule ou DCI et nom de marque est passée de 35 à 48 %.
Beaucoup moins réticents à la DCI que le corps médical, les pharmaciens témoignent tout de même de difficultés rencontrées lors de la délivrance, ponctuellement pour 57 % d’entre eux et fréquemment pour 3 %. « Les médecins n’ont généralement pas expliqué à leurs patients que leur ordonnance passait de princeps en DCI. C’est à nous, au comptoir, de bien prendre le temps de l’expliquer à la personne et d’écrire le nom du princeps sur chaque boîte », raconte Nicolas Roma, titulaire à Soorts-Hossegor (Landes).
Plusieurs situations méritent une vigilance accrue. Les associations fixes antihypertensives imposent de veiller à délivrer la bonne association de principes actifs mais aussi le bon dosage de chacun. Certaines DCI existent également sous plusieurs formes d’administration, pas toujours précisées par les prescripteurs. Enfin certaines formulations complexes associant 3 principes actifs sont rarement connues en DCI, même par les pharmaciens. Dans l’enquête de Vidal, 1 sur 2 déclare avoir dû appeler le prescripteur pour lui demander des précisions sur une ordonnance en DCI.
Les logiciels ne sont pas sans failles
Une étude publiée par pharmacorama.com a décortiqué les risques d’erreurs liés aux logiciels d’aide à la prescription et à la délivrance. Il apparaît que la prescription en DCI introduit des risques spécifiques que les auteurs illustrent par cet exemple : le médecin sélectionne, pour un enfant de 30 kg, la spécialité AdvilMed 20 mg/ml solution buvable dosée à 7,5 mg d’ibuprofène par kg/graduation. Puis il choisit la posologie de 30 kg/graduation, 4 fois par jour, soit au total 900 mg d’ibuprofène/jour. Son logiciel traduit le libellé Advil en DCI et la prescription devient : Ibuprofène 20 mg/ml solution buvable avec la posologie choisie. A la lecture de l’ordonnance, le pharmacien délivre Nurofenpro 20 mg/ml solution buvable, dosée à 10 mg d’ibuprofène par kg/graduation. Avec la posologie choisie par le médecin, la dose totale journalière est alors de 1 200 mg d’ibuprofène, et le surdosage est réel. « Le pharmacien aurait pu constater le problème, Nurofenpro étant limité à 3 prises par jour, mais la seule solution sécurisée est que l’ANSM révise les libellés pour que le dosage des spécialités soit directement exprimé ou complété par la teneur en unité de prise administrable », préviennent les auteurs.
La juxtaposition de la DCI et du nom de marque pourrait être la solution la plus sécurisée et la plus simple pour le patient. Mais elle nuit à la substitution puisque le nom prescrit par le médecin reste un frein important. « En revanche, quand l’ordonnance ne mentionne que la DCI, nous sommes en synergie avec le médecin et non plus en opposition, témoigne Nicolas Roma. Nous parlons – d’une seule voix – d’une même molécule. »
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