Rétro 2024 : des pénuries récurrentes de médicaments

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Rétro 2024 : des pénuries récurrentes de médicaments

Publié le 23 décembre 2024
Par Elisabeth Duverney-Prêt
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Une nouvelle fois, les pénuries de médicaments se sont multipliées en 2024 : vitamine B12, traitements pour l’asthme, pour le VIH, antibiotiques, anticancéreux… Les raisons sont multifactorielles, mais l’État espère pouvoir agir. De nombreuses mesures ont été annoncées cette année pour mieux anticiper et gérer les ruptures.

Que s’est-il passé ?

Les chiffres de 2024 n’ont pas encore été publiés, mais les alertes de ruptures ont encore été particulièrement nombreuses. En 2023, on dénombrait 4 925 médicaments en tension ou en rupture, contre 3 761 l’année précédente. En quelques années, les pénuries de médicaments sont devenues un problème majeur et récurrent de santé publique, surtout lorsqu’elles concernent des médicaments dits « anciens », dont les brevets sont tombés depuis plusieurs années dans le domaine public, au premier rang desquels on retrouve des antibiotiques et des anticancéreux.

Les causes de ces ruptures sont pour le moins complexes et multifactorielles, mais la principale relève de facteurs économiques. Le Comité économique des produits de santé (CEPS) renégocie régulièrement les prix à la baisse des médicaments dits « anciens » afin de conserver suffisamment de budget pour l’arrivée sur le marché de thérapeutiques innovantes, mais très coûteuses. De nombreux industriels ont fait part de leur désintérêt à produire des médicaments désormais non rentables, bien que certains d’entre eux soient considérés comme des « médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ». D’autres ont décidé de délocaliser leur production à l’étranger. Le poids des normes réglementaires sur les industriels du médicament, qui a connu une croissance continue au cours des dernières années, contribue également au problème. Les contraintes qui en découlent seraient responsables de 10 % des ruptures. Face à ce constat alarmant, les pouvoirs publics tentent de mettre en place des mesures qui, sans agir directement sur les causes des pénuries, permettent d’en limiter les conséquences.

Le chiffre 

12 : C’est le nombre d’heures hebdomadaires que consacre chaque pharmacien à chercher des solutions pour pallier les pénuries.

Dates clés

  • 21 février : le ministre délégué à la Santé présente la feuille de route 2024-2027 de lutte contre les pénuries de médicaments, notamment pour un catalogue de 450 médicaments dits « essentiels ». Elle prévoit, entre autres, l’obligation pour les industriels de constituer des stocks de sécurité de leurs produits pour le marché national et l’interdiction des exportations pour les grossistes-répartiteurs.
  • 24 septembre : l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) prononce des sanctions financières à l’encontre de plusieurs laboratoires pharmaceutiques qui n’ont pas respecté leur obligation de constituer suffisamment de stocks. Le montant de ces sanctions historiques s’élève à 8 millions d’euros.
  • 9 octobre : lancement du plan hivernal de l’ANSM visant à anticiper, suivre et gérer les éventuelles pénuries touchant des médicaments majeurs de l’hiver.
  • 10 octobre : le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 est présenté en Conseil des ministres. Il introduit plusieurs dispositions pour renforcer la disponibilité des médicaments.

Ça change quoi pour les pharmaciens ?

La feuille de route et le PLFSS prévoient pour les pharmaciens :

– le recours à l’ordonnance de dispensation conditionnelle ou à la dispensation à l’unité (DAU), non seulement en cas de rupture d’approvisionnement, mais également en cas de risque de rupture ;

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– la possibilité de substituer un médicament d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) en rupture ou en cas de risque de rupture, sur recommandation de l’ANSM ;

– la possibilité d’exécuter des préparations magistrales.

Les trois mesures phares du plan hivernal

  • La liste des molécules « sentinelles » évolue. Cette liste comprend 13 molécules, principalement sous forme de médicaments pédiatriques.
  • Pendant l’épidémie de coqueluche, l’approvisionnement est opéré par les grossistes. Pour assurer une répartition équitable de la clarithromycine sur l’ensemble du réseau officinal, l’ANSM demande aux laboratoires concernés de privilégier l’approvisionnement des pharmacies par les grossistes-répartiteurs.
  • Des indicateurs de pilotage publiés chaque semaine. L’ANSM publiera chaque semaine les données d’approvisionnement des médicaments essentiels.